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Le Bénin interdit aux navires de charger du pétrole nigérien tant que Niamey ne rouvre pas sa frontière

RFI a appris que le Bénin a décidé de bloquer l’embarquement du pétrole nigérien à partir de la plateforme de Sèmè Kpodji, au Bénin, où atterrit l’oléoduc. Le pipeline, de près de 2 000 km, conduit le pétrole nigérien, depuis Agadem jusqu’au Bénin.

Une photo montrant la circulation sur le pont traversant le fleuve Niger entre le Niger et le Bénin, le 9 octobre 2022 près de Gaya (Image d'illustration).
Une photo montrant la circulation sur le pont traversant le fleuve Niger entre le Niger et le Bénin, le 9 octobre 2022 près de Gaya (Image d'illustration). © BOUREIMA HAMA / AFP
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Avec notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan

Les relations sont tendues entre les deux pays, depuis le coup d’État du général Tiani et plus tendues encore lorsque Niamey a maintenu ses frontières fermées, malgré l’ouverture effective côté Bénin.

La décision de Cotonou a été prise au plus haut niveau de l’État, ce lundi 6 mai, et notifiée à l’ambassadeur de Chine au Bénin et à la société de gestion du pipeline. C’est le ministre d’État des Finances et de la Coopération qui a été mandaté pour le faire apprend RFI. Dans la pratique, le Bénin interdira ses eaux aux bateaux qui viendront pour embarquer le pétrole nigérien pour l’exportation, confie un proche du dossier. En jeu : 90 000 barils par jour.

Le président Patrice Talon, après avoir été intransigeant avec les putschistes du 26 juillet 2023 puis favorable à une éventuelle intervention militaire pour rétablir la démocratie nigérienne, avait fini par assouplir sa position. Il avait déclaré qu’il voulait normaliser ses relations avec le Niger. Lorsque la Cédéao décide de la levée des sanctions économiques en décembre, le président béninois ordonne l’ouverture des frontières, mais, à ce jour, elles restent encore fermées côté nigérien. Le Bénin ne comprend pas. « Le Bénin a montré sa bonne foi, le Niger n’a encore rien donné en retour », commente un proche du dossier. 

Fin avril, les premières gouttes de pétrole avaient jailli sur la plateforme à Sèmè Kpodji au Bénin. On attendait une inauguration qui n’a jamais eu lieu. Ceci explique peut-être cela. 

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Un différend sur l'inauguration de la plateforme pétrolière de Sèmè Kpodj aurait provoqué cette décision. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Selon une source béninoise proche du dossier, Cotonou n'aurait pas digéré le fait d'être ignoré par les autorités nigériennes dans l'organisation de cette inauguration. Elle devait se tenir la semaine prochaine mais Niamey refuserait tout dialogue, passant uniquement par la compagnie chinoise qui exploite le pipeline. La China National Petroleum Corporation (CNPC) qui, selon cette source béninoise, comprend la décision du gouvernement.

En bloquant le pétrole nigérien, Cotonou espère en fait que la CNPC fasse pression sur Niamey pour une réouverture de sa frontière. Le Bénin estime avoir fait suffisamment de gestes d'apaisement avec le Niger sans n'avoir rien obtenu en retour. La stratégie économique nigérienne repose en grande partie sur cette manne pétrolière. En coupant le robinet, le gouvernement de Patrice Talon met donc les autorités nigériennes devant le fait accompli pour une réouverture de la frontière.

Le degré d'interdépendance des deux économies est important : avant le coup d'État au Niger, près de 1 000 camions franchissaient quotidiennement la frontière. Depuis, Niamey a diversifié ses routes commerciales, passant davantage par le Burkina Faso, le Togo, le Nigeria. Mais beaucoup estiment toujours que c'est l'économie nigérienne qui est la plus pénalisée par cette fermeture de frontière.

Côté béninois, on explique que la réouverture est avant tout symbolique. « Nos populations ne peuvent pas traverser et cela envoie un mauvaise message », estime la source de RFI.

Pour Cotonou, la balle est dans le camp de Niamey : le projet reprendra quand le dialogue autour de la réouverture de la frontière aura progressé, dit-on à Alexis Bédu, du service économie de RFI. Jusqu'à présent, la junte nigérienne n'a pas réagi : aucun commentaire officiel sur le blocage du pétrole.

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