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L'Argentine sous le choc après la tentative d'assassinat visant Cristina Kirchner

En Argentine, de nombreuses manifestations ont eu lieu ce vendredi 2 septembre, en soutien à Cristina Kirchner. Ils étaient des dizaines de milliers à Buenos Aires. La vice-présidente a été attaquée jeudi soir en bas de son domicile, à Buenos Aires, par un homme armé qui l’a visée à bout portant alors qu'elle était entourée de ses partisans.

Une partisane de Cristina Kirchner photographiée à Buenos Aires ce vendredi 2 septembre 2022, au lendemain de la tentative d'assassinat de la vice-présidente argentine.
Une partisane de Cristina Kirchner photographiée à Buenos Aires ce vendredi 2 septembre 2022, au lendemain de la tentative d'assassinat de la vice-présidente argentine. AFP - LUIS ROBAYO
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Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce vendredi pour défendre la démocratie et montrer leur solidarité avec la vice-présidente Cristina Kirchner, qui avait échappé la veille à une attaque au pistolet à bout portant.

Avec ses chants et ses tambours, le folklore des militants péronistes était là. Mais ce vendredi, il n’y avait pas que du folklore et des militants. La manifestation place de Mai a réuni des foules comme on n’en voyait plus depuis longtemps, bien au-delà des seuls péronistes. Belén est politologue, de gauche mais sans appartenance politique : « Voir, hier soir à la télé, une personne mettre en joue notre vice-présidente, nous a démontré le danger que représentent certains groupes extrémistes qu’on voit au Brésil, aux États-Unis et en Europe ! » Luz, étudiante, membre d’une organisation de jeunesse péroniste, est venue manifester avec des amis non politisés : « En famille, avec les enfants, c’était une ambiance très agréable, et ce dont nous avions besoin pour pouvoir défendre la démocratie »…

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Reportage : des dizaines de milliers de personnes place de Mai

Jean-Louis Buchet
Toute la journée, l'émotion était perceptible en Argentine après la tentative d'assassinat ayant visé Cristina Kirchner. Indépendamment de l'opinion de chacun sur la vice-présidente, une personnalité pour le moins clivante, toute la classe politique a condamné l'agression, constatait notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet.

Celle-ci a été qualifiée par la justice de tentative de meurtre, puisque l'homme a bien appuyé sur la détente, à quelques centimètres du visage de la vice-présidente. Mais la balle n'est pas partie et l'agresseur a pu être maîtrisé et arrêté.

Selon le journal argentin Clarín, il s'appelle Fernando Andrés Sabag Montiel, « un Brésilien de 35 ans », de mère argentine, résidant dans le pays depuis des années, et il « porte des tatouages avec des références nazies ».

D'après l'étude de ses réseaux sociaux, il fréquente assidûment des sites conspirationnistes. D'où le fait que l'on puisse penser que l'attaque pourrait être l'œuvre d'un déséquilibré peu habitué aux armes et agissant seul.

L'évènement a fait la Une de la presse argentine. Une photo, impressionnante, montre un pistolet au premier plan, pointé sur le visage de Cristina Kirchner, souriante, qui ne l’a pas encore vu.

Photo publiée par l'agence de presse Telam, montrant la main armée de l'agresseur de Cristina Kirchner, devant sa résidence à Buenos Aires, le 1er septembre 2022.
Photo publiée par l'agence de presse Telam, montrant la main armée de l'agresseur de Cristina Kirchner, devant sa résidence à Buenos Aires, le 1er septembre 2022. AFP - -

Les kirchneristes, et plus généralement les péronistes, accusent l'opposition, les médias et la justice d'avoir suscité un climat de haine contre l'ancienne cheffe de l'État. Cristina Kirchner comparaît en ce moment dans un procès où elle est accusée de corruption. Une peine de douze ans de prison a été requise à son encontre. C'est ce climat, selon les kirchnéristes, qui aurait armé le bras du tireur.

Le journal La Nacion  affirme néanmoins qu'« un attentat contre la vice-présidente ne peut être utilisé pour faire taire les voix critiques ni stopper les enquêtes nécessaires sur les scandaleuses affaires de corruption publique impliquant Cristina Kirchner. »

►À écouter : Tentative d'assassinat de la vice-présidente argentine : Kirchner « divise par son style politique »

Le président argentin Alberto Fernández avait déclaré la journée de vendredi fériée, pour permettre à la population d'être solidaire de son ex-présidente et actuelle vice-présidente, et réagi, dans une allocution télévisée :  

Cet événement est extrêmement grave, c'est le plus grave depuis que nous avons restauré notre démocratie. L'Argentine n'a pas une minute à perdre. Le temps presse. Il est nécessaire de bannir la violence du discours politique et médiatique et de notre vie en société. J'appelle tous les Argentins et toutes les Argentines, tous les responsables politiques et sociaux, j'appelle les médias et la société en général, à rejeter toute forme de violence. Nous devons réfuter et même répudier tous les mots disqualifiants, stigmatisants et offensants qui ne font que nous diviser et nous monter les uns contre les autres.

00:42

Alberto Fernández, président de la Nation argentine

Joris Zylberman

Le journal Hoy en la noticia rapporte que « les marches de soutien à la vice-présidente se multiplient » dans le pays. L'initiative a été lancée dans la nuit par la coalition de centre gauche au pouvoir. Vers 20 heures (heure française), certaines colonnes étaient déjà lancées vers la place de Mai, devant la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin, laissant présager une foule massive en fin de journée.

Les partisans de Cristina Kirchner, rassemblés ce vendredi 2 septembre sur la place de Mai, à Buenos Aires, devant la Casa Rosada, au lendemain de la tentative d'assassinat subie par la vice-présidente argentine.
Les partisans de Cristina Kirchner, rassemblés ce vendredi 2 septembre sur la place de Mai, à Buenos Aires, devant la Casa Rosada, au lendemain de la tentative d'assassinat subie par la vice-présidente argentine. AFP - JUAN MABROMATA

Pour Denis Merklen, professeur de sociologie à la Sorbonne nouvelle, directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (IHEAL), cette situation résulte d'un climat de tension qui règne depuis bien longtemps déjà.

Ce sont les conséquences d'une désorganisation totale de la société argentine. Rappelons que, jusqu'à il y a vingt ou trente ans, la société argentine était une des sociétés les plus intégrées du continent sud-américain. Aujourd'hui, elle ne l'est plus, du fait d'une crise économique terrible en 2001, qui a désorganisé quasi complètement la société. Elle a ensuite oscillé entre des gouvernements conservateurs et ultralibéraux et des gouvernements populistes inspirés par le péronisme, plutôt progressistes. Les enjeux politiques ne sont que les oscillations d'un pendule qui passent d'un côté à l'autre, ce qui exprime la division de la société.

00:51

Denis Merklen, professeur de sociologie à la Sorbonne nouvelle, directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (IHEAL)

Jean-Baptiste Marot

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