Dara Khosrowshahi, un Irano-Américain à la tête d’Uber

A l'heure où le président américain Donald Trump s'attaque au droit du sol inscrit dans la Constitution américaine, c'est un fils d'immigrés iraniens qui a pris la direction de l'une des entreprises les plus dynamiques aux Etats-Unis. Le nouveau directeur général d'Uber a été nommé en 2017, pourtant il reste pratiquement inconnu du grand public. Portait.

La PDG de l'application de covoiturage Uber, Dara Khosrowshahi, lors d'un événement à New York, le 5 septembre 2018. REUTERS / Carlo Allegri / File Photo

Un meneur d’hommes

Dara Khosrowshahi a 49 ans. Il est irano-américain et un anti-Trump convaincu. C'est quelqu'un qui ne mâche pas ses mots. Il en donne la preuve quand il est interviewé à CNBC : « Je suis venu en Amérique à l'âge de 9 ans. Ma famille devait fuir l'Iran. On avait beaucoup de chance de pouvoir venir ici et de profiter de cette opportunité. C'est bien cela le lien qui nous unit et qui fait la grandeur de l'Amérique, c'est la force de son immigration. Le rêve américain est la marque plus forte. Dix fois plus forte qu'Apple, Microsoft et Google réunis. Il signifie : venir en Amérique, croire en la démocratie et la Constitution, travailler dur et réussir. C'est ce qui fait que ce pays est grand. Je crois que le président devrait être pour cela, et non pas contre. »

Le front dégarni, la barbe ciselée et une fine moustache Dara Khosrowshahi est un vrai meneur d'hommes. Avant de prendre la tête du leader mondial du VTC (voiture de transport avec chauffeur), il a été pendant 12 ans le directeur général d'Expedia, spécialiste des voyages en ligne. Sous sa direction, la société a vu son chiffre d'affaires doubler. Le prix d’action d’Expedia a plus que quintuplé pendant ce temps-là, grimpant de 24 dollars en 2005 à 127 dollars aujourd’hui. Saura-t-il faire de même chez Uber ? Les actionnaires l'espèrent. Car malgré ses 40 millions d'usagers dans plus de 630 villes dans le monde, Uber n'est toujours pas rentable.

Tourner la page de Travis Kalanick

Le patron doit aussi redresser l'image du groupe californien. Une image ternie à la suite des nombreuses polémiques sur le statut des chauffeurs. Mais pas seulement. Le groupe a dû faire face à des scandales pour harcèlement sexuel au travail et pour vols de secrets industriels chez son rival Alphabet (maison mère de Google). Dès son arrivée, le nouveau patron a exigé l'éloignement de Travis Kalanick, le fondateur d'Uber, afin de pouvoir diriger le groupe sans contrainte. Son objectif : tourner la page et attirer de nouveaux investisseurs. Dara Khosrowshahi y revient dans une vaste interview réalisée par Andrew Ross Sorkin du New York Times : « Uber est une marque incroyable et un super service. C'est aussi une entreprise bourrée de talents, mais ses valeurs ont été bafouées et sa gouvernance l'a emmenée dans une mauvaise direction. Mais si le produit est bon, il faut juste lui donner une bonne gouvernance pour que ça marche. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. »

Prochaine entrée en Bourse

Le groupe devrait entrer en Bourse l'année prochaine. Avec une valorisation attendue de 120 milliards de dollars. Du coup, le nouveau dirigeant cherche des actionnaires solides. Et il a du pain sur la planche. Le chiffre d'affaires d'Uber pourrait, en effet, croître de 27% sur les 10 prochaines années. Mais pour atteindre ce résultat, le groupe devra investir dans la recherche et développement. Justement, Advanced Technologies Group, sa filiale en charge des technologies, vient de reprendre les tests de conduite autonome sur la voie publique. Ces tests ont été suspendus aux Etats-Unis et au Canada après qu'un véhicule testé par Uber a tué une passante en Arizona. La tâche de Khosrowshahi s'annonce lourde. Et la concurrence est rude...

►Liens utiles :

Interview fleuve avec Dara Khosrowshahi par Andrew Ross Sorkin du New York Times