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Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: le jour le plus long des «gilets jaunes»

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Des manifestants portant des gilets jaunes participent à une manifestation du mouvement des « gilets jaunes » sur les Champs-Élysées sous l'Arc de Triomphe à Paris, le 8 décembre 2018.
Des manifestants portant des gilets jaunes participent à une manifestation du mouvement des « gilets jaunes » sur les Champs-Élysées sous l'Arc de Triomphe à Paris, le 8 décembre 2018. REUTERS / Benoit Tessier
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Comme le précédent, et même davantage, ce samedi promet d’être enfiévré dans les rédactions, c’est palpable à la lecture de la presse en kiosque. Dès la mi-journée vendredi, le journal Le Monde plantait le décor avec une « édition spéciale » consacrée aux « colères » et aux « fractures » de la France.

Ce matin, nous y sommes, et la France « titube au bord du précipice », lance Le Parisien, les Français ont « peur du vide » !

Plantant ainsi le décor, ce quotidien se penche plus particulièrement sur ce que, sans attendre, il appelle la « bataille de Paris » où, pour la « première fois dans la capitale », quatorze véhicules blindés de la gendarmerie seront prépositionnés.

Et comme, sur l’ensemble du territoire français, le Premier ministre avait fixé à 89 000 le nombre de policiers et de gendarmes mobilisés, Le Parisien explique qu’aux effectifs spécifiquement dédiés au maintien de l’ordre, Edouard Philippe avait en fait ajouté « les effectifs des services de renseignement (renseignement territorial et DGSI) », la Direction générale de la sécurité intérieure. Autrement dit, branle-bas de combat, tout le monde sur le pont, permissions suspendues !

Et, par précaution, des interpellations ont eu lieu en amont.Le Parisien, encore lui, annonce que police et gendarmerie ont opéré une trentaine d’« arrestations préventives » hier, à Paris comme en province au sein des « gilets jaunes radicalisées », mais aussi de « membres de l’ultra-droite et de l’ultra-gauche » pour « association de malfaiteurs » et « incitation à la provocation d’un délit ou d’un crime ». Ce quotidien remarque que « ces gardes à vue peuvent durer quarante-huit heures… Soit jusqu’à dimanche, après les manifestations ».

Journée à très hauts risques, donc… pour Emmanuel Macron aussi. Pour le président, c’est « le jour le plus long », formule (toujours) Le Parisien, ce samedi, Macron « joue gros », il s’apprête à vivre « une journée qui marquera son quinquennat ».

Le Figaro n’écrit pas autre chose, qui estime que le président est « au tournant de son quinquennat, le voilà seul face à l’histoire ». Car avec le mouvement des « gilets jaunes », ça n’est plus, comme de routine, le « fracas » de l’actualité que le chef de l’Etat doit affronter, « c’est l’Histoire en marche », lance ce quotidien (en affublant le mot « Histoire » d’une grand « H »).

Un piquet qui scandalise

Et tandis que les appels au calme et au dialogue se multiplient, la presse rend aussi hommage au travail des forces de sécurité. Dernier en date de ces appels au dialogue, une tribune publiée ce matin par Le Parisien, signée par des personnalités connues des Français mais aussi des anonymes, qui entendent souligner que « le moment est venu de parler, de s’écouter, de se comprendre ».

« Paris est en état de siège et la France retient son souffle », signale Le Figaro, qui rend en Une un hommage appuyé, en effet, aux « forces de sécurité », qui sont « prêtes à la riposte », prévient-il, et qui représentent le « dernier refuge d'une autorité partout bafouée » et qui « fait face, vaillamment ».

Evoquant une video qui a fait grand bruit vendredi en France, sur laquelle on aperçoit des lycéens à genoux, mains sur la tête, regroupés par la police sur un terrain d’une banlieue proche de Paris lors d’une opération de maintien de l’ordre – vidéo qui a suscité l’indignation dans les lycées comme dans les médias et une bonne partie de la classe politique – Le Figaro prend la défense de la police en écrivant ceci : « quand elle envoie au coin, genoux à terre, mains sur la tête, des lycéens experts en projectiles et en violences gratuites, les bonnes consciences crient au retour de Pinochet. Était-ce le rôle de la police ? Non, sans doute, admet Le Figaro, mais qui d'autre s'en charge ? Quand parents, pédagos, élus, magistrats renoncent à maintenir la moindre hiérarchie, à exiger le plus petit sacrifice, à rappeler qu'il n'y a pas de droits sans devoirs, ce sont les forces de l'ordre qui en payent les conséquences ».

En Marche… arrière

En tout cas, si cette journée s’annonce décisive, elle met aussi et surtout en lumière les fragilités d’un pouvoir qui se retrouve confronté à ses responsabilités. Car  c’est cette journée de samedi qui déterminera la suite des événements, « preuve s’il en fallait qu’Emmanuel Macron n’a plus grande prise sur ces derniers », estime le journal en ligne Mediapart.
 

Attention, prévient Libération, « que la manifestation de ce samedi débouche sur un deuxième samedi noir, au lieu d’un défilé pacifique et déterminé, seule arme légitime dans un Etat de droit, et c’en est probablement fait des espérances démocratiques de ce mouvement populaire ».

Pour autant, selon ce journal, l’exécutif n’est pas en reste. « Le gouvernement porte une responsabilité écrasante dans cet engrenage par sa raideur, sa lenteur, son incompréhension, souligne Libé. Le Président reçoit comme un boomerang ses saillies méprisantes ou désinvoltes, adressées à des couches populaires qui supportent le poids principal des sacrifices de temps de crise économique. Il en paiera le prix politique », prédit Libération.

Reste « l’après », autrement dit sur le devenir du quinquennat. Et quoi qu’il arrive aujourd’hui, de toute façon, les Français ont comme un doute. Selon un sondage Ifop pour La Lettre de L’Expansion, un français sur deux (51 %) pense que le gouvernement « ne pourra pas continuer à mener des réformes » après avoir « reculé » face aux « gilets jaunes ». Mais cette enquête indique également que ce sentiment est partagé par un sympathisant de La République en Marche sur trois (32 %) ! « Il y a donc une érosion du socle électoral du chef de l’Etat », souligne La Lettre de L’Expansion. Un marcheur sur trois qui récalcitre ? Ça n’est peut-être plus une marche, pas encore un tango…  

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