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Kirghizistan / Ouzbékistan

Le camp de réfugiés de Iarkichlak à la frontière de l'Ouzbékistan

Plusieurs milliers de réfugiés ouzbeks ayant fui les violences interethniques au Kirghizistan s'entassent le long de la frontière avec l'Ouzbékistan. Dépourvus de tout, depuis plusieurs jours, la situation menace de devenir catastrophique, selon l'ONU. Le correspondant de RFI, Camille Magnard, s'est rendu aux camps de déplacés de Iarkichlak et de Sura Tash, près de la frontière ouzbèke.

Quelques femmes préparent une soupe. Les réfugiés se plaignent de manquer de tout, nourriture, eau potable, médicaments. Le gros de l'aide vient pour l'instant de l'Ouzbékistan.
Quelques femmes préparent une soupe. Les réfugiés se plaignent de manquer de tout, nourriture, eau potable, médicaments. Le gros de l'aide vient pour l'instant de l'Ouzbékistan. Camille Magnard/RFI
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Avec notre envoyé spécial dans le sud-ouest du Kirghizistan, Camille Magnard

En images, le camp de réfugiés de Iarkichlak

L’aide internationale commence à s’organiser dans certains de ces très nombreux rassemblements de réfugiés ouzbeks tout le long de la frontière avec l’Ouzbékistan. Il faut pallier les besoins les plus pressants, à commencer par l’approvisionnement en eau potable de ces dizaines, de ces centaines de milliers de déplacés. Les maladies et les épidémies commencent à se

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Que peut faire le gouvernement ?

développer chez les enfants qui sont obligés, pour l’instant, de boire de l’eau puisée dans les fossés. Pour le Comité international de la Croix-Rouge qui se déploie sur place, la crise humanitaire est immense et les besoins énormes. Surtout que l’aide alimentaire du gouvernement kirghiz peine toujours à arriver jusqu’ici dans ces camps d’Ouzbeks où l’on continue à souffrir de la faim, de la soif et du surpeuplement.

Mercredi 16 juin, le Haut commissariat aux réfugiés décrivait le sud-ouest du Kirghizistan comme une poudrière ethnique. Dans l’enchaînement des faits qui ont mené à cette explosion de violence, il est encore difficile d'établir pourquoi Kirghiz et Ouzbeks s'affrontent. Pour le moment aucune enquête sur les responsables de cet embrasement ne semble vraiment envisageable ici. Et au-delà du caractère ethnique de ces violences qui ont vu s'affronter Kirghiz et Ouzbeks, il semble qu’il faille quand même aller chercher au-delà le déclencheur de tout cela. Tout le monde, ici, évoque une troisième force qui aurait mis le feu aux poudres et qui aurait armé et transporté des groupes de jeunes kirghizes qui ont commencé, il y a une semaine, à attaquer les quartiers ouzbeks de Och.

Qui est responsable ?

Voilà comment les gens dorment ici : ils n'ont qu'une paillasse.

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Les réfugiés de Sura Tash à la frontière de l'Ouzbékistan

Ces jeunes viendraient d’en dehors de la ville, des montagnes voisines et tout aurait commencé avec une rumeur savamment répandue : une Kirghize aurait été violée par des Ouzbeks. Alors, quant à savoir qui a vraiment intérêt à provoquer cet embrasement,  il y a plusieurs pistes : celle des proches de l’ancien président Kourmanbek Bakiev qui a été chassé du pouvoir il y a deux mois et qui pourrait vouloir déstabiliser le nouveau gouvernement.

Mais il faut surtout certainement aller chercher les vrais responsables du côté des groupes mafieux de la région, Kirghiz et Ouzbecks qui se disputent, entre autre, le trafic de la drogue afghane dans la région. Ces groupes sont entrés dans une phase de règlement de comptes et de redistribution des forces depuis le renversement de Kourmanbek Bakiev. Bakiev dont l’équipe et notamment la famille très puissante dans la région, originaire d’ici, serait étroitement liée à ces mafias.