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Tunisie

Tunisie: Beji Caïd Essebsi épinglé dans le rapport de l'Instance vérité et dignité

L'Instance vérité et dignité (IVD), chargée de rendre justice aux victimes des dictatures en Tunisie dès l'indépendance et jusqu'à 2013, met en cause le président tunisien. Dans son rapport basé sur des milliers de témoignages, elle met en cause des personnes toujours actives en politique et dans les médias. L'actuel président, Béji Caïd Essebsi, est notamment pointé du doigt pour son rôle joué alors qu'il était ministre sous la présidence de Bourguiba. Son parti, Nidaa Tounès, le présente comme candidat à sa réélection pour la prochaine présidentielle.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi, lors d'une cérémonie d'hommage aux victimes de l'attaque contre le musée national du Bardo, à Tunis, le 18 novembre 2016.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi, lors d'une cérémonie d'hommage aux victimes de l'attaque contre le musée national du Bardo, à Tunis, le 18 novembre 2016. FETHI BELAID / AFP
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Les faits remontent aux années 1960. L'actuel président était directeur de la Sûreté nationale en 1962 puis ministre de l'Intérieur en 1965 sous le président Habib Bourguiba, le premier chef d'État à diriger la Tunisie après l’indépendance.

Le rapport décrit une répression particulièrement « sauvage » exercée sous la présidence Bourguiba. Parmi les victimes déclarées, Moncef El Materi, aujourd'hui âgé de 84 ans, emprisonné de 1962 à 1973 pour complot contre Bouguiba. Celui-ci a déclaré avoir été brutalement puni après s'être plaint devant Beji Caïd Essebsi de ses conditions abjectes de détentions. Selon l'IVD, le président actuel visitait alors la prison en tant que directeur de la Sûreté. Il aurait répliqué au prisonnier : « Tu es toujours têtu ! » Moncef El Materi a ensuite été attaché et privé de la visite de sa famille

Le rapport souligne que « les investigations effectuées par l'instance ont prouvé que la torture était systématique et planifiée par les hauts responsables des affaires sécuritaires ». Ces hauts responsables ont « ordonné, incité, accepté et se sont tus sur la torture des victimes durant l'exercice de leurs fonctions » à cette époque.

Selon la même source, les ministres de l'Intérieur de Bourguiba, dont Beji Caïd Essebsi, « étaient au courant que leur dirigeant avait commis des violations graves ». Et de conclure que ces ministres sont responsables pénalement, au regard du droit international, car « ils n'ont pas rempli le devoir qui leur incombe, en vertu des traités et conventions internationales, de protéger les détenus ».

Une copie de ce rapport sera remise ce jeudi 4 avril à l'ONU, à Genève.

Habib Bourguiba décore Beji Caïd Essebsi, ministre de l'Intérieur du Grand Cordon de l'indépendance, le 1er juin 1966.
Habib Bourguiba décore Beji Caïd Essebsi, ministre de l'Intérieur du Grand Cordon de l'indépendance, le 1er juin 1966. wikipedia

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