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Guinée / France

Affaire Bolloré: Alpha Condé veut porter plainte pour dénonciation calomnieuse

En Guinée, le président Alpha Condé a annoncé jeudi 3 mai son intention de déposer une plainte en France pour « dénonciation calomnieuse » dans le cadre de « l'affaire Bolloré », l'homme d'affaires français mis en examen pour « corruption d'agent public étranger », « complicité d'abus de confiance » et  « faux et usage de faux ». Trois chefs d'inculpation qui concernent notamment les conditions d'obtention de la concession du terminal à conteneurs du port de Conakry attribué au groupe par décret présidentiel en mars 2011. Si le ministre guinéen de la Justice, avait assuré que la Guinée allait « collaborer avec la France » dans cette affaire, le président de la République ne s'était pas encore exprimé publiquement. Il l'a fait devant les journalistes réunis à l'occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse.

Le président guinéen Alpha Condé, à Paris, le 22 novembre 2017.
Le président guinéen Alpha Condé, à Paris, le 22 novembre 2017. PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
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Le chef de l'Etat a fustigé le récent classement de Reporter sans frontières dans lequel la Guinée figure à la 104e place, à cause selon lui, des journalistes guinéens qu'il accuse de ternir l'image du pays. Il a pris à titre d'exemple : la récente mise en examen de Vincent Bolloré.

« Aucun de vous n’a cherché ici à savoir quelle est la vérité, a lancé Alpha Condé. Je vais porter plainte en France pour dénonciation calomnieuse. J’ai décidé de porter plainte, mais vous qu’est-ce que vous faites ? Vous continuez à casser l’image du pays. »

Sidi Diallo, le président du Syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG), explique que les journalistes trouvent bien souvent porte close dans les ministères ou les institutions publiques : « Mais il faut aussi tenir compte des conditions de travail des journalistes. C’est pourquoi certaines enquêtes ne peuvent pas du tout aboutir. Certainement, ça peut être lié aussi à un manque de moyens. Mais aussi il y a un blocage au niveau des départements ministériels qui  ne voient pas d’un bon œil la presse privée ».

Un autre journaliste Amadou Tham Camara parle carrément d'omerta. Il est secrétaire général de l’Association guinéenne de la presse en ligne (Aguipel). Et il ne comprend pas qu'Alpha Condé ait pu reprocher aux journalistes de ternir l'image de la Guinée : « Le journaliste doit dire ce qui est. Il ne doit pas inventer. Il ne doit pas contribuer à ternir l’image du pays, mais il ne doit pas aussi mentir sur ce qui est. C’est ce que je sais du journalisme. Maintenant, c’est vrai que tout ne se passe pas bien et souvent, c’est cela l’information. Et ce n’est pas de nature à plaire au gouvernement ».

Les journalistes plutôt surpris par les propos d'Alpha Condé hier. D'autant plus qu'ils abordaient la rencontre, très contents que le président ait répondu à leur invitation. Ils ne s'attendaient pas à des déclarations si dures en cette Journée de la liberté de la presse.

Une longue procédure

Quand et contre qui portera-t-il plainte ? Le président n'en dira pas plus. « Il faut d’abord être certain d’obtenir une décision définitive des juridictions françaises qui pourraient aller dans le sens d’innocenter les personnes qui étaient visées, explique maître Boucounta Diallo, l’un des avocats du président guinéen. A partir de là, ces personnes sont fondées à poursuivre en justice pour dénonciation calomnieuse les auteurs de cette plainte. Mais il est nécessaire de disposer des éléments du dossier qui, pour le moment, à cause du secret de l’instruction, sont forcément indisponibles ».

Une telle action n'est donc possible que si la plainte est rejetée, classée sans suite ou que les accusés sont blanchis au terme d'une procédure qui peut durer plusieurs années.

Il faut que nous puissions faire des auditions. Des auditions publiques pour que les Guinéens soient informés de ce qui se passe et de comment est-ce que l'on a bradé toutes ses activités pour des intérêts peu honorables.

00:58

Ousmane Gaoual Diallo, député UFDG, demande une enquête parlementaire sur l'affaire Bolloré

Anne Cantener

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