Comores: le business morbide des «kwassa-kwassas»
Depuis la mise en place du visa Balladur en 1993, il faut un visa délivré par la France pour se rendre à Mayotte des Comores. Pour aller voir des proches, se faire soigner, la majorité des Comoriens tentent donc la traversée en bateau, à bord des fameux kwassa-kwassas. De petites embarcations, instables, qui chavirent dès que les conditions de mer sont mauvaises. Illégales, ces traversées sont un véritable bussness.
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De 500 à 1 000 euros, c’est le prix du passage en ce moment pour traverser vers Mayotte. Sur les bateaux de 7 mètres de long, dix, vingt, parfois trente personnes. Les sommes en jeu sont donc importantes, jusqu’à 10 000 euros. En haut de l’échelle de ce trafic morbide, il y a les commandants, les propriétaires des bateaux qui, eux, ne prennent pas la mer, comme ce pêcheur :
« Moi je suis le chef, j'ai une vedette, explique un de ces propriétaires. Je vais le prendre, lui [le passeur, ndlr], pour aller à Mayotte ». « Si je ne reviens pas, c’est foutu », commente de son côté le passeur.
S’il ne revient pas à Anjouan, le passeur, embauché par le propriétaire pour piloter le bateau ne touchera pas d’argent. Son salaire dépend aussi du nombre de passagers : de 3 400 euros à plus de 1 500 euros lorsque les barques sont remplies. Et lorsqu’il y a des morts en mer, les familles critiquent rarement les commandants.
« On critique, explique un Comorien, mais ce n'est pas le commandant qui a demandé. C'est toi qui a demandé au commandant d'aller à Mayotte. C'est toi-même qui est responsable de ton âme ».
Mais les autorités françaises ont renforcé le dispositif de contrôle : radars au large de Mayotte, bateaux de plus en plus performants. Avec une conséquence directe : le prix du passage augmente et les risques pris sont multipliés, notamment avec les navigations de nuit.
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