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Procès Dabo Boukary au Burkina: le général Gilbert Diendéré nie toute implication

Dabo Boukary, étudiant en septième année de médecine, avait été enlevé et torturé à mort par les soldats de la sécurité présidentielle en mai 1990. Le procès s'est ouvert ce lundi 19 septembre.

Le général burkinabè Gilbert Diendéré lors du procès de l'assassinat de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 11 octobre 2021. (photo d'illustration)
Le général burkinabè Gilbert Diendéré lors du procès de l'assassinat de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 11 octobre 2021. (photo d'illustration) © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP
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Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Appelé à la barre au premier jour du procès, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba a nié avoir servi de guide aux soldats de la sécurité présidentielle, en mai 1990. « Je n’ai pas accompagné de soldats pour montrer les domiciles, ni identifier aucun étudiant sur des photos », a-t-il soutenu durant l’audience. « Je n’avais aucun rapport avec ces soldats » a-t-il martelé.

L’accusé a soutenu n’avoir pas connu l’étudiant Dabo Boukary, son aîné a la faculté de médecine. Étonnement de Me Prosper Farama, l’un des avocats de la famille Dabo : « Vous étiez en médecine et vous ne connaissiez pas Dabo Boukary, qui était en septième année dans la même faculté ! »

Les soldats n'ont « pas agi sous mon commandement », insiste Gilbert Diendéré

Le général Gilbert Diendéré, chef de corps du centre d’entraînement commando de Pô au moment des faits, a rejeté toute participation à l’arrestation des étudiants en mai 1990. « C’est autour de 23 heures qu’un soldat m’a informé qu’un civil avait trouvé la mort au sein du conseil de l’entente », a-t-il dit, avant de poursuivre : « Je suis allé immédiatement réveiller le président du Faso pour l’informer. »

Le tribunal a insisté : les soldats à l’origine de l'arrestation de Dabo Boukay et de sa torture n'étaient-ils pas sous votre commandement ? « Ils étaient sous mon commandement, mais ils n’ont pas agi sous mon commandement », a rétorqué le général Diendéré.

Face à la cour de justice, Gilbert Diendéré a indiqué qu'après le décès de l’étudiant, feu Salifou Diallo, proche collaborateur de Blaise Compaoré, aurait ordonné l’inhumation du corps à Pô, une centaine de kilomètres au sud de la capitale. Me Mathieu Somé, l’un des avocats du général Gilbert Diendéré, martèle à propos de son client : « Ce qu'il n'a pas fait, il ne peut l'expliquer à la place des autres. Il a été constant et a véritablement dit ce qu'il savait. »

La famille de Dabo Boukary attend de savoir enfin toute la vérité

Mais selon Me Prosper Farama, l’un des avocats des familles, le récit fait par les deux accusés contient beaucoup de contradictions : « Je ne pense pas qu'un chef militaire ait besoin de réveiller un chef de l'Etat la nuit pour lui dire qu'un étudiant a été molesté et assassiné par un de ses éléments ! Il a dit que Gaspard Somé (l'un des militaires accusé d'avoir participé à la mise à mort de Dabo Boukary, ndlr) ne pouvait avoir agi par lui-même s'il n'avait reçu d'instruction. Et il a précisé : soit de Blaise (Compaoré, ndlr), soit de Salifou Diallo. »

Trente-deux ans après les faits, la famille de Dabo Boukary espère savoir toute la vérité sur son assassinat. Issa Dabo, le neveu de l’étudiant assassiné, confie : « Nous osons croire que la vérité va vraiment surgir. Que la famille soit soulagée et puisse enfin faire vraiment son deuil. »

Les témoignages d’une vingtaine de personnes, notamment d’anciens étudiants, sont attendus, pour  situer les responsabilités sur les faits ayant entraîné la mort de Dabo Boukary. Le troisième accusé, le sergent Victor Magloire Yougbaré, serait en fuite selon le parquet. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt.

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