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Venezuela: la fin de l'allègement des sanctions économiques américaines?

Depuis six mois, le Venezuela bénéficie d’un allègement des sanctions économiques mises en places en 2019 par les États-Unis. Cet allègement prend fin ce jeudi, et les États-Unis viennent d’affirmer qu’ils ne le renouvelleront pas si le président Nicolas Maduro n’avance pas sur les engagements qu’il avait pris pour l’organisation d’élections libres et équitables cette année.

Vue du complexe pétrolier José Antonio Anzoategui, à Barcelone dans l'État d'Anzoategui, au Venezuela, le 3 juillet 2022.
Vue du complexe pétrolier José Antonio Anzoategui, à Barcelone dans l'État d'Anzoategui, au Venezuela, le 3 juillet 2022. AP - Matias Delacroix
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En 2018, la réélection de Nicolas Maduro à la présidence du Venezuela n’est pas reconnue par une partie de la communauté internationale, dont les États-Unis. Washington renforce l’année suivante les sanctions déjà en place – et décrète un embargo sur l’or, le pétrole et le gaz vénézuélien. « L'objectif était d'infliger des dommages économiques, qui génèrent des protestations sociales, qui débouche sur un changement de régime », rappelle l'économiste vénézuélien Luis Oliveros.

La crise économique que traversait déjà le pays s’aggrave, mais le président reste en place. « Le gouvernement a appris à vivre avec les sanctions, observe Luis Oliveros. Il préfèrerait sans aucun doute ne pas en avoir, mais il a su les contourner habilement, au moins pour se maintenir au pouvoir. En revanche, le pays a bien vu comment son niveau de vie, sa qualité de vie a baissé. »

« Le Venezuela est devenu toxique sur le marché mondial »

« La production pétrolière a chuté, le revenu pétrolier est devenu en quelques années le plus faible de notre histoire. Avec les sanctions, le Venezuela ne peut pas vendre son pétrole à son marché naturel, les États-Unis et l’Europe, détaille l'économiste. Les sanctions affectent aussi les entreprises privées. Le Venezuela est devenu toxique sur le marché mondial. Cela affecte donc aussi le secteur économique, et en définitive les perspectives et les attentes qu’on peut avoir pour l’économie sur le moyen et le long terme. »

Fin 2023, pouvoir et opposition s’accordent quand même sur une feuille de route pour la prochaine présidentielle, prévue cette année. Washington autorise à nouveau l’achat d'or, et de gaz et de pétrole vénézuélien pour six mois, un allègement des sanctions qui coïncide aussi avec les besoins occidentaux de gaz et de pétrole provoqués par la guerre en Ukraine. La production pétrolière vénézuélienne remonte à 800 000 barils par jours, après un plus bas de 400 000 barils par jour début 2020.

Mais contrairement à ce qui avait été décidé, le gouvernement vénézuélien empêche l’opposition de choisir son candidat pour la présidentielle. Fin janvier, les États-Unis commencent par réactiver leurs sanctions sur le secteur de l’or. Ils assurent aujourd’hui que si Nicolas Maduro n’avance pas vers des élections « libres et équitables », les allègements sur le pétrole et le gaz ne seront pas prolongés. Ces allègements se terminent normalement ce jeudi 18 avril.

Chevron, un géant pétrolier américain toujours implanté au Venezuela malgré les sanctions

Revenu depuis plus d'un an, le géant pétrolier américain Chevron a pu reprendre partiellement ses extractions d'hydrocarbures au Venezuela. Un éventuel durcissement des sanctions ne devrait pas toucher la major américaine. Car le Venezuela n'est pas pour elle un marché prioritaire, estime Thomas Posado, maître de conférence en civilisations latino-américaines contemporaines à l'université de Rouen et auteur du livre, Venezuela, de la révolution à l'effondrement, publié par Presses universitaires du Midi.

« On voit des bénéfices : un peu plus de 100 000 barils par jour sont exportés aux États-Unis, avec objectif d'arriver aux 250 000 barils par jour en 2025, dans un marché sur lequel ils ont beaucoup été implantés et qu'ils n'ont jamais réellement quitté. Ils avaient des licences pour maintenir leurs activités, mais pas pour investir, ni pour extraire à nouveau », dit-il.

« Donc, ce n’est pas un marché prioritaire pour Chevron. Maintenant, c'est quelque chose de substantiel. Chevron est complètement dépendant des choix de l'administration Biden à l'égard du Venezuela pour des raisons qui sont complètement extérieures à Chevron et d'une pression migratoire réelle des Vénézuéliens aux États-Unis.» « Au vu de la crise économique, estime le spécialiste du Venzuela, cette pression migratoire est en partie la conséquence de ces sanctions, États-Uniennes. »

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