Le Sénégal va-t-il autoriser de nouveau les importations de poulet?

Le Sénégal va-t-il rouvrir son marché aux importations de poulet de l'étranger ? Le ministre du Commerce Alioune Sarr vient de le démentir dans la presse. Mais depuis trois mois les autorités de Dakar multiplient les déclarations contradictoires. La filière avicole sénégalaise s'inquiète.

Un vendeur prépare un poulet sur un marché de Dakar, le 4 mai 2018. ©SEYLLOU/AFP

Grande fébrilité chez les producteurs de volaille au Sénégal. Ils craignent la levée d'un embargo de 13 ans sur les importations, à l’abri duquel ils se sont construits.

En 2005, les autorités de Dakar interdisent d'importer du poulet pour des raisons sanitaires : la grippe H5N1 sévit alors en Asie, en Europe et aussi déjà en Afrique.

10 fois plus de poulet sénégalais mais il reste cher

Mais depuis quelques mois, les autorités de Dakar évoquent la levée de cet embargo. Pour Serge Sadio, président de la Fédération des acteurs de la filière avicole, ce serait mettre en péril toute une économie locale, qui a fait ses preuves. « On pèse 17% de la filière de l'élevage, on est à 55 000 emplois créés. Est-ce que c'est pertinent que les autorités se mettent à dire dans la presse qu'on va ouvrir les frontières ? Tout le monde est en train de se barricader, de fermer ses frontières pour protéger ses marchés. Pourquoi nous on devrait ouvrir notre frontière ? Au jour d'aujourd'hui on n'a jamais entendu parler de pénurie et cela depuis 2005. On est à 60 millions de poulets mis en place cette année 2018, minimum. Rien que pour la Korité, le mois de Ramadan duquel on vient de sortir on est à 11 millions. »

L’Américain KFC et le Français Auchan s’implantent

Les pressions se multiplient, nous a confié une source proche des autorités, pour que le Sénégal ouvre à nouveau ses frontières. L'enseigne américaine de restauration rapide KFC vient de s'implanter au Sénégal, de même que les supermarchés du groupe français Auchan. De son côté, le Brésil menace régulièrement de se plaindre à l'OMC.

Pour l'instant, le gouvernement sénégalais maintient son embargo, mais le ministère de l'élevage encourage les producteurs de volaille sénégalais à être plus compétitifs. C'est difficile : ils doivent importer du maïs pour nourrir les poulets et leurs élevages n'ont pas encore la taille critique, faute d'espace foncier abordable.