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Des Haïtiens rapatriés de force malgré la crise

Plus d’une cinquantaine d’Haïtiens expulsés des États-Unis ont été rapatriés de force par avion, jeudi 18 avril, par le biais de l'aéroport international Cap-Haïtien, le seul qui fonctionne encore dans le pays. Entre l'intransigeance de Washington, la crise diplomatique avec la République dominicaine et la violence des gangs puissants, les Haïtiens se retrouvent bien démunis.

Vue du Cap-Haïtien à Haïti, le 7 mai 2016. (Image d'illustration)
Vue du Cap-Haïtien à Haïti, le 7 mai 2016. (Image d'illustration) AFP/HECTOR RETAMAL
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Avec nos envoyés spéciaux à Cap-Haïtien, Vincent Souriau et Boris Vichith

Washington reprend les expulsions de ressortissants haïtiens malgré la crise gravissime qui touche Port-au-Prince, la capitale, et tout le centre du pays. C’est une première depuis le mois de janvier, et elle a pris beaucoup de monde par surprise vu l’aggravation du climat sécuritaire à Haïti. Même si l’on parle bien d’individus qui se trouvaient sur le sol américain sans être en règle, il n’y avait aucune raison objective de reprendre ces vols maintenant et de jeter, en quelque sorte, ces ressortissants haïtiens dans la gueule du loup. Cette décision a provoqué dès jeudi une levée de boucliers chez plusieurs organisations de défense des droits de l’homme.

Une décision qui vient s'ajouter à des mesures similaires prises par la République dominicaine, pays limitrophe d’Haïti, même si le contexte est différent. Cela dure depuis des mois, avec cette crise diplomatique entre les deux voisins. En septembre 2023, le gouvernement dominicain a décidé de fermer ses frontières aux Haïtiens, dont le pays était en pleine flambée de violence. Et ce, alors que la République dominicaine tient lieu de poumon économique pour les Haïtiens, qui sont très nombreux à y travailler et à s’y approvisionner, puisque la majorité des produits qu’on trouve dans le commerce dans le nord d’Haïti, et même au-delà, provient de là-bas.

Et depuis, il n'y a eu aucun assouplissement à la frontière malgré la crise causée par les gangs en Haïti. Il y a eu un léger mieux, en tout cas sur le papier, pour des raisons économiques. La présidence dominicaine a fini par rétablir, au bout de quelques semaines, ce qu’elle a appelé des « corridors commerciaux provisoires », avec en théorie un contrôle militaire strict et des enregistrements biométriques pour éviter les passages clandestins. En réalité, je m’y suis rendu jeudi, à Ouanaminthe, à la frontière nord entre Haïti et la République dominicaine : c’est une passoire. On franchit la ligne de démarcation quasiment sans aucun contrôle. Pour les Haïtiens, c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’ils peuvent encore se fournir côté dominicain en produits commerciaux. La mauvaise, c’est que s’ils parviennent à rester en République dominicaine, ils sont de plus en plus sujets au racket et au trafic orchestré par les mafias locales.

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