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Cuba

Raul Castro peine à réformer Cuba

Raul Castro a fêté, le 31 juillet 2011, ses cinq ans au pouvoir. Un anniversaire en demi-teinte, car le régime communiste est confronté à d’énormes difficultés sociales et économiques. Pour sauver le pays de la faillite, le frère et successeur de Fidel Castro a lancé des réformes ambitieuses. Mais leur mise en œuvre avance lentement, trop lentement aux yeux du président.

Raul Castro (G) et Jorge Luis Tapia Fonseca, premier secrétaire du Parti communiste cubain, le 26 juillet 2011.
Raul Castro (G) et Jorge Luis Tapia Fonseca, premier secrétaire du Parti communiste cubain, le 26 juillet 2011. Reuters/Enrique De La Osa
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Ce lundi 1er août 2011, Raul Castro s'adresse au Parlement, réunit à la Havane pour trois jours en session plénière. Il va sûrement défendre encore une fois l’urgence des réformes. Cela fait presque un an que Raul Castro a engagé son pays vers un changement économique. L’objectif, c’est de réduire le rôle de l’Etat et de favoriser le secteur privé.

Officiellement, il ne s’agit pas de renoncer au socialisme, bien au contraire ; pour préserver les atouts d’un système calqué sur le modèle soviétique des années 1970, il faut l’adapter au 21e  siècle. En avril dernier, Raul Castro, soulignait que « l’expérience nous a montré que l’excès de la centralisation va à l’encontre de l’émergence des initiatives individuelles dans la société ».

Castro peine à réformer le pays

Les propos de Raul Castro, tenus juste avant le sixième congrès du Parti communiste d’avril 2011, sonnent comme un mea culpa. Les délégués avaient alors adopté les grandes lignes des réformes économiques et sociales, au total 313 mesures.

Une boulangerie de La Havane, le 29 juillet 2011.
Une boulangerie de La Havane, le 29 juillet 2011. Reuters/Desmond Boylan

Certaines de ces mesures sont déjà entrées en vigueur. Désormais, les Cubains ont le droit d'acheter et de vendre leur maison. Cette fameuse permuta existe depuis un certain temps déjà, mais cela se faisait plutôt sous le manteau.

Il y a 3 ans, le gouvernement a libéralisé le secteur du petit commerce. Depuis, plus de 300 000 personnes se sont mis à travailler à leur propre compte. Selon Janette Abel, professeur à l’université de Paris et spécialiste de Cuba, « …il suffit de se promener à la Havane pour voir qu’il y a maintenant plein de petits restaurants, des petits commerces et des artisans. C’est un secteur en pleine ébullition ».

Les grands chantiers en suspens

Pour l’instant, le gouvernement ne s’est pas encore attaqué aux grands chantiers, comme la réduction des effectifs du service public. Le pouvoir prévoit de se séparer d’un million de fonctionnaires. La moitié de ces départs aurait dû avoir lieu avant le mois de mars 2011. Mais face à la colère des employés, qui se seraient retrouvés à la rue du jour au lendemain, eh bien, le gouvernement a suspendu ce projet.

Entre le discours officiel et son application « à la lettre », il y a un pas que Raul Castro n’est pas encore prêt à franchir. L’économiste Stéphane Witkowski estime que « toute la difficulté pour le gouvernement de Raul Castro, c’est d’avancer sans se hâter mais aussi sans s’arrêter. Il faut tenir compte des aspirations des Cubains aux changements dans leur quotidien sans remettre en cause les acquis de la révolution ».

Il n’est pas étonnant que les plus rétifs aux réformes soient les bureaucrates, dont les privilèges sont menacés par les réformes. Pour faire plier les « résistants », Raul Castro s’est entouré d’une équipe composée de fidèles parmi les fidèles, y compris des militaires.

Pas de réformes politiques pour l’instant

Le président cubain a clairement mis le cap sur une ouverture économique, excluant toute évolution sur le plan politique. C’est ce que déplore l’opposition. Pour le militant des droits de l’homme, Elizardo Sanchez, « l’une des réformes les plus importantes qui devraient être faites, c’est de permettre de défendre les droits de l’homme. C’est un droit garanti dans tous les pays démocratiques en Europe ou en Amérique Latine. Mais ici, à Cuba, la Constitution interdit - sous peine de prison - de défendre les droits de l’homme ».

Parmi les mesures déjà lancées, certaines ont été un échec. Il y a deux ans, l'Etat vendait des parcelles de terre à des particuliers. Mais la nouvelle production agricole n’a pas démarré, ou pas encore. En tout cas, aujourd’hui, Cuba doit importer encore plus de denrées agricoles que ces dernières années. De fait, 80 % de la nourriture provient de l’extérieur. Des importations qui coûtent cher, environ 1,5 milliard de dollars par an. Une facture qui pèse lourd sur les finances publiques qui sont déjà dans un état désastreux.

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