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RDC

RDC: mouvement de panique après des tirs à la fin de la messe

Il y avait foule ce vendredi matin à la cathédrale Notre-Dame du Congo à Kinshasa. L'église était pleine pour une messe en mémoire des victimes du 31 décembre 2017, après la répression des marches des laïcs catholiques contre le maintien au pouvoir du président Kabila. Et à la sortie, quelques tirs ont été entendus provoquant un mouvement de panique.

Les diplomates et les opposants au premier rang lors de la messe en mémoire des victimes du 31 décembre 2017, à Kinshasa, le 12 janvier 2018.
Les diplomates et les opposants au premier rang lors de la messe en mémoire des victimes du 31 décembre 2017, à Kinshasa, le 12 janvier 2018. RFI/Florence Morice
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Cette messe de deux heures avait des allures de meeting par moment avec une foule qui se lève, qui applaudit, et demande même aux orateurs de répéter certains passages de leurs interventions. Ce fut le cas par exemple lorsque le porte-parole de l’épiscopat l’Abbé Donatien Nshole a une nouvelle fois appelé les Congolais à « barrer la route à toute tentative de confiscation du pouvoir » ou dénoncé « la diabolisation » du cardinal Monsengwo.

Ce dernier a échangé des passes d’armes verbales avec les autorités récemment et ce vendredi 12 janvier il a seulement dirigé la messe, laissant le soin à l’un de ses auxiliaires de dire l’homélie, très applaudie elle aussi.

Donatien Bafuidinsoni a eu des mots forts accusant les autorités de « cacher la vérité sur les morts » du 31 décembre. Rappelons que pour les autorités congolaises les morts recensés ce jour à n’ont rien à voir avec les marches, tandis que l’église a recensé six morts dont les noms ont été égrenés à trois reprises durant la messe. Il a aussi a annoncé que désormais le 31 décembre « resterait dans l’histoire comme le jour des martyrs de l’accord de la Saint-Sylvestre ».

Des slogans hostiles au président Kabila

« Si nous avons perdu un frère, une sœur, nous avons gagné des héros, a déclaré l’évêque auxiliaire, parce qu'ils ont mêlé leur sang à celui de tous ceux qui sont morts pour l'alternance au pouvoir, gage de la démocratie ». A ce moment-là l’église entière s’est levée pour applaudir.

Peu après la fin de la messe, une petite foule scandait des slogans hostiles au président Kabila devant la cathédrale Notre-Dame lorsque des tirs ont été entendus à l’extérieur. Selon des témoins, il y a d’abord eu des tirs de gaz lacrymogènes, puis des tirs de sommation.

Les fidèles ont couru de toute part. Beaucoup sont allés se réfugier au fond de la paroisse, là où se trouvait le cardinal Laurent Monsengwo qui venait de célébrer la messe. Des paroissiens choqués. « Même ici, ils tirent », a dit une religieuse. D’autant plus choqués, que de nombreuses personnalités avaient pris part à la messe : des opposants tels que Martin Fayulu, Vital Kamerhe ou encore Félix Tshisekedi, mais aussi plusieurs ambassadeurs occidentaux comme celui de l’Union européenne, du Canada, de la France, de la Belgique au premier rang. Des personnalités qui n’étaient plus sur place au moment des tirs.

Deux blessés selon la police

Pour justifier ces tirs, la police a publié un communiqué sur les réseaux sociaux. « A la fin de la messe à la cathédrale Notre-Dame de Lingwala, l'officiant du jour a demandé aux paroissiens et aux autres invités de regagner leur domicile ou leur lieu de travail. A l'étonnement général, le leader politique de l'UNC, Vital Kamerhe s'est fait suivre par un groupe de partisans qui ont immédiatement entamé une marche jusqu'à la hauteur du terrain Congo Loisirs. Et cette situation a créé un embouteillage sans précédent. A la demande pacifique de la police de se disperser, les manifestants ont répondu par des jets de pierre. Dans l'impératif de rétablir l'ordre public, les forces de l'ordre ont été amenées à les disperser  à coup de gaz lacrymogènes », détaille le colonel Mwanamputu, le porte-parole de la police dans ce communiqué. Il ajoute que le bilan fait été de « deux blessés légers, dont l'un aux pieds et l'autre à la hauteur de son nez ».

Cette messe a été marquée par des temps forts. Les noms des six victimes, recensées par l’Eglise, ont été égrenés, trois fois, et à chaque fois applaudis. L’auxiliaire de l’archevêque de Kinshasa a dénoncé les « mensonges » des autorités qui, selon lui, veulent « cacher » la violence de l’Etat.

Autre moment fort, le porte-parole de la Cenco qui s’est exprimé. L’abbé Donatien Nshole a redit que « l’Eglise était dans son rôle et qu’elle continuerait à appeler les Congolais à se mobiliser ». Une intervention ovationnée dans la cathédrale Notre-Dame.

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