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Allemagne / Migrants

Les Munichois divisés après la fermeture de la frontière allemande

L’Allemagne a décidé ce dimanche 13 septembre de fermer provisoirement ses frontières, à la veille d'une réunion ce lundi à Bruxelles des ministres de l'Intérieur de l'UE consacrée aux quotas de réfugiés. Plusieurs centaines de policiers fédéraux ont été déployés, notamment en Bavière, pour contrôler les personnes venant d’Autriche. Après la politique des bras ouverts, ces annonces marquent un durcissement sensible du gouvernement envers les réfugiés. A Munich, où sont arrivés hier encore au moins 4 500 réfugiés, les avis sont assez partagés.

Débordée par l'afflux de réfugiés, l'Allemagne a annoncé la fermeture provisoire de ses frontières, notamment avec l'Autriche, le 13 septembre 2015.
Débordée par l'afflux de réfugiés, l'Allemagne a annoncé la fermeture provisoire de ses frontières, notamment avec l'Autriche, le 13 septembre 2015. REUTERS/Michaela Rehle
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Avec notre envoyée spéciale à Munich,  Stefanie Schüler

Chez les bénévoles à la gare de Munich c’est l’incrédulité : dimanche en fin d’après-midi, le flux jusque-là ininterrompu de réfugiés s’est tari d’un seul coup. La frontière est fermée, le trafic ferroviaire suspendu. « C’est un immense pas en arrière. Les mots me manquent. C’est tout simplement très triste », regrette l'un d'eux.

Chez les Munichois, on est en revanche assez partagé. « D’un côté, je comprends les mesures qui ont été prises pour réduire un peu le flux des réfugiés et pour des raisons sécuritaires, reconnaît un habitant. En principe j’approuve que les contrôles aux frontières soient renforcés, en tout cas temporairement. En revanche il est très regrettable, et ça me touche sincèrement, qu’on continue à maintenir le règlement de Dublin, c'est-à-dire que les réfugiés doivent poser leur demande d’asile dans le premier pays où ils arrivent. »

Pour lui, la position d'Angela Merkel n'est pas claire.« Avec les annonces de Berlin, on a l’impression que le gouvernement allemand fait trois pas en arrière en disant aux autres pays : "on ne veut plus de réfugiés supplémentaires ou au moins on souhaite réduire leur nombre de manière considérable. Occupez-vous d’eux. Ce sont vos affaires". La Hongrie par exemple ou d’autres pays. Je trouve que c’est une décision explosive. Ce n’est vraiment pas une bonne solution de maintenir le règlement de Dublin. »

Xénophobie

Les propagateurs de thèses néo-nazies s’étaient tus ces derniers jours face à l’immense élan de solidarité des Munichois envers les réfugiés. Mais dès l'annonce des nouveaux contrôles aux frontières, les paroles xénophobes refont surface

« Il était temps qu’ils ferment la frontière, se réjouit Hubert, un passant. Ce ne sont pas de vrais réfugiés, mais des gens qui propagent l’Islam ». Et de s’interroger sur le comportement de la chancelière allemande Angela Merkel. « D’abord elle a dit, dans le credo d’Obama : "yes we can, on va y arriver". Et tout d’un coup elle change de cap. Je me demande ce qui l’a poussée à d’abord être si ouverte, si généreuse et quel jeu elle joue maintenant, avec ces mesures qui viennent d'être annoncées. ».

Beaucoup de Munichois estiment en tout cas que le phénomène des migrants va gagner en ampleur et que l’Europe ne peut plus se barricader derrière ses frontières, à l'image d'Hanna. « On n’est qu’au début. Dans les prochaines années les réfugiés vont faire voler toutes les frontières en éclat. » Et quand on lui demande ce qu'elle pense de la fermeture des frontières, elle répond que « c’est inhumain. Tout simplement inhumain ».


Départ pour la France

Depuis mardi 8 septembre, l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) s’est installé dans le Parc des expositions à Munich. Le but : choisir et identifier 1000 réfugiés syriens pour les amener en France. Pour le moment, 500 personnes se sont portées volontaires, dont ce Syrien, qui s’exprime sous couvert d’anonymat par peur pour ses proches, restés au pays. L’armée de Bachar-al-Assad a fusillé son fils aîné. C’est pour sauver son deuxième fils qu’il a décidé de quitter la Syrie direction l’Europe.

TEMOIGNAGE

On est sorti de la Syrie par le Liban, puis la Turquie, de Turquie jusqu'à une île grecque, de l'île grecque jusqu'à Vienne et de Vienne jusqu'ici.

01:05

Un réfugié syrien à Munich, candidat pour aller en France

Stefanie Schüler

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