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Le monde en questions

Boris Johnson joue-t-il avec la démocratie britannique? 

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Cette semaine dans Le Monde en question, retour sur la décision du Premier ministre britannique Boris Jonhson de suspendre le Parlement, la célèbre Chambre des Communes, pendant cinq semaines, en plein débat final sur le Brexit, qui doit en principe intervenir le 31 octobre prochain. Une décision qui a suscité des réactions scandalisées chez de nombreux politques et citoyens britanniques, qui vont jusqu’à dénoncer « un coup d’État à la britannique ». Et la question posée est la suivante : le Brexit est-il en train de miner le système politique britannique ?

Boris Johnson a prononcé une suspension du Parlement britannique pour une durée de cinq semaines.
Boris Johnson a prononcé une suspension du Parlement britannique pour une durée de cinq semaines. Neil Hall/Pool via REUTERS
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Les débats interminables sur le Brexit et la meilleure façon de quitter l’Union européenne avaient affaibli le Parlement britannique, avec l’image désastreuse de députés de la Chambre des communes incapables de se mettre d’accord sur un des scénarios qui leur était proposés. Cette crise du système parlementaire est aussi celui des partis politiques, notamment les deux principaux, conservateurs et travaillistes - des partis incapables eux, de s’accorder en interne sur une position commune, de choisir entre un Brexit sans accord, un Brexit à la manière Teresa May, avec le désormais fameux « Backstop », pas de Brexit, ou un second référendum pour vérifier que les Britanniques veulent vraiment ce divorce avec l’Europe, ou même de nouvelles élections générales.

Ce sont ces divisions internes chez les conservateurs et les travaillistes, qui ont grippé par trois fois la machine parlementaire comme rarement dans l’histoire politique du pays, et entraîné la chute de Teresa May, remplacée à la va-vite par Boris Jonson, ardent défenseur d’un Brexit dur. 

Le coup de poker de Boris Johnson

Et le coup de poker que vient de jouer le nouvel occupant du 10, Downing Street, vient encore affaiblir un système politique en état de totale confusion. Le nouveau Premier ministre joue gros - et il joue avec le feu. Dans un pays qui se targue d’avoir inventé la démocratie représentative parlementaire - au point de surnommer la Chambre des Communes « la mère des Parlements », prononcer une suspension du Parlement pour une durée aussi longue - cinq semaines, du jamais vu, et surtout dans un moment de crise aussi grave, cela revient pour beaucoup de députés et citoyens, à opérer un véritable coup d’État ou, comme l’a clamé le tonitruant speaker de la Chambre des Communes John Bercow, à se rendre coupable d’un outrage constitutionnel. Rien que cela.

En face, le madré et malin Boris Johnson explique benoîtement qu’il ne comprend pas tout ce charivari. Que la suspension du Parlement est chose assez courante entre deux sessions parlementaires, ce qui est vrai. Que cela lui permettra de peaufiner son programme de gouvernement, avant de le délivrer en majesté, par l’entremise de la reine, le 14 octobre prochain. Ce à quoi ses adversaires répliquent que les suspensions d’ordinaire sont d’une semaine environ, et que le calendrier du Brexit rend la décision du Premier ministre pour le moins suspecte.

Boris Johnson ne trompe pas grand monde 

En fait, il cherche à empêcher tous les députés opposés à un Brexit sans accord, de pouvoir s’organiser et lui mettre des bâtons dans les roues. Il est en train d’y réussir - sauf si les recours légaux en cours l’obligent à se dédire. Si ce n’est pas le cas, il pourra développer sa stratégie sans encombre, c’est-à-dire mettre les Européens au pied du mur, les contraindre à renégocier. Et en cas d’échec, leur faire porter le chapeau d’un Brexit sans accord.

Peut-être aussi, en permettant aux députés de débattre quelques jours la semaine prochaine, anticipe-t-il une motion de censure – si elle échoue, il en sortira renforcé. Si elle réussit, il pourra organiser, sans doute après le 31 octobre, des élections générales qui, il l’espère, le légitimeront définitivement, lui qui n’a été élu que par un peu plus de 90 000 sympathisants.

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