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Australie

En Australie, la découverte d'un crâne remet en cause l'histoire de la colonisation par les Européens

En Australie, la découverte d'un crâne remet en cause l'histoire de la colonisation par les Européens. La police s'attendait à ce que les analyses identifient la victime d'un meurtre sordide. Mais la datation au carbone 14 a donné des résultats déroutants. L'enquête de police tourne désormais au polar historique.

Un crâne humain.
Un crâne humain. ballyscanlon/ Getty Images
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De notre correspondante à Melbourne

Un crâne provoque une petite révolution dans le milieu scientifique australien. C'est son âge qui pose question. Taree, c'est ainsi que le crâne a été baptisé, du nom de la ville près de laquelle il a été trouvé, appartiendrait à un homme blanc qui serait né vers 1650, et mort entre 1660 et 1700 selon une forte probabilité, quatre chances sur cinq, selon Stewart Fallon, le directeur du laboratoire de datation au carbone 14 de l'Université nationale australienne. Si les résultats sont confirmés, alors Taree aurait précédé d'un siècle le capitaine Cook, le célèbre explorateur anglais considéré jusqu'à présent comme le premier Européen à avoir posé le pied sur la côte est de l'Australie, en 1770. Taree est-il venu seul, ou y a-t-il eu une micro colonisation précoce de cette partie de l'île-continent, et si oui, dans quelles circonstances ? Autant de questions qui agitent la communauté des historiens, archéologues et anthropologues australiens.

Des résultats différents entre le crâne et les dents

Mais il y a quand même un certain nombre de bémols à ce scénario. D'abord il y a une chance sur cinq que Taree soit né entre 1780 et 1790, et mort entre 1805 et 1810. Donc bien après l'arrivée de James Cook à Sydney. Car le collagène de l'os du crâne et l'émail d'une de ses dents ne donnent pas les mêmes résultats. Et puis un autre facteur pourrait affaiblir la thèse de Taree comme étant le prédécesseur de James Cook sur la côte est de l'Australie : le lieu même de sa découverte, à 300 kilomètres au nord de Sydney, bien loin des côtes nord et ouest de l'Australie, qui sont les zones de contact les plus logiques géographiquement pour des navigateurs venus d'Europe. C'est sur les côtes nord et ouest que l'on a retrouvé les preuves archéologiques des toutes premières interactions entre les Aborigènes et les marchands hollandais, puis portugais, javanais et chinois au tout début du XVIIe siècle.

Sur la piste d’un éventuel collectionneur

Le seul scénario concret sur le destin de Taree émane de l'archéologue anglo-australien Adam Ford. C'est un beau crâne bien lisse qui a presque toutes ses dents, il est intact. Ce qui indiquerait que Taree n'a pas passé tout son temps six pieds sous terre, mais qu'il était peut-être bien à l'abri dans la vitrine d'un cabinet de curiosité du XIXe siècle. A l'époque, la collection de crânes et squelettes était à la mode, y compris en Australie. La conclusion de l'archéologue : Taree ne serait pas mort en Australie, il était déjà un crâne quand il a traversé la planète, dans les bagages de quelque riche collectionneur. Auquel cas la question de l'âge de Taree n'aurait plus réellement d'importance. Mais attention, à ce stade, aucune certitude. Le mystère reste épais comme un buisson du bush. En attendant de raconter toute son histoire, Taree a été déclaré vestige national. Il passera entre les mains de nombreux autres scientifiques.

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