Accéder au contenu principal

«Nome», chronique filmée de la révolution bissau-guinéenne

C’est le troisième film de Sana Na N’Hada qui sort ce mercredi 13 mars sur les écrans en France. À travers les épreuves du jeune Nome, forcé de quitter son village pour rejoindre les guérilleros opposés à l’armée coloniale portugaise, le réalisateur bissau-guinéen filme une chronique - aussi envoûtante que critique - de la révolution bissau-guinéenne.

« Nome », un film du réalisateur bissau-guinéen Sana Na N’Hada.
« Nome », un film du réalisateur bissau-guinéen Sana Na N’Hada. © Spectre Productions
Publicité

Guinée-Bissau, 1969. Une guerre violente oppose l’armée coloniale portugaise aux guérilleros du Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée. Le jeune Nome quitte son village et rejoint le maquis. Après des années, il rentrera en héros, mais la liesse laissera bientôt la place à l’amertume et au cynisme.

C’est une fresque historique, une plongée d’un souffle inouï dans la Guinée des Indépendances. À la fin des années 1960, en pleine guerre de Libération, le jeune Nome, paria dans son village, rejoint le combat contre le colonisateur portugais. 

« Je suis un peu déçu de voir ce qu’est devenue cette indépendance »

Avec ce film d’une grande beauté visuelle, où fiction et images d’archives se nourrissent mutuellement, Sana Na Nahda reconstitue, 40 ans plus tard, l’épopée d’une guerre d’indépendance qu’il a lui-même traversée.

« Je voulais faire un film pour rappeler comment ma famille, et d’autres familles de mon village se sont retrouvées en plein conflit colonial, pour montrer comment nous avons vécu ça. Et ce que cela a entraîné comme souffrance. Une indépendance totale et immédiate, c’était le programme du parti, mais aujourd’hui, je suis un peu déçu de voir ce qu’est devenue effectivement cette indépendance. On ne s’attendait pas à entendre : "la guerre est finie, au revoir". »

« On m’a gâché ma vie »

Sana Na N’Hada, né en 1950 à Exalé et aujourd’hui mémoire vivante de l’Histoire et du cinéma de Guinée-Bissau, a lui-même vécu ces lendemains qui déchantent. « À l’époque, le cinéma n’existait pas en Guinée. Vous savez, nous avons créé l’Institut national du cinéma. On m’a dit : il n’y a personne pour te remplacer, il faut que tu restes ! Donc, je suis resté et, jusqu’à aujourd’hui, tout ce que j’ai fait comme film, c’était mon initiative. Sinon, tout ce qu’on m’a donné à faire, ce sont des reportages sur des meetings politiques. On m’a gâché ma vie, mais je suis là. »

Choix audacieux, mais payant, Sana Na N’Hada mêle à la fiction des images d’archives en noir et blanc, qu’il a pour certaines tournées lui-même. Ces visages arrachés au passé confèrent à Nome une touche fantomatique qui se fond dans l’imaginaire de ce film fascinant, aux multiples niveaux de lecture.

Le cinéaste bissau-guinéen Sana Na N'Hada en septembre 2023.
Le cinéaste bissau-guinéen Sana Na N'Hada en septembre 2023. © Liliana Henriques / RFI

 

À lire aussi«Nome», filles de la révolution, entretien avec le réalisateur Sana Na N'Hada et le coproducteur de « Nome », Olivier Marboeuf

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.