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Récit

Bolivie: narcotrafiquant le plus recherché de la région, Sebastian Marset continue de narguer les autorités

Dans un nouvel entretien diffusé dimanche 26 novembre dans les médias uruguayens, le baron de la drogue Sebastian Marset continue de ridiculiser les autorités boliviennes pour l'échec de leur opération censée le capturer en juillet dernier.

Capture tirée d'une vidéo diffusée le 2 août 2023 montrant le trafiquant de drogue uruguayen Sebastian Marset.
Capture tirée d'une vidéo diffusée le 2 août 2023 montrant le trafiquant de drogue uruguayen Sebastian Marset. AFP - HANDOUT
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De notre correspondante à La Paz,

Cette histoire tend à devenir une mauvaise blague qui se répète. Uruguayen de 32 ans, Sebastian Marset, qui échappe à la justice depuis des années, est apparu dimanche dans une interview enregistrée clandestinement pour revenir notamment sur sa fuite de Bolivie.

Le criminel est connu comme « l'homme aux mille visages », en raison de sa capacité à obtenir de fausses identités. Il est devenu l'un des hommes les plus recherchés par Interpol et Europol et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent. Il est impliqué dans le transport de cocaïne vers l'hémisphère nord et est soupçonné d'être à l'origine de l'assassinat du procureur paraguayen Marcelo Pecci, perpétré en Colombie en mai 2022.

Arrêté une première fois en 2013 en Uruguay, Marset purge une peine jusqu'en 2018. Date à laquelle il quitte son pays et reprend ses activités criminelles dans la région. En 2021, il part du continent latino et tente de rejoindre la Turquie, mais se retrouve détenu à Dubaï, parce qu'il voyage avec un faux passeport paraguayen. Depuis la prison émirienne, il s'occupe du passeport uruguayen et met un terme à sa captivité.

Fin juillet 2023, il est localisé à Santa Cruz, dans l'est de la Bolivie, et le gouvernement lance alors une vaste opération policière pour tenter de le capturer. Mais le criminel réussit à échapper au raid des forces de sécurité avec sa famille et, dès lors, il tourne les autorités boliviennes en ridicule. Et ce, notamment, parce qu'il déclare avoir été prévenu, sûrement par les autorités elles-mêmes, pour prendre la fuite.

Une fuite permise par la corruption ?

Dimanche, le trafiquant de drogue, toujours en fuite, a révélé des détails sur son évasion de Bolivie lors d'une interview exclusive à la télévision uruguayenne, et il a de nouveau affirmé qu'on l'avait aidé à s'enfuir de Santa Cruz. « Ils m'ont informé (de l'opération). J'ai fait deux valises avec mes vêtements, ceux des enfants et je suis parti. »

Cette version a été démentie par le ministre du gouvernement, Eduardo del Castillo. Pour lui, « tout n'est que mensonge », et en parlant mal de la Bolivie, Marset « confirme que la police est sur la bonne voie dans ses enquêtes pour tenter de démanteler son organisation criminelle ».

Ce n'est pas la première fois que Marset envoie des messages par l'intermédiaire de la presse. Il l'avait fait cet été, en août, dans sa fuite. Dans cette nouvelle interview, le trafiquant se rit de la corruption en Bolivie et déclare que « pour mettre fin au trafic de drogue, il faut d'abord mettre fin à la corruption de la police et des politiciens. Et ils sont nombreux. »

Il est notamment revenu sur une somme importante, plus de 400 000 dollars, qu'il aurait laissée dans l'une de ses propriétés à Santa Cruz lors de sa fuite. Il a rappelé que la police avait offert une récompense de 100 000 dollars à quiconque donnerait des indices sur sa localisation, mais qu'elle n'avait rien dit des 300 000 dollars restants. À cet égard, le ministre a déclaré que l'argent se trouvait dans les bureaux de l'État.

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La Bolivie dans le trouble

S'il demeure difficile de vérifier les dires de Marset, avec ces déclarations et en affirmant avoir pu profiter de la corruption, il ne cesse de décrédibiliser la Bolivie. Et cette affaire sème le trouble en Bolivie. Car même si le ministre Eduardo del Castillo se défend de toutes ces accusations, le mal est fait : le doute est semé.

Au Parlement, certains membres regrettent qu'un trafiquant de drogue fasse de la Bolivie « la risée de la presse internationale » et que les Boliviens soient ainsi « humiliés à cause des liens entre le MAS (le parti au pouvoir) et le trafic de drogue ».

Mais cette prise de parole n'interroge pas seulement sur l'échec de son arrestation, elle soulève également des questions sur les éventuelles insuffisances des contrôles internationaux des passeports. Au Paraguay, une enquête est toujours en cours pour le retrouver. En attendant, Sebastian Marset continue d'être en liberté, en cavale, alors qu'il a six procès pénaux qui le suivent en Bolivie.

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