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Pérou / Inondations

Inondations: au Pérou, la colère de la population monte [Diapo]

Au Pérou, ce 23 mars, le dernier bilan des inondations selon le Centre d’opérations d'urgence nationale faisait état de 84 morts, 111 000 sans-abris, 194 ponts et 12 200 kilomètres de routes détruits, ce qui complique l’arrivée des secours.

Le fleuve Viru après les inondations à Trujillo, dans le nord du Pérou, le 22 mars 2017.
Le fleuve Viru après les inondations à Trujillo, dans le nord du Pérou, le 22 mars 2017. REUTERS/Douglas Juarez
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Avec notre correspondant à Quito, Eric Samson

« On n’a ni électricité ni d’eau potable », se plaint un sans-abri. « Tout est inondé ici», explique une femme. « L’eau a tout envahi, renchérit une autre. On ne peut pas l’évacuer ». « On ne reçoit l’aide de personne, déclare un autre homme. On est laissé à la volonté de Dieu ».

De Lima jusqu’au nord du Pérou, les plaintes de milliers de sans-abris se multiplient dans les médias et sur les réseaux sociaux. Tous critiquent la lenteur des secours, voire même leur absence. Petite ville de 30 000 habitants située au nord de la capitale, Huarmey par exemple a été victime de nombreuses inondations.

« Huarmey a été enterrée sous la boue et les débris, rappelle Juan Navarro, président du Front de défense de la ville. Les problèmes sont loin d’être terminés. Il continue de pleuvoir et les inondations se multiplient. Il y a des animaux morts partout, des risques d’épidémie. Les rues sont remplies de boue, de roches, de troncs d’arbres et de débris. Toutes les maisons sont inondées à Huarmey ».

Action politique

Après plus d’une semaine de pluies diluviennes, les habitants se sentent abandonnés. « Nous lançons un appel à la communauté internationale et au gouvernement pour obtenir de l’aide, poursuit Juan Navarro. Nous avons besoin d’engins de terrassement pour évacuer la boue et les débris. Les cadavres d’animaux se décomposent et les épidémies menacent d’autant que les services publics ont disparu ».

Face aux critiques et à la chute de son indice de popularité à 36 % alors qu’il n’en est qu’à neuf mois de mandat, le président Pedro Pablo Kuczynski a défendu l’action de son gouvernement sur CNN. « C’est une situation difficile et imprévue, a-t-il déclaré. Elle est le résultat du réchauffement global et par conséquent du changement climatique. Cela fait que des choses imprévues arrivent comme ces pluies diluviennes qui nous frappent depuis deux mois. Le gouvernement s’est bien organisé pour faire face à la situation. Tous les ministres du gouvernement par exemple sont dans les zones sinistrées pour diriger les secours en région ».

Depuis une semaine, María Soledad Pérez Tello, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, se trouve par exemple dans la province de Huarmey. Elle affirme que la situation s’améliore même si beaucoup reste à faire, notamment dans les zones rurales. « L’objectif est que les petits villages en difficulté en arrivent à la situation de la ville de Huarmey où la situation est toujours chaotique mais où on arrive à reprendre le contrôle, estime-t-elle. On a de l’eau, de l’électricité, plus de sécurité, on distribue des aliments. Le désespoir est toujours présent chez de nombreux habitants mais pensez à la situation il y a quelques jours. Je suis là depuis lundi et je note qu’aujourd’hui le désordre est en train de s’atténuer ».

Manque de prévention

Ce début d’organisation est d’autant plus nécessaire que les risques de pluie et d’inondations torrentielles sont loin d’avoir disparu, selon le ministre des Transports, Martín Vizcarra Cornejo. « Les scientifiques du service national de météorologie et hydrologie nous disent que les pluies vont durer au moins encore deux semaines, explique-t-il. Il nous que le reste mobilisés au minimum jusqu’à la fin mars ».

En attendant la fin des pluies et le début de la reconstruction, les donations se multiplient, d'abord des Péruviens mais aussi de l’étranger, ce dont le président se félicite. « Nous sommes un pays financièrement solide mais nous remercions beaucoup nos voisins pour leur aide, notamment la Colombie, le Chili, l’Equateur, a déclaré Pedro Pablo Kuczynski. Même le Venezuela a offert de l’aide. Tous les pays latino-américains ont montré leur solidarité avec nous. Les Etats-Unis ont aussi envoyé de l’aide, notamment des équipements et des hélicoptères. Nous avons les moyens de faire face à la situation ».

Malgré ce pronostic optimiste, la polémique enfle dans les médias sur le manque de culture de la prévention dans le pays. Beaucoup notent par exemple que la mairie de Lima a destiné dans son budget 10 millions d’euros à la protection contre les risques naturels, trois fois moins que son budget de communication.

Apparu il y a quatre mois, le phénomène côtier El Niño continue de provoquer des ravages au Pérou. Le manque de vent maintient des masses d’eau chaude près des côtes de l’Equateur et du Pérou. Ces dernières provoquent une évaporation massive, des masses nuageuses qui se transforment en pluies diluviennes dans la cordillère des Andes et en inondations sur toute la côte nord.

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