Accéder au contenu principal
Aujourd'hui l'économie

La Francophonie, un potentiel économique encore sous-exploité

Publié le :

C’est aujourd’hui qu’ouvre le 17e sommet de la Francophonie en Arménie, à Erevan. L’occasion de se demander jusqu’à quel point le français constitue un atout pour le développement économique des pays qui appartiennent à l’ensemble francophone ? Et rappeler que ce n’est qu’en 2014 que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a inscrit la « francophonie économique » dans ses objectifs stratégiques.

Le 17e sommet de la Francophonie ouvre ses portes à Erevan, en Arménie, ce jeudi 11 octobre 2018.
Le 17e sommet de la Francophonie ouvre ses portes à Erevan, en Arménie, ce jeudi 11 octobre 2018. RFI / Igor Gauquelin
Publicité

Même si dès l’origine de l’instance, le développement est une priorité des pères fondateurs, il a fallu un long processus pour parvenir au sommet de Dakar de 2014 qui devait fixer une stratégie économique pour dynamiser l’ensemble francophone. Mais il faut le rappeler, la « francophonie économique » c’est d’abord une réalité sur le terrain.

Aujourd’hui dans le monde, une trentaine de pays ont le français comme langue officielle ou 20 % de locuteurs francophones, en particulier en Afrique. Le français est la 3e langue des affaires derrière l’anglais et le chinois.

Le commerce parmi les pays francophones représente 20% du commerce mondial

En effet, les échanges facilités par une même langue réduisent les coûts de transaction, renforcent les liens de confiance, les habitudes, et facilitent une relative stabilité des échanges entre ces pays.

Sans surprise, c’est donc en Afrique francophone que les échanges sont les plus dynamiques. Car en plus de la langue, ces pays ont également en commun le franc CFA et un droit commercial partagé. Avec une croissance économique de 5% en moyenne, ces pays sont même plus dynamiques que l’espace des pays anglophones du continent. L’Afrique subsaharienne et le Maghreb se détachent particulièrement.

Que fait l’OIF pour renforcer le dynamisme de cet espace économique qui existe déjà ?

Les détracteurs diront qu’à bien des égards, l’institution en reste au stade conceptuel, au stade des discours sur la nécessité de mettre en place un développement partagé, équitable et durable... alors que pendant ce temps, d’autres signent des contrats en anglais, la langue qui domine encore le droit international.

L’instance est loin d’avoir la force de frappe du Commonwealth anglophone

L’OIF dépend de la bonne volonté des Etats à s’entendre, à ouvrir leur marché respectif et harmoniser leurs politiques économiques. Un autre obstacle, justement : les disparités économiques énormes entre la trentaine de pays francophones. Les uns siègent au G7 (France, Canada) tandis que d’autres figurent parmi les pays les plus pauvres de la planète. Ajouter l’absence d’une locomotive économique (à l’image du Nigéria pour le Commonwealth), cela n’aide pas à former un ensemble cohérent.

Tout de même, l’organisation avec son maigre budget annuel de 85 millions d’euros tente de faire bouger les choses. Elle réunit un maximum d’acteurs lors de ses rendez-vous réguliers : le secteur privé, les représentants des organisations d’intégration régionale, des chercheurs, des administrations et la société civile.

Elle propose aussi son soutien technique aux Etats en matière de gouvernance et de diplomatie économique, un domaine d’expertise reconnu de l’institution.

Le maintien du français reste le plus gros chantier

Si on en croit les projections, en 2030, le poids des pays francophones dans le monde atteindra 8 %. Ce n’est donc pas le moment de faiblir. En Afrique particulièrement, principal moteur de ce dynamisme démographique. Le potentiel est encore sous-exploité alors que l’anglais et le chinois s’imposent de plus en plus, y compris en zone francophone.

Dans son rapport de 2014 sur la francophonie économique, le haut-fonctionnaire Jacques Attali préconisait d’aller capter un public en dehors des pays francophones traditionnels. Il parle des pays dits « francophiles » comme le Nigéria, le Ghana, le Vietnam. Des pays dont le dynamisme économique est remarquable.

L’enjeu de la diffusion du français, c’est aussi dans l’optique de l’OIF, diffuser un modèle de développement économique durable, distributif, plus « solidaire », tel que l’avait rêvé les fondateurs.

Et quoi de mieux aujourd’hui que l’outil numérique pour diffuser une langue ?

Surtout si cela permet aussi de générer revenus et opportunités pour les populations. On estime que les produits culturels numériques de la francophonie (tutoriels, applications, livres numériques) pourraient favoriser la création de millions d’emplois dans le monde. A condition que soit réglé le problème de la fracture numérique, problème criant en Afrique.

L’accès du plus grand nombre à ces technologies est capital, pour favoriser la diffusion du français et maintenir cette langue au cœur des échanges culturels, et donc économique.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.