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Zimbabwe

Zimbabwe: les raisons de la hausse des prix du carburant

La confédération syndicale du Zimbabwe appelle à la grève à partir de ce lundi 14 janvier. En cause, la récente décision du gouvernement d'augmenter drastiquement le prix du carburant. Le gouvernement tente d'enrayer sa plus grave pénurie de produits pétroliers depuis dix ans. Une mesure impopulaire qui a suscité la colère dans un pays qui est au bord de l'effondrement. Le litre de diesel est passé de 1,36 dollar américain à 3,11. Celui d'essence de 1,24 dollar américain à 3,31.

Les files d'attente aux stations-service deviennent interminables, ici à Harare, le 10 janvier.
Les files d'attente aux stations-service deviennent interminables, ici à Harare, le 10 janvier. REUTERS/Philimon Bulawayo
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L'objectif est d'enrayer la pénurie de carburant. La plus grave depuis dix ans au Zimbabwe. Le ministre des Finances a expliqué que les prix des produits pétroliers étaient inférieurs à ceux pratiqués dans les pays voisins.

Résultat, cela encourage le marché noir. Le carburant est acheté pour être revendu plus cher à l'étranger plutôt qu'utilisé dans le pays. En alignant les tarifs officiels sur les prix du marché parallèle, cela pourrait mettre fin à certaines tentations.

La confédération syndicale du Zimbabwe estime qu'il s'agit d'une mesure « provocatrice qui va ajouter encore plus de misère à la souffrance des classes laborieuses ». Elle lance sur Twitter un appel à la population pour qu'elle n'aille pas travailler à partir de lundi. Le porte-parole de l'opposition, lui, dénonce une hausse qui devrait provoquer une augmentation de tous les autres produits. Jacob Mafume en profite pour taper sur le pouvoir, en pointant « l'incapacité de la Zanu-PF à gouverner et à rendre le Zimbabwe prospère. »

Un lien avec la crise monétaire

Selon certains analystes, cette situation est en partie liée à la crise monétaire que traverse le Zimbabwe. Le pays manque de liquidité, notamment en dollars et les « bond-notes », les coupons monétaires, se sont dépréciés.

Mise en circulation en 2016 sous forme d'obligation pour faire face au manque de dollars américains, cette sorte de monnaie avait à l'origine la même valeur que le billet vert. Valeur qui a vite dégringolé, faute de confiance des acteurs économiques. Aujourd'hui sur le marché noir, il faut environ 3 coupons pour un dollar. Et la faiblesse de cette « monnaie » rend les prix d'autant plus attractifs pour les pays voisins.

Pour remédier au problème, le gouvernement a confirmé que le dollar zimbabwéen serait réintroduit d'ici à la fin de l'année.

En attendant, pour tenter de limiter la colère face à cette flambée des prix du carburant et éviter une répercussion sur les autres biens de consommation, le président Emmerson Mnangagwa a promis que les entreprises du pays bénéficieraient d'un rabais.


► ANALYSE

Selon Daniel Ndlela, directeur général à Zimconsult Economic Planning, la pénurie de carburant s'explique par l'absence de devise convertible, qui contraignait l'Etat à acheter le carburant à un prix supérieur au prix auquel il était revendu.

« Le gouvernement a décidé de l'augmenter parce qu'il vendait le carburant à bas prix. Au Zimbabwe, il était moins cher que dans le reste de la région. Par conséquent, certains vendaient le carburant en contrebande à l'étranger pour se faire plus d'argent.

La pénurie de carburant est liée au fait que le pays n'a pas de devise convertible. Et sans devise, ils importaient le carburant plus cher qu'ils ne le vendaient. Car quand ils disent qu'un dollar américain est équivalent à un bond-note, un coupon monétaire, ce n'est pas vrai.

On ne peut pas dire que cette augmentation est une bonne solution, mais c'est une décision réaliste, parce que cela ramène le carburant au prix du marché. En Europe, dès que l'euro est bas, les prix changent.

Et la valeur du coupon monétaire est en fait vraiment très basse par rapport à celle du dollar américain. Donc on ne peut pas faire comme si c'était équivalent. »

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