La CDU, le parti au pouvoir avec le SPD en Allemagne, qui met en cause les nouveaux médias, et notamment YouTube, pour une vidéo virale dénonçant le bilan du gouvernement en matière environnementale
On dit souvent des mauvais malades que quand ils ont de la fièvre, ils préfèrent casser le thermomètre. Et bien c’est un peu la démonstration qu’a donnée Annegret Kramp-Karenbauer, la dauphine d’Angela Merkel qui lui a succédé à la tête de la CDU il y a six mois. Au vu des piètres résultats aux élections européennes pour la coalition au pouvoir, la CDU et le SPD, qui perdent respectivement cinq et douze sièges au Parlement européen, au vu surtout de la progression des verts qui gagnent dix sièges et se hissent à la deuxième place des formations politiques en Allemagne, elle n’a pas hésité à fustiger les dizaines de Youtubeurs qui s’en sont pris dans une vidéo au bilan carbone du gouvernement et à l’échec de sa politique de réduction des gaz à effet de serre. « Comment réagirait le pays si 70 journaux appelaient ensemble, à deux jours d’un scrutin, à voter contre la CDU et le SPD ? Ça aurait été de la manipulation électorale », a-t-elle lâché en commentant les résultats, avant de suggérer d’imposer comme aux médias des règles « au monde digital ».
Alors, outre qu’il arrive aussi aux journaux traditionnels allemands d’afficher leur soutien à la politique européenne de la coalition au pouvoir, cette déclaration illustre bien le fossé béant qui sépare un monde des médias régulé, avec des règles de communication bien établies à l’approche du scrutin, notamment en ce qui concerne la publication des sondages, et un monde numérique beaucoup plus libre, où des campagnes de soutien peuvent lever en quelques jours des millions de fans. Une vidéo virale d’une star allemande de YouTube, Rezo, intitulée « la destruction de la CDU » a par exemple été vue plus de treize millions de fois.
Bien sûr, Annegret Kramp-Karenbauer, « AKK », comme on l’appelle a été accusée de vouloir brider la liberté d’expression. Elle s’en est défendue en précisant qu’elle ciblait les règles électorales. Elle a aussi tenté de calmer le jeu en invitant le Youtubeur Rezo. « Mais, s’est demandé le journal Der Spiegel, si ce n’est pas à l’approche des élections qu’on débat du fond, quand peut-on le faire ? Kramp-Karrenbauer veut-elle un monopole des partis sur la formation de l’opinion publique ? ». Dans tout les cas, ce qui est sûr, c’est que les nouveaux médias sont aujourd’hui des forces de rassemblement très importantes sur les questions climatiques et écologiques. On l’a vu avec Facebook et la mobilisation autour de Greta Thunberg. Les Verts sont le premier parti pour les moins de 44 ans. Et les jeunes se sentent concernés par des sujets politiques fondamentaux. Est-ce qu’on peut s’en plaindre ?
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne