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Mali / CPI

Procès Al Mahdi: une occasion d'en savoir plus sur l'occupation de Tombouctou

Le Malien Ahmed Al Faqi Al Mahdi a plaidé coupable, lors de la première journée de son procès devant la CPI, lundi 22 août. Il est accusé de crimes de guerre pour la destruction de neuf mausolées et d'une mosquée de Tombouctou classés à l'Unesco, à l'été 2012, alors que la ville était occupée par Aqmi et Ansar Dine. Cette première audience a été l'occasion pour l'accusation de revenir sur les structures mises en place par les jihadistes pour contrôler la ville à l'époque, et sur le rôle présumé de l'accusé dans ce système.

Le Malien Ahmed Al Faqi Al Mahdi lors de la première audience de son procès devant la CPI, le 22 août 2016 à La Haye, aux Pays-Bas.
Le Malien Ahmed Al Faqi Al Mahdi lors de la première audience de son procès devant la CPI, le 22 août 2016 à La Haye, aux Pays-Bas. REUTERS/Patrick Post/Pool
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Avec notre envoyée spéciale à La Haye,  Laura Martel

Lundi, devant la Cour pénale internationale, l’accusation a expliqué qu'au cours de l'occupation de Tombouctou par les jihadistes d'al-Qaïda au Maghreb islamique et d'Ansar Dine, un émirat tripartite dirigeait alors la ville. A savoir deux Algériens chefs de katiba d’Aqmi, Abou Zeid et Abou Hammam, et Abdallah Al-Chinguetti, un prêcheur mauritanien. A l'époque, les trois hommes collaborent étroitement avec le leader d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, qui les introduit auprès de populations dès les premiers jours de l'occupation.

Pour contrôler les habitants et instaurer la charia, plusieurs organes sont créés : le tribunal islamique, la police islamique, la « hisba » ou brigade des mœurs, ainsi que les bataillons de sécurité et la commission des médias. Soucieux de s’entourer de personnalités locales, Abou Zeid, sur les conseils d’Ag Ghali, confie la « hisba » à Al Mahdi, connu dans les milieux religieux. Il est chargé, en accord avec la vision des islamistes, de prévenir le vice et de promouvoir la vertu. C’est en cette qualité qu’il juge les mausolées illégaux et met en œuvre leur destruction.

Mais on le voit aussi conseiller Houka Houka, le président du tribunal islamique, et participer à l’application et la justification des peines. Toujours d’après l’accusation, Al Mahdi a été blessé en septembre 2012 dans l’accident de voiture qui a coûté la vie au chef d’Aqmi au Sahara, Nabil Makhloufi. Abou Zeid a alors envoyé son propre véhicule le récupérer. Autant d’éléments qui prouvent, selon l’accusation, qu'Al Mahdi était sans conteste l'un des hommes forts de l’occupation.

Poursuite du procès ce mardi 23 août à La Haye

L’accusation, qui doit toujours prouver la culpabilité, a encore la parole ce mardi. Malgré une enquête difficile, elle dispose de 700 images, photos, vidéos, documents et témoignages, a souligné le substitut du procureur, pour démontrer que les mausolées classés ne constituaient pas un objectif militaire et qu’au contraire, ces bâtiments ont été ciblés pour leur importance religieuse et traditionnelle. Il s'agira aussi, bien sûr, de déterminer avec précision le rôle qu’Al Mahdi a joué dans toutes les étapes de ces destructions.

L'accusé ayant plaidé coupable, seuls les éléments les plus probants sont présentés à la Cour : les aveux d’Al Mahdi recueillis sur cinq jours en 2015, des images satellites des mausolées, avant et après leur destruction, des documents abandonnés par les jihadistes ou encore des vidéos qui montrent Al Mahdi en train de détruire lui-même des mausolées, pioche à la main, ou qui justifie face caméra ces destructions. Des éléments étayés par trois témoignages qui ont débuté lundi, pour une grande partie à huis clos, et qui vont se poursuivre.

Sont appelés à témoigner des experts. L’un d'eux, par exemple, était chargé de dater et de géolocaliser les vidéos présentées à la Cour, afin qu’elles puissent avoir valeur de preuve. Un autre vient détailler le contenu de l’enquête, revenant notamment sur l’organigramme des jihadistes ou sur les rapports des experts scientifiques qui ont pu se rendre sur place juste après la reprise de la ville. Ce mardi en fin d'après-midi, on pourrait aussi entendre le représentant légal des victimes, défendant les intérêts de huit particuliers et associations dont l’identité a été gardée secrète pour raisons de sécurité.

01:04

Compte-rendu d'audience de notre envoyée spéciale, Laura Martel

RFI

Destruction des mausolées de Tombouctou : un des gardiens se souvient

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