Attaque contre Cristina Kirchner en Argentine: acte isolé ou complot?
Le 1er septembre dernier, un homme pointait une arme à bout portant sur la vice-présidente argentine, Cristina Kirchner et appuyait sur la détente sans que le coup parte. Un mois après cet attentat, quatre personnes sont en détention provisoire.
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De notre correspondant à Buenos Aires,
Les médias argentins les ont rapidement surnommés « la banda de los copitos », « la bande de la barbe à papa », à cause des friandises qu’ils vendaient parfois ensemble dans les rues de Buenos Aires. Parmi ces quatre suspects, il y a d’abord l’assaillant, Fernando Sabag Montiel, un Brésilien de 35 ans, qui a été interpellé immédiatement après avoir essayé de tuer la vice-présidente alors qu’elle prenait un bain de foule devant chez elle.
Quelques jours plus tard, sa compagne de 23 ans, Brenda Uliarte, qui était présente sur les lieux le soir de l’attentat, a aussi été arrêtée. Tous deux ont été mis en examen pour tentative d’homicide aggravée avec préméditation.
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Un symbolisme issu des groupes néonazis
La juge Maria Capuchetti doit encore statuer sur le sort de deux connaissances du couple actuellement en détention provisoire. La première, Agustina Diaz, est une amie de Brenda Uliarte. Le second, Nicolás Gabriel Carrizo, présenté comme le chef de la bande, est le propriétaire d'un chariot de vente de sucreries. Pour l’instant, les motivations de chacun restent encore assez floues. L’analyse des téléphones et des ordinateurs des suspects a permis aux enquêteurs d’établir la concertation préalable entre Sabag Montiel et Uliarte, et semble indiquer que Diaz et Carrizo étaient au courant de leur projet.
Les deux suspects mis en examen présentent des profils assez marginaux, voire précaires. Leur degré de politisation reste incertain, même si le soleil noir tatoué sur le bras de Sabag Montiel renvoie à la symbolique néonazie. Tous deux avaient par ailleurs déjà fait preuve d’une hostilité manifeste à l’égard de Cristina Kirchner et du gouvernement.
Selon les médias argentins, la justice s’intéresse également à la nature des liens que Brenda Uliarte entretenait avec les membres d’un groupuscule d’extrême droite baptisé « Revolución federal ». Deux semaines avant l’attentat, elle aurait participé avec eux à une manifestation pendant laquelle des torches ont été jetées sur la Casa Rosada, le palais présidentiel, et où l’on pouvait voir des pancartes avec l’inscription : « la prison, ou une balle pour Cristina ».
Un climat de tension politique
Cristina Kirchner a estimé la semaine dernière que le procès pour corruption et fraude dans lequel 12 ans de prison ont été requis contre elle avait créé un climat propice à cet attentat. La vice-présidente, figure à la fois très influente et très clivante de la vie politique argentine, a également laissé entendre que cette attaque pourrait s’inscrire dans un complot plus large dirigé contre elle. Selon ses propres mots, « personne ne peut penser que cette bande a pensé et planifié ce qu'ils ont fait ».
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À l’inverse, son rival politique, l’ex-président Mauricio Macri a, quant à lui, estimé il y a une dizaine de jours que cet attentat était un « acte isolé » commis par « un petit groupe de barjots » qui ont agi « sans orchestration politique ». Une chose est sûre, cet attentat et les questions qui l’entourent alimentent la « grieta », terme utilisé en Argentine pour décrire la polarisation extrême de la société et la violence du débat public qui en découle.
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