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Chronique des médias

Journaliste, une profession sous pression

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Les Assises du journalisme se sont tenues cette semaine à Tours. C’est l’image d’un métier précarisé et aux conditions de travail de plus en plus difficiles qui est ressortie.

Les lauréats des prix des Assises internationales du journalisme 2019, le jeudi 14 mars, à Tours.
Les lauréats des prix des Assises internationales du journalisme 2019, le jeudi 14 mars, à Tours. RFI/Simon Decreuze
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C’est à un panorama préoccupant de la profession de journaliste que s’est livrée la Société civile des auteurs multimédias aux Assises du journalisme. A partir d’une enquête auprès de 3 700 journalistes, la Scam dresse le portrait d’un métier de plus en plus précaire, où seuls 52% des professionnels sont des salariés permanents, où 11% des répondants gagnent moins que le SMIC et 28% moins de 20 000 euros par an. Parallèlement, l’étude dépeint des conditions de travail dégradées et pas seulement à cause des statuts de pigiste, d’auto-entrepreneur ou d’intermittent. Sont aussi pointés des horaires à rallonge, un travail d’exécutant plutôt que d’auteur et un stress lié à la nécessité d’assurer une production en temps réel. Finalement, les journalistes ont peut-être moins à craindre d’une censure économique ou politique que de l’impossibilité d’exercer correctement leur travail, en vérifiant leurs infos, dans un cadre sous pression.

Parallèlement, les Français ressentent bien les conséquences de ce déclin. « Les médias tous les mêmes ? » titrait les Assises. D’après un sondage ViaVoice, 63% pensent que les médias disent la même chose ou presque alors que seulement un tiers perçoivent une approche diversifiée de l’information. C’est là le résultat d’une surexploitation des dépêches de l’AFP pour gagner en audience. Mais pas seulement. Durant le mouvement des « gilets jaunes », il a fallu attendre six semaines pour que les médias se mettent à parler des violences policières. David Dufresne, un journaliste indépendant qui a reçu le grand prix du journalisme, a dénoncé « l’omerta ahurissante » qui régnait dans ces médias alors même qu’il avait déjà bien engagé un décompte qui l’amène aujourd’hui à 522 signalements et 22 manifestants éborgnés.

Alors, pourquoi un tel retard ? Daniel Schneidermann, d’Arrêt sur Images, a risqué une explication : « Les journalistes français sont des bourgeois blancs. C’est leur homogénéité sociale qui les a rendus si étrangers à ce qui se passait sur les ronds-points ».

Pour rapprocher les Français de leurs médias, Franck Riester, le ministre de la Culture, suggère d’aller vers la création d’une instance d’autorégulation ou d’un conseil de déontologie de la presse, avec des représentants du public. Il existe 21 conseils de presse de ce type dans l’Union européenne. Même s’il y a des réticences de syndicats ou d’éditeurs sur ce sujet, 74% des Français y sont favorables. Reste à vaincre une défiance entretenue par les politiques eux-mêmes : « Nous avons une presse qui ne recherche plus la vérité » avait lâché Emmanuel Macron au plus fort de l’affaire Benalla.

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