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RDC / Justice internationale

CPI: des soutiens de Jean-Pierre Bemba se mobilisent pour sa libération

JOur J pour le verdict de la Cour pénale internationale dans le procès en appel de Jean-Pierre Bemba. En première instance, la CPI avait condamné l'opposant congolais à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. A l'approche du verdict en appel, des voix se sont élevées pour demander sa libération. Mais pour les victimes, il est impensable que Jean-Pierre Bemba sorte libre de cette audience.

Jean-Pierre Bemba, à La Haye, ce lundi 21 mars 2016.
Jean-Pierre Bemba, à La Haye, ce lundi 21 mars 2016. REUTERS/JERRY LAMPEN/Pool
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Il y a eu ce courrier de l'ancien diplomate américain Herman Cohen à la CPI, le 25 mai, dans lequel il estime que Jean-Pierre Bemba « est demeuré suffisamment longtemps derrière les barreaux » et doit désormais « recouvrer sa liberté en vue d'assumer son leadership politique ».

Il y a eu ensuite cette déclaration de Fidèle Babala, le bras droit de l'opposant, expliquant que Jean-Pierre Bemba reste le « candidat naturel » de son parti le MLC pour la présidentielle prévue le 23 décembre.

De son côté, l'ex-Premier ministre (2008-2012) Adolphe Muzito rappelle que Jean-Pierre Bemba n'était pas en Centrafrique entre 2002 et 2003 au moment où les crimes ont été commis. « Il n'a pas été directement sur le terrain pour poser ces actes. Il assume la responsabilité en tant que leader tout simplement et les sanctions qu'il vient de subir pendant dix ans sont amplement suffisantes. Qu'on le laisse venir remplir sa mission au pays, et créer un nouveau rapport de force parce qu'il est encore populaire, il a une base politique, qu'il joue le rôle qui est le sien au sein de la classe politique congolaise. »

La CPI ne cèdera pas aux pressions

Réponse du représentant de la CPI à Kinshasa, Patrick Tshibuyi : ces déclarations n'influenceront pas le verdict.

Chacun peut émettre des opinions, chacun peut émettre un souhait sur le travail de la Cour pénale internationale, mais cela n’a aucun impact sur le travail que font les juges.

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Patrick Tshibuyi, représentant de la CPI à Kinshasa

Florence Morice

La Cour pénale internationale le confirme donc : elle ne cèdera à aucune pression politique. C'est aussi l'appel du porte-parole du gouvernement centrafricain.
Pour Ange-Maxime Kazagui, l'enjeu de ce verdict est de rendre justice aux milliers de victimes centrafricaines. « Nous ne voulons pas nous immiscer, nous savons simplement que ses troupes étaient ici en Centrafrique, il y avait certainement un commandement et nous ne voulons rien qualifier mais nous estimons que les responsabilités doivent être dégagées, les Centrafricains ont droit à la justice. »

C'est tout l'enjeu de ce procès. Le premier de la CPI où un supérieur hiérarchique est poursuivi. Pour sa responsabilité en tant que commandant, c'est aussi la principale ligne de défense des avocats de l'ancien vice-président de République démocratique du Congo.

La longue attente des victimes

En Centrafrique donc, on observera de près le verdict en appel de Jean-Pierre Bemba, condamné en 2016 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis entre 2002 et 2003. A l'époque absents du pays, ses éléments du MLC avaient commis des exactions en RCA dans une campagne destinée à aider l'ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé menacé d'un coup d'Etat.

Aussi, pour les victimes, il est impensable que Jean-Pierre Bemba sorte libre de cette audience. Comme Marie-Chantal. Ce jour de novembre 2002, à la sortie de Bangui, elle a reçu des balles dans les pieds par les éléments du  Mouvement de libération du Congo et son mari a disparu. Elle est accompagnée de sa fille de 15 ans, née du viol de sa mère.

« J'ai accouché d'un enfant que je ne voulais pas. Et ces enfants qu'on a eus avec les Bayamolengué de Bemba ne peuvent pas aller à l'école parce qu'ils sont stigmatisés. Pour nous aussi les femmes, c'est pareil, on nous montre du doigt et on ne peut pas vivre normalement. C'est démoralisant. Beaucoup de gens sont morts et on a beaucoup souffert. Alors, pour ce jugement en appel, je fais vraiment confiance à la justice de la CPI, au procureur, aux avocats et au juge. »

Le verdict de Bemba, «baromètre de l'avenir de la RCA»

Bernadette Sayo a créé l'Ocodefad, une ONG d'aide et de défense des victimes, constituée partie civile lors du premier procès. Et au-delà de Jean-Pierre Bemba, ce sont toutes les crises qu'a connu la Centrafrique qui sont concernées

« On a attendu des années. Pendant des années, on est resté en veille. C'est-à-dire qu'on espère quelque chose. Le procès Bemba, demain, ce sera le baromètre de l'avenir de la RCA par rapport à la justice que tout le monde attend. »

De l'autre côté de la rivière Oubangui, en RDC, certains souhaitent pourtant la libération de l'ancien vice-président congolais, également criminel de guerre.

Pas un jugement sur le fond

Ce n’est pas un jugement sur le fond qui va être prononcé ce vendredi après-midi à La Haye, mais sur la qualité du jugement de première instance. En juin 2016, les juges de la CPI avaient estimé que, sans être sur le terrain, Jean-Pierre Bemba avait « dirigé une ample attaque contre la population civile ».

L’existence de ce lien hiérarchique, c’est ce que conteste aujourd’hui encore la défense, ça reste son principal point d’appel. L’ancien vice-président congolais affirme avoir mis ses troupes au service du président Ange-Felix Patassé. Le chef d’Etat centrafricain, aujourd’hui décédé en aurait assumé seul le commandement. Autre question à laquelle ce jugement devrait répondre.

La peine était-elle adaptée ? Dix-huit ans de prison, c’est la plus lourde condamnation à la CPI jusqu’ici, mais pour le bureau du procureur, c’est insuffisant. Si Jean-Pierre Bemba a été condamné pour plusieurs crimes, viols et meurtres comme crimes de guerre et contre l’humanité notamment, les juges de première instance avaient décidé de cumuler les peines et de ne garder que la plus grosse des condamnations.

Fin octobre 2002, les hommes de Jean-Pierre Bemba, 1 500 Congolais environ, sont envoyés à la rescousse du président de l'époque, Ange-Félix Patassé. L'objectif : repousser les rebelles du général Bozizé qui tentent de prendre le pouvoir en Centrafrique. Très vite, les témoignages de viols et de pillages commis par les miliciens de Jean-Pierre Bemba se multiplient.

04:35

Focus: Jean-Pierre Bemba bientôt fixé sur son sort

Léa-Lisa Westerhoff

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