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Journée spéciale sur RFI

Il y a un an, Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient tués à Kidal

Ghislaine Dupont et Claude Verlon de RFI ont été assassinés lors d’une mission à Kidal, le 2 novembre 2013. Cette date a depuis été déclarée par les Nations unies, journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes. L'enquête sur la mort de nos confrères se trouve dans une phase « décisive » a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, mercredi 29 octobre, affirmant que leur mort ne resterait «pas impunie». Le Mali leur a rendu hommage, jeudi, à Bamako. RFI rend hommage à ses deux journalistes tout au long de la journée. Retour sur leurs parcours.

Claude Verlon et Ghislaine Dupont à Kidal au Mali, en juillet 2013
Claude Verlon et Ghislaine Dupont à Kidal au Mali, en juillet 2013 RFI
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A la rédaction Afrique, Ghislaine Dupont était celle qui éteignait la lumière tard le soir. Des heures à attendre qu'un contact rappelle, des heures au téléphone, avec des ministres, des cultivateurs ou des rebelles, cartes d'Etat major dépliées sur le bureau, pour avoir la meilleure info. Entrée à RFI en 1986, Ghislaine Dupont prend rapidement le chemin des terrains difficiles: les maquis de la rébellion Unita en Angola, puis la Sierra Léone, Djibouti, le Soudan, le Rwanda. Elle consacre ensuite dix ans de sa carrière à la République Démocratique du Congo, sa vraie passion.

Ses reportages gênent les autorités, qui décident de l'expulser entre les deux tours de la présidentielle en 2006. Cinq années plus tard, la direction de RFI de l'époque cède aux pressions du pouvoir congolais, et de certaines autorités françaises. Elle n'a plus le droit de parler de la RDC à l’antenne. Elle le vit comme une véritable trahison, et saisit la justice avec l'espoir que la radio revienne sur sa décision. Au service Afrique, elle était sensible à la fraîcheur d'une jeunesse qu'elle prenait volontiers sous son aile. C'était une forte tête, on l'entendait souvent rouspéter de sa voix gouailleuse dans les couloirs, mais elle savait aussi rire et taquiner ses camarades. Ghislaine Dupont avait 57 ans, elle n'avait pas d'enfants.

« Claude n'était pas juste un bon collègue de bureau, c'était un ami »

Claude Verlon était bronzé tout au long de l'année, car il revenait toujours de mission. Il aimait naviguer dans le chaos et la folie propre aux zones de conflits. Il aimait aussi la technique, et les défis. Petit et agile, il fendait facilement la foule, tête baissée, son barda sur le dos. Il savait ruser et déjouer les interdits pour déployer sa valise satellite au plus proche de l'événement, et monter des studios pour les antennes spéciales dans les lieux les plus incongrus. Les techniciens qui ont monté le service des moyens de production mobile de RFI à ses côtés il y a trente ans, insistent : « Claude n'était pas juste un bon collègue de bureau, c'était un ami. »

Claude Verlon était aussi un bon coéquipier pour les journalistes en mission. Il pouvait chercher jusque tard dans la nuit un son d'ambiance égaré au milieu de dizaines d’heures d'enregistrements sur des cartes flash. Il avait énormément de respect pour les auditeurs. Il savait mettre la pression pour que les journalistes ne cèdent pas à la facilité et donnent le meilleur. Quand ce n'était pas le cas, il était bougon. Technicien tout-terrain exalté, à cinquante-cinq ans, il savait qu’un jour sonnerait la relève. Avec un certain enthousiasme, il avait donc formé les jeunes, qui ont gardé sa fibre. Claude Verlon avait une fille, Apolline, qui a 27 ans.

Il nous a semblé que nous étions fidèles ainsi à la mémoire de Claude et de Ghislaine

01:12

Marie-Christine Saragosse

Bruno Daroux

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