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Etats-Unis

Etats-Unis: avec son programme, le parti républicain met la barre très à droite

Adopté au début de la convention du parti républicain qui s’achève ce jeudi 21 juillet à Cleveland, dans l’Ohio, le programme du parti conservateur américain représente officiellement la position du parti pour les années à venir. Sur un certain nombre de sujets, notamment de société, ce programme définit une ligne ultra-conservatrice et marque un tournant très à droite pour le « Grand Old Party » (GOP), qui a officiellement investi Donald Trump pour la course à la Maison Blanche.

La convention du parti républicain a été marquée par l'investiture officielle de Donald Trump par son parti et celle de son colistier Mike Pence, ainsi que l'adoption du programme officiel du parti.
La convention du parti républicain a été marquée par l'investiture officielle de Donald Trump par son parti et celle de son colistier Mike Pence, ainsi que l'adoption du programme officiel du parti. REUTERS/Aaron Josefczyk
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« C'est le programme le plus conservateur de l'histoire moderne », s'est félicité David Barton, militant de la droite religieuse et membre du comité de plateforme du parti. En 58 pages, ce programme détaille le positionnement officiel du parti républicain sur de nombreuses questions de politique intérieure et extérieure, économique et sécuritaire, et sur de nombreux sujets de société.

Dans l’ensemble, c’est en effet un panel d’idées très conservatrices qui se dessine, reprenant certaines propositions de Donald Trump, investi par les délégués du parti dans la course à la présidence, mais opérant aussi un virage très à droite sur des sujets par ailleurs peu évoqués par le milliardaire. Notamment la question du mariage homosexuel.

Une certaine idée de la famille

Les républicains envisagent de revenir sur la décision de la Cour suprême du 26 juin 2015 qui légalise l’union de personnes du même sexe dans tout le pays. « Le mariage et la famille traditionnels, basés sur le mariage d'un homme et d'une femme, est la fondation d'une société libre (…) Les enfants élevés dans une famille traditionnelle avec deux parents tendent à être en meilleure santé physique et émotionnelle, moins susceptibles de consommer des drogues et de l'alcool, d'être impliqués dans des actes criminels, et (pour les filles) d'être enceintes en dehors du mariage. »

Un retour en arrière qui correspond à une volonté des conservateurs de « réhabiliter les valeurs traditionnelles de la famille » souligne Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Paris II-Assas et auteur de Qui veut la peau du parti républicain ? (éditions de Passy). C’est une « certaine image de la famille à l’américaine » rappelle le chercheur, qui pointe du doigt l’insistance avec laquelle la famille du milliardaire a été mise en scène durant cette convention et la place prépondérante de cette valeur-clé au cœur de la campagne.

De la même manière, le programme du parti lève toute ambigüité sur l’avortement, auquel il s’oppose fermement : « nous affirmons l'aspect sacré de la vie humaine, et affirmons que l'enfant non né a un droit fondamental à la vie qui ne peut pas être enfreint ». Pour les conservateurs, l’abstinence jusqu’au mariage est « la ligne de conduite à suivre » en matière de prévention des risques.

Nostalgie et repli

Cette idée d’une certaine Amérique « tournée vers le passé, blanche, chrétienne » se retrouve aussi dans les positions du parti concernant le retour de la religion dans l’éducation, note Jean-Eric Branaa. Le programme propose l’enseignement de la Bible au lycée, le droit des élèves à prier à l’école ou encore l'affichage public des dix commandements « comme une réflexion de notre histoire et de notre héritage judéo-chrétien », affirment les rédacteurs du programme.

Autant de messages qui évoquent quelque chose de fort pour une partie de l’électorat américain, analyse Jean-Eric Branaa, spécialiste des questions relatives à la société et à la politique aux Etats-Unis. « C’est le repli d’une Amérique qui a peur de l’avenir et qui s’accroche à son passé en cherchant la restauration d’une puissance perdue, fantasmée ou non », explique-t-il. Un sentiment que résume bien le slogan de campagne de Donald Trump « faire de l’Amérique un grand pays à nouveau » ou le titre du premier chapitre du programme républicain : « restaurer le rêve américain ».

Des délégués du parti républicain agitent des pancartes lors du troisième jour de la convention républicaine de Cleveland.
Des délégués du parti républicain agitent des pancartes lors du troisième jour de la convention républicaine de Cleveland. REUTERS/Mark Kauzlarich

Un repli qui paraît assez net dans la volonté marquée d’établir une économie plus protectionniste, avec une renégociation des accords commerciaux qui ne « protègent pas les intérêts » et la « souveraineté américaine », mais surtout dans les idées anti-immigration véhiculées par le programme républicain.

Ce dernier valide, ni plus ni moins, la proposition du candidat Trump de dresser un mur entre le Mexique et les Etats-Unis pour enrayer l’arrivée de migrants. « Nous sommes pour la construction d'un mur le long de toute la frontière sud (avec le Mexique) et pour protéger tous nos ports d'entrée. Le mur à la frontière doit couvrir l'intégralité de la frontière sud et doit suffire à stopper le trafic des véhicules et des piétons », explique le document, qui évoque également une « procédure spéciale » pour les étrangers venant de « pays soutenant le terrorisme ou de régions associées au terrorisme islamique ».

Un programme non-contraignant

Jean-Eric Branaa rappelle néanmoins que l’idée d’une séparation physique entre les deux territoires existait déjà dans les précédents programmes du parti, mais généralement désignée sous le terme de « fence » (clôture). La présence de cette idée de mur, qui « a soutenu la campagne de Trump », n’en reste pas moins une concession faite au camp du milliardaire.

Tout comme la proposition de rétablir la loi Glass-Steagall de 1933 qui interdit aux banques commerciales de s’engager dans des investissements à haut risque. Une loi plutôt marquée à gauche, révoquée en 1999, et qui est, selon le chercheur, à la fois « un pied de nez à Hillary Clinton » et « un appel du pied aux électeurs de Bernie Sanders », dont c’était une des demandes.

Il s’agit donc, estime le maître de conférences à l’université Paris II, d’un « programme conservateur avec des bulles de Trump, probablement imposées par son équipe ». Des concessions qui illustrent dans une certaine mesure le bras de fer qui se poursuit entre le candidat et son parti, à l’image de l’intervention de Ted Cruz mercredi à la tribune de la convention, hué parce qu’il n’a pas clairement appuyé la candidature de Donald Trump.

Le fait est que le programme républicain, s’il traduit la ligne du parti, n’est pas pour autant contraignant pour son candidat. « Le parti sort un programme, mais le candidat en fera ce qu’il veut. On lui a fait plaisir en y incluant certaines de ses propositions, mais personne n’est dupe, rappelle Jean-Eric Branaa. Il va faire sa campagne comme il l’entend. » D’ailleurs, c’est dans l’indifférence générale que celui-ci a été adopté en début de convention lundi. Une convention durant laquelle, précisément, « il n’a pas été question du programme une seule fois », souligne le chercheur.

Mais l’universitaire ne se dit pas surpris pour autant, rappelant les propos de Donald Trump en août dernier. Le candidat avait alors déclaré : « pourquoi voulez-vous que j’ai un programme ? Les politiciens ne le respectent pas quand ils sont élus. Je vous parlerais du mien une fois élu ».

► Le programme officiel du parti républicain (en anglais) est accessible ici

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