Haïti: «Le Nouvelliste», doyen des journaux, survivra-t-il au chaos sécuritaire?
C'est aujourd'hui, 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Partout, y compris dans les pays démocratiques, celle-ci est en recul. En Haïti, où sévit le chaos sécuritaire engendré par les gangs, toutes les institutions sont visées, même le doyen des journaux, Le Nouvelliste. En 126 ans, le quotidien a traversé toutes les crises. Mais il y a deux semaines, ce sont les salles d'impression du journal, dans le centre de Port-au-Prince, qui ont été vandalisées. Et l'édition papier a cessé depuis.
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Dans la nuit du 18 au 19 avril dernier, des hommes armés font irruption dans les locaux du Nouvelliste au cœur de Port-au-Prince à Haïti. L’équipe des journalistes les a désertés depuis des mois, mais le quotidien y était imprimé à 30 000 exemplaires chaque jour.
« Les équipements et les intrants - enfin le papier, etc. - tout était stocké dans ce local et c'est cela qui a été vandalisé, raconte Frantz Duval, le rédacteur en chef, joint par Aabla Jounaidi du service international. C'est la première fois que le journal n'a pas le contrôle de ses presses. C'est la première fois aussi qu'il y a des quartiers entiers dans la région métropolitaine de Port-au-Prince où les journalistes ne peuvent plus aller. »
Une soif d'information
Chute des recettes publicitaires, et maintenant arrêt des ventes papier, le doyen des journaux s'interroge sur son avenir.
Pourtant, plus que jamais, assure Frantz Duval, les Haïtiens ont soif d'information : « C'est un pays qui n'a plus de théâtre, qui n'a plus de cinéma, plus de concert. C'est un pays où on ne peut pas sortir avec les enfants pour aller au parc. Et souvent, les gens sont chez eux sur leur téléphone, à chercher des informations, à lire, à regarder devant une radio, à écouter les débats interminables sur la politique, mais aussi les bulletins d'information. L’information est devenue quasiment la seule donnée disponible pour la population, malgré les difficultés, mais surtout à cause des difficultés. »
Le 16 avril, plus de 90 membres des médias haïtiens, dont les journalistes du Nouvelliste se sont joints à RSF pour un appel international afin qu'Haïti ne se transforme pas en désert de l'information.
HAITÍ | RSF y más de 90 periodistas haitianos lanzan un llamamiento internacional para proteger el periodismo 🇭🇹
— RSF España (@RSF_ES) April 17, 2024
▶️ La situación es extrema: reporteros amenazados, agredidos, secuestrados y asesinados, lo que podría llevar a un desierto informativo.
👇🏽https://t.co/H1nwdK5qR6
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