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Brésil

Scandale Petrobras au Brésil: huit ministres dans l'oeil du cyclone

La crise politique n'en finit toujours pas au Brésil. Le Tribunal suprême fédéral (TSF) a ouvert, mardi 11 avril, une enquête contre huit ministres du gouvernement impliqués dans le scandale de corruption Petrobras, qui bouleverse le pays depuis des mois. Avec ces ministres, plusieurs dizaines de parlementaires sont également impliqués par la décision de la plus haute juridiction du pays.

«Des élections générales maintenant !», mur de São Paulo, le 12 avril 2017.
«Des élections générales maintenant !», mur de São Paulo, le 12 avril 2017. REUTERS/Nacho Doce
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Avec notre correspondant à Rio de Janeiro, François Cardona

Il y a un an, le Brésil entrait dans une politique inédite et sans fin. Manifestations dans les rues, tensions au Parlement, jusqu'au départ forcé de Dilma Rousseff. La présidente, accusée d’avoir maquillé les comptes publics, était mise en accusation puis destituée. Balayée en marge de l’affaire de corruption Petrobras, dans laquelle sont impliqués les principaux partis politiques et hommes d’affaires du pays. Des fonds détournés dépassant les 2 milliards de dollars.

Un an plus tard, l'ancien allié Michel Temer, vice-président devenu l'adversaire de Mme Rousseff, gouverne désormais le pays à sa place. Mais la crise politique se poursuit, plus préoccupante que jamais. Le dernier épisode a eu lieu mardi soir. Selon les premières informations publiées dans la presse brésilienne, le Tribunal suprême fédéral du Brésil a autorisé l'ouverture d'une enquête visant de très nombreux hommes politiques, dont huit ministres du gouvernement de M. Temer.

Des délations en série créent un séisme

Cela représente près d’un tiers des membres du gouvernement de M. Temer, dont son ministre des Affaires étrangères, celui de l’Agriculture, ou encore son chef de la Maison civile, l’équivalent du Premier ministre. L'enquête concerne aussi 29 sénateurs et 42 députés, dont les présidents des deux chambres du Parlement. Douze gouverneurs d’Etat vont également faire l’objet d’une enquête. Un véritable séisme politique.

Ils sont tous accusés d’être mêlés à l’énorme scandale de corruption Petrobras à leur tour. Seule la plus haute juridiction est habilitée à les juger. Des délations en série, consenties par les hauts dirigeants du sous-traitant de Petrobras, Odebrecht, le géant du BTP, en échange de remises de peines, sont à l'origine de ce rebondissement.

On passe à la deuxième étape, une étape où c’est la Cour suprême qui a pris ce dossier en main. L’élément le plus important c’est que cette corruption a irrigué l’ensemble de la classe politique et non pas uniquement le parti des travailleurs, comme il en avait été antérieurement mentionné. La conséquence politique à court terme de ces révélations repose sur l’affaiblissement politique du gouvernement de Michel Temer dans un contexte où le gouvernement fait passer des réformes très dures sur le plan des retraites et où pour la première fois depuis plusieurs mois il n’a pas su obtenir une majorité pour, disons, mener à bien cette réforme. Alors, sur le plan juridique, est-ce que ces ministres seront finalement traduits devant la justice et surtout déclarés coupables ? Tout dépend des preuves qui seront apportées par le procureur général. Il me semble que cette procédure va encore prendre du temps sur le plan juridique. Les conséquences seront plus à moyen terme. Mais à court terme il est très clair que sur le plan politique le gouvernement de Michel Temer est fragilisé.

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La délation de Marcelo Odebrecht...

Les dénonciations des hauts dirigeants d'Odebrecht ne sont pas terminées. La situation risque donc encore d’empirer. Tout récemment, le nom de l’ancien président du Parti des travailleurs et du pays, Luiz Inacio Lula da Silva, a de nouveau été cité, dans la délation de Marcelo Odebrecht, l’ancien PDG du géant BTP, qui affirme que Lula utilisait le surnom de « Amigo » (ami) dans la comptabilité occulte de son entreprise. Et qu’il aurait ainsi touché plusieurs millions d’euros de pots-de-vin.

Il s'agit d'un coup dur pour l'ancien homme fort du Brésil, reparti en campagne pour l'élection présidentielle à venir en 2018, encouragé par son ancienne numéro deux et successeure Dilma Rousseff. De son côté, le président Michel Temer ne pourrait pas se présenter, car il est inéligible suite à une condamnation. Lancées il y a trois ans, les affaires Petrobras et Odebrecht sont vraiment en train de mettre la classe politique brésilienne à genoux.

Ce mécanisme de corruption existe depuis les années 1990, notamment lors du mandat de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso et ce système se reproduit jusqu’à aujourd’hui. La société brésilienne est écœurée, mais aussi exaspérée par la dégradation des conditions économiques du Brésil. Le pays a perdu près de 10 points du PIB ces dernières années suite au début de la récession, avec une inflation qui reste importante et en quelque sorte les progrès économiques et sociaux qu'avait vécu le Brésil durant les deux mandats du président Lula, eh bien, ces acquis sont en train de s’étioler. Et ce retour en arrière, en quelque sorte, rajoute de la colère à ce ras-le-bol vis-à-vis de l’action de la classe politique avec ces affaires de corruption.

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Gaspar Estrada : le ras-le-bol de la population

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→(Re)lire: Brésil: Petrobras, le scandale en questions

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