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Chronique des droits de l'homme

Amazonie péruvienne: menaces contre les Indiens Shipibos

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Le sommet sur les changements climatiques, la COP 24, s'est achevé mi-décembre en Pologne avec peu d'avancées pour les pays du sud. Et de nombreux peuples indigènes expriment leurs inquiétudes quant à l’absence d’engagement de leurs propres Etats dans la défense de l’environnement. C’est le cas en Amazonie péruvienne, où de nombreuses compagnies nationales et multinationales exploitent des territoires riches en ressources naturelles, et pourtant peuplés d’Amérindiens qui revendiquent ces terres. Véronique Gaymard a rencontré un de ces résistants à Paris : Policarpo Sanchez Rodriguez.

Policarpo Sanchez Rodriguez, Amérindien Shipibo de l’Ucayali, se bat pour préserver les terres de sa communauté contre les plantations de palmiers à huile ou les projets de grandes multinationales.
Policarpo Sanchez Rodriguez, Amérindien Shipibo de l’Ucayali, se bat pour préserver les terres de sa communauté contre les plantations de palmiers à huile ou les projets de grandes multinationales. RFI
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« Je m’appelle Policarpo Sanchez Rodriguez, je suis leader Shipibo de l’Ucayali, membre de la fédération des communautés natives de l’Ucayali et de ses affluents, la FECONAU ». Bonnet tissé et brodé de perles vissé sur la tête, pochette orange aux motifs géométriques autour du cou, et tunique brodée main, Policarpo Sanchez Rodriguez revendique son appartenance à l’ethnie Shipibo de l’Amazonie péruvienne. Une région petit à petit grignotée par de grands projets soutenus par l’Etat péruvien, dit-il, et qui mettent à mal l’intégrité territoriale, environnementale et culturelle des communautés indigènes.

« L’Etat péruvien continue à octroyer des concessions d’hydrocarbures où des territoires entiers de populations indigènes sont menacés, dénonce Policarpo Sanchez Rodriguez. De grandes infrastructures à coup d’investissements gigantesques sont en train d’être développées, connues sous le nom d’Hydrovia Amazonica, une sorte " d’autoroute fluviale amazonienne ". Ils veulent améliorer le lit de la rivière Ucayali mais cela va porter atteinte à la fragilité de l’écosystème et au lit de ces rivières, tout ça à des fins économiques. Et puis l’Etat péruvien promeut l’expansion des monocultures d’huile de palme dans la région de l’Amazonie. Et ça, il faut le condamner, car on permet aux entreprises de détruire des hectares de forêt primaire pour ne planter qu’une seule espèce de palmier à huile. On se bat depuis l’Ucayali parce que l’Etat a permis la destruction de plus de 6000 hectares de terres vierges qui appartiennent au territoire ancestral de la communauté Shipibo Santa Clara de Uchunya. »

Les Shipibo de l’Ucayali qui rassemblent entre 25 000 et 35 000 personnes réparties sur 140 communautés ont porté plainte devant la Cour constitutionnelle du Pérou, contre l’Etat qui n’a pas su empêcher que ces entreprises d’huile de palme ne les dépossèdent de leurs terres. L’affaire est en cours et la décision pourrait faire jurisprudence. « L’Etat n’a aucune volonté pour consulter les populations avant de mener à bien ce type de projets, comme l’exige pourtant la législation péruvienne et les instruments internationaux. Ou alors ces consultations sont mal faites. Par exemple, ils mettent en place un atelier de formation et ils transforment cela en consultation, ce sont des irrégularités qu’ils organisent pour que leurs projets aboutissent. »

« Campagnes de harcèlement, de persécution, de menaces »

Policarpo Sanchez Rodriguez n’en est pas à son premier combat contre la dépossession des terres de sa communauté. Mais se mettre en travers d’entreprises puissantes, dont certaines multinationales qui opèrent avec la complicité de l’Etat, ne se fait pas sans danger, reconnaît Policarpo Sanchez Rodriguez.

« Ces grandes entreprises utilisent des intermédiaires pour mener des campagnes de harcèlement, de persécution, de menaces, déplore-t-il. Tous les dirigeants de mon organisation la Feconau sont menacés de mort, moi aussi je l’ai été. De façon anonyme ils nous prennent en photo, et ils nous disent : tu sais ce qui va t’arriver ! Et ils nous abordent directement dans la ville de Pucallpa par exemple, ils viennent nous voir en nous disant : ah c’est toi, tu sais ce qui va t’arriver ! On a porté plainte, on s’organise aussi avec d’autres ONG, pour éviter le pire. En 2014, quatorze dirigeants d’une communauté Saweto ont été assassinés. Jusqu’à présent, aucune justice n’a été rendue. »

Policarpo Sanchez Rodriguez est très actif auprès des jeunes de sa communauté pour qu’ils prennent la relève. Mais leur territoire de plus en plus grignoté par les concessions est aussi pris d’assaut par des trafiquants de bois et de drogue, il en appelle aux organisations internationales pour que ces crimes ne restent pas impunis.

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