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Venezuela

Présidentielle au Venezuela: Falcón veut «capitaliser sur le mécontentement»

Ce dimanche, 20 millions de Venezuéliens sont appelés à participer à une présidentielle anticipée à un seul tour, sur fond d'exode économique, d'hyperinflation et de pénuries. Les bureaux de vote ouvrent à 6h locale (midi heure de Paris). Face au président sortant Nicolás Maduro, un pasteur évangélique, Javier Bertucci, mais également un ancien général de l'armée, ex-chaviste et ex-membre de la MUD, la coalition d'opposition qui boycotte le scrutin. Il s'appelle Henri Falcón. Thomas Posado, politologue, évoque cette candidature qui laisse certains Vénézuéliens dubitatifs.

Présidentielle au Venezuela: les électeurs vérifient les listes électorales, dimanche 20 mai 2018.
Présidentielle au Venezuela: les électeurs vérifient les listes électorales, dimanche 20 mai 2018. REUTERS/Marco Bello
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A croire Thomas Posado, spécialiste du Venezuela et professeur de sciences politiques à l'université Paris-VIII, chez les plus intransigeants des opposants au pouvoir du président vénézuélien, Henri Falcón est surnommé « falso », c'est-à-dire « faux » en espagnol. A leurs yeux, ajoute-t-il, cet ancien militaire, qui a pris ses distances avec le Parti socialiste unifié du Venezuela et Hugo Chavez en 2010, « est un agent double », « un chaviste déguisé, qui sert simplement à donner une apparence de concurrence à ces élections ».

Problématique lorsque l'on sait que la Table de l'unité démocratique (MUD, coalition de l'opposition anti-chaviste), majoritaire dans une Assemblée nationale dont les prérogatives ont été vampirisées par une Constituante pro-chaviste controversée, appelle au boycott du scrutin. « Le dilemme pour les électeurs d’opposition est extrêmement fort, et il hypothèque d’autant plus les chances d’Henri Falcón de renverser les prévisions d’une élection dont Nicolás Maduro reste pour l’heure le principal favori », commente Thomas Posado.

Le pari d'Henri Falcón ? Capitaliser sur les rudes effets de la crise

Mais voilà, la crise économique est là, et frappe durement la base électorale vénézuélienne. Le pari de M. Falcón dans ce contexte ? « Capitaliser sur le mécontentement des Vénézuéliens ». « Herni Falcón n’axe pas son discours sur les méthodes de répression ou sur les manipulations qui ont pu conduire Nicolás Maduro à décaler, par exemple, l’élection présidentielle, explique le politologue. Il concentre son discours sur les problèmes économiques et sur le fait que le candidat sortant serait le président de la faim. »

Y parviendra-t-il ? « C'est tout l’enjeu », estime Thomas Posado, qui remarque que « cette élection présidentielle se déroule dans un grand climat d’apathie », et qu'aux yeux des électeurs, le programme du challenger de Nicolás Maduro peut également inquiéter. « Par exemple, note-t-il, son projet de dollariser l’économie vénézuélienne pourrait avoir des conséquences lourdes à long terme, en termes de souveraineté nationale et en termes de pouvoir mener des politiques économiques propres s’il n’a plus le contrôle de sa monnaie. »

Aucune perspective, « ni dans l’élection de l’un, ni dans l’élection de l’autre »

« Les Vénézuéliens sont dans une situation économique tellement catastrophique que le sort de cette élection présidentielle n’est pas leur enjeu principal », constate le chercheur, qui rappelle qu'il s'agit d'un pays connaissant « des taux d’inflation de l’ordre de 14 000% par an », qui connaît « des pénuries d’aliments, des pénuries de médicaments massives ». « On a un phénomène d’immigration à l’étranger autour de 2 millions et demi de personnes, pour essayer de trouver des conditions meilleures de vie », rappelle-t-il aussi.

Aussi, aux yeux de Thomas Posado, le sort du scrutin présidentiel de ce dimanche, que ce soit le président sortant Nicolás Maduro ou son challenger de l'opposition Henri Falcón qui soit élu, « ce n’est pas vraiment la préoccupation majeure des Vénézuéliens ». Et de conclure que ces derniers « ne voient pas une issue positive, ni dans l’élection de l’un, ni dans l’élection de l’autre, pour leur vie quotidienne et les problèmes qui les préoccupent pour leur survie et la satisfaction de leurs besoins les plus élémentaires ».

→ Lire aussi : Dans le quartier de Petare, la crise fait plus parler que le scrutin

Henri Falcón, challenger du président Maduro pour la présidentielle du 20 mai. Barquisimeto, le 17 mai 2018.
Henri Falcón, challenger du président Maduro pour la présidentielle du 20 mai. Barquisimeto, le 17 mai 2018. REUTERS/Marco Bello

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