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États-Unis: après des mois de blocage, la Chambre des représentants vote une aide pour l'Ukraine

La Chambre américaine des représentants a adopté samedi 20 avril une enveloppe très attendue de 61 milliards pour venir en aide à l'Ukraine en guerre contre la Russie. Cette assistance militaire et économique, fruit de mois de tractations extrêmement tendues et laborieuses, doit désormais être approuvée au Sénat, où un premier vote pourrait avoir lieu dès mardi.

Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson s'adresse aux médias le jour où la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé une loi prévoyant une aide à la sécurité de 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël et Taïwan, au Capitole à Washington, aux États-Unis, le 20 avril 2024.
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson s'adresse aux médias le jour où la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé une loi prévoyant une aide à la sécurité de 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël et Taïwan, au Capitole à Washington, aux États-Unis, le 20 avril 2024. © REUTERS - Ken Cedeno / Reuters
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Après de longues et difficiles tractations, la Chambre américaine des représentants a adopté samedi 20 avril un grand plan d'aide à l'Ukraine et Taïwan, soutenu par des élus des deux bords. Elle doit maintenant se prononcer sur l'assistance à Israël.

Les parlementaires ont voté au pas de charge sur cette gigantesque enveloppe de 95 milliards de dollars, réclamée depuis des mois par le président Joe Biden. Le texte a été fractionné en plusieurs votes et comprend un plan d'aide à l'Ukraine, à Israël et à Taïwan ainsi que des dispositions concernant TikTok. Cette stratégie a été choisie par Mike Johnson pour contourner les divisions politiques et le blocage imposé depuis des mois par une poignée de trumpistes, rappelle notre correspondante à New York, Loubna Anaki. Cela lui a permis de profiter à chacun de ces votes du soutien de différents groupes politiques, surtout côté démocrate.

Les parlementaires ont finalement voté la très attendue enveloppe de 61 milliards pour venir en aide à l'Ukraine en guerre contre la Russie. Dans l'hémicycle, certains ont agité des drapeaux ukrainiens en signe de soutien à Kiev, sous les huées d'élus trumpistes. Cette aide permettra à l'Ukraine d'acquérir des systèmes de défense anti-aérien américains, alors que la domination russe du ciel limite toujours fortement les capacités de réponse de l'armée ukrainienne. Une partie non négligeable de cette aide servira aussi à réapprovisionner les stocks de munitions des États-Unis.

Le président américain Joe Biden a salué l'adoption d'une « aide cruciale » à l'Ukraine et Israël, au « rendez-vous de l'Histoire ». Cette enveloppe envoie « un message clair sur la puissance du leadership américain à travers le monde », a affirmé le dirigeant démocrate. Joe Biden, via communiqué, a salué l’effort bipartisan qui a abouti à ce vote. « Républicains et Démocrates se sont unis pour répondre à l’appel de l’histoire à un moment charnière », écrit le président qui appelle désormais le Sénat à accélérer à son tour un vote sur ce texte pour pouvoir le signer. Chuck Schumer, le chef de la majorité démocrate de la chambre haute, a laissé entendre qu’il pourrait procéder à un vote ce mardi.

Un vote salué

Cela faisait six mois que les Ukrainiens attendaient cette décision et six mois aussi qu'ils tenaient bon face à l'agresseur russe sans l'apport américain en équipement, financier. De l'aveu même de Volodymyr Zelensky il y a quelques jours, sans ce vote de 61 milliards de dollars en aide, l'Ukraine perdrait la guerre, rapporte notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze.

Sur le terrain, ces mois d'incertitudes se sont traduits par une dégradation des capacités de défense de l'Ukraine. Et une détérioration de la situation le long de la ligne de front où les Ukrainiens se battent à 10 contre un en faveur de la Russie. Ces dernières semaines, des frappes intensives et répétées de missiles et de drones ont touché des infrastructures énergétiques, mais aussi au cœur de la population. Cette aide va permettre, s'il n'est pas déjà trop tard, à l'Ukraine d'avoir plus de moyens pour sécuriser son ciel et pour faire face dans de meilleures conditions à l'armée russe sur la ligne de front. 

L'aide américaine « sauvera des milliers et des milliers de vies », s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'issue du vote. « La loi d'aide vitale adoptée aujourd'hui par la Chambre des représentants empêchera la guerre de se propager, sauvera des milliers et des milliers de vies et aidera nos deux nations à devenir plus fortes », a-t-il écrit sur X, se disant « reconnaissant » envers les élus américains. 

Pour les Ukrainiens, c'est certes un soulagement, mais au goût amer. Si ce vote avait eu lieu plus tôt, combien de morts civiles et militaires auraient pu être évitées, se demandent beaucoup de gens, selon notre correspondante à Kiev.

Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, a également salué le vote. « Je salue le fait que la Chambre des représentants des États-Unis ait approuvé un nouveau programme d'aide important pour l'Ukraine. L'Ukraine utilise les armes fournies par les alliés de l'Otan pour détruire les capacités de combat russes. Cela renforce notre sécurité à tous, en Europe et en Amérique du Nord », a-t-il déclaré sur X.

« Je salue le vote de la Chambre américaine des représentants approuvant l'aide cruciale, attendue depuis longtemps, de 60 milliards de dollars à l'Ukraine. Cela envoie un message clair au Kremlin : ceux qui croient en la liberté et dans la Charte des Nations Unies continueront à soutenir l'Ukraine et ses habitants », a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen, sur X.

« Les alliés transatlantiques sont unis pour soutenir la liberté et la démocratie », a de son côté déclaré Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Jean-Jacques Héry. À Berlin, la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a évoqué « un jour d’optimisme pour la sécurité de l’Ukraine et de l’Europe ».

Enfin, peut-être moins visible, mais néanmoins présente, transparaît également une inquiétude chez certains dirigeants européens, celle d'avoir trop tardé. « Mieux vaut tard que trop tard. Et j'espère qu'il n'est pas trop tard pour l'Ukraine », a ainsi écrit Donald Tusk, le Premier ministre polonais.

L'aide américaine votée « tuera encore plus d'Ukrainiens à cause du régime de Kiev », a dénoncé de son côté le Kremlin. « La décision de fournir une aide à l'Ukraine était attendue et prévisible. Elle enrichira davantage les États-Unis d'Amérique et ruinera encore plus l'Ukraine, en tuant encore plus d'Ukrainiens à cause du régime de Kiev », a assuré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par l'agence de presse d'État Tass.

Bras de fer entre Biden et Trump

Une fois toutes les mesures adoptées, elles devraient être rapidement examinées par le Sénat. Ces mesures sont le fruit de mois de tractations acrimonieuses, d'allées et venues du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington et de pressions d'alliés à travers le monde. Elles ont même coûté son poste à un chef républicain.

Le financement de la guerre en Ukraine a été au cœur de toutes les tensions. Les États-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n'a pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d'un an et demi, principalement en raison de querelles partisanes.

Le président démocrate Joe Biden, et son parti au Congrès, sont très favorables à de nouvelles aides pour l'Ukraine, en guerre avec la Russie. Mais les républicains, emmenés par Donald Trump, sont eux de plus en plus réticents à financer un conflit qui s'enlise. En pleine année électorale, la question s'est transformée en un duel à distance entre les deux candidats à la présidentielle.

Après des mois de tergiversations, le chef républicain de la Chambre, Mike Johnson, a fini par apporter son soutien à l'enveloppe de 61 milliards de dollars pour l'Ukraine. « Pour le dire franchement : je préfère envoyer des munitions à l'Ukraine qu'envoyer nos garçons se battre », a-t-il plaidé, non sans une certaine émotion, lors d'une conférence de presse. Elle pourrait en revanche lui coûter son poste. Une poignée d'élus conservateurs, farouchement opposés à l'aide à l'Ukraine, ont promis de tout faire pour destituer le speaker afin de le punir de son soutien. Reste à voir si cela va aboutir comme cela avait été le cas pour Kevin McCarthy, destitué pour avoir fait la même chose.

Les Républicains ultra-conservateurs, les trumpistes, ont effectivement vivement critiqué ce vote parlant d’une gifle. Samedi 20 avril, lors de la séance, Marjorie Taylor Greene, qui est l’un des principales alliées de Donald Trump à la Chambre, a essayé à plusieurs reprises d’introduire des amendements pour bloquer la tenue du vote. « Les Américains souffrent tous les jours et n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Au lieu d’aider nos citoyens, on envoie des milliards à l’Ukraine », a martelé l’élue de Géorgie.

À écouter aussiÀ la Une: l’aide militaire américaine à l’Ukraine remise en cause

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