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Italie

Italie: les «débarquements fantômes» de plus en plus nombreux à Lampedusa

Après le dénouement de l’« Open Arms », l’« Ocean Viking » cherche un port sûr où débarquer. En Italie, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a réduit le débat sur l’immigration à la fermeture des ports aux ONG. Mais la réalité est différente. En Sicile et en particulier à Lampedusa, les ports sont ouverts et les « débarquements fantômes » sont nombreux à accoster sur l'île italienne.

Même si l'«Open Arms» a été autorisé à débarquer à Lampedusa, des «débarquements fantômes» accostent régulièrement sur l'île, comme le souligne le maire Salvatore Martello. (photo d'illustration)
Même si l'«Open Arms» a été autorisé à débarquer à Lampedusa, des «débarquements fantômes» accostent régulièrement sur l'île, comme le souligne le maire Salvatore Martello. (photo d'illustration) Local Team / AFP
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Avec notre envoyée spéciale à Lampedusa, Juliette Gheerbrant

Le maire de Lampedusa, Salvatore Martello a recensé, en 2018, une centaine de « débarquements fantômes », comme les appellent les Italiens, c’est-à-dire l’arrivée de petits bateaux venus de la Tunisie. Le pays n’est qu’à 24 heures de navigation quand la mer est calme. Et la plupart des arrivants sont des Tunisiens. Depuis ce dimanche 18 août, plus de 110 bateaux sont arrivés.

Quatorze dans un bateau en plastique de 6 mètres

Ils se réunissent le soir sur les marches de l’église ou sur le parvis, fument, bavardent. La plupart viennent de Zarzis, ville littorale du sud-est de la Tunisie. « Il y a beaucoup de bateaux qui sortent de Zarzis parce que c’est une place où il n’y a pas tellement de police. On peut sortir tranquillement. Il n’y a pas beaucoup de risques, pas comme les autres places qui sont dangereuses où la police est présente », explique Hassan, 17 ans qui est venu avec son frère aîné.

« On était 14 dans un bateau en plastique de 6 mètres. Après une heure, la tempête est venue », raconte Hassan. « Ce moment-là, je ne l’oublie pas. Je croyais que j'allais mourir, c'était très difficile, le bateau bougeait. L’eau était entrée dans le bateau. On est restés 14 heures dans la tempête et le matin, l’hélicoptère est venu. Au début il ne nous voyait pas et ensuite il est revenu On a commencé à crier "oh, oh". On a allumé des bidons d’essence pour qu'il nous voie », poursuit le jeune homme.

« L'hélicoptère a fait un grand signal vert pour nous dire, c’est bon je t’ai vu. Après je dis merci beaucoup, merci aux bateaux qui sont venus presque 10 minutes après pour nous enlever de la mort de l’eau Après on est partis ici à Lampedusa. On nous a donné à manger, de l’eau. Ils font les choses très bien. Je leur dis merci beaucoup », relate non sans émotions le jeune garçon de 17 ans.

« Personne ne peut bloquer la Méditerranée »

Le passage sur des coques de noix coûte 1 000 euros et l'argent du voyage sert aussi à détourner le regard des policiers. « Le bateau de 6 m est un petit bateau en plastique. On part avec des petits bateaux, ce n’est pas comme les Africains qui quittent la Libye avec de grands bateaux », raconte Mohamed, 24 ans qui a fait le voyage avec Hassan.

Il a déjà été renvoyé deux fois en Tunisie et ne comprend pas qu’on lui interdise de venir travailler. Il retentera sa chance jusqu’à ce qu’il y arrive. D’autant que les parents de Hassan ont travaillé en France, son grand-père aussi. « Toutes les générations sont venues ici : nos grands-pères, ils sont venus ici ».

Les bateaux continuent d’arriver, comme le dit le maire de Lampedusa : « Personne ne peut bloquer la Méditerranée ».

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