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Le monde en questions

Le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et Israël est-il une réalité?

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Comme chaque semaine, « le Monde en questions. »  présenté par Bruno Daroux. Il revient sur les déclarations du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, concernant le droit d’Israël à vivre en paix. Le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et Israël est-il une réalité, et si oui, pourquoi a-t-il lieu ?

Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane durant une réunion officielle à Ryad, le 26 novembre 2017.
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane durant une réunion officielle à Ryad, le 26 novembre 2017. ©BANDAR AL-JALOUD/Saudi Royal Palace/AFP
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Et bien la réponse est oui. Ce rapprochement entre Riyad et Tel-Aviv est une réalité, et il s’approfondit de mois en mois. Israël était jadis l’ennemi numéro un de l’Arabie Saoudite, comme celui d’autres pays arabes. Mais depuis quelques années, et surtout depuis la montée en puissance de l’ambitieux prince héritier Mohammed Ben Salmane, MBS, qui exerce déjà de facto le pouvoir à Riyad, les choses s’accélèrent.

Et surtout elles sont peu à peu dites clairement – et publiquement. Ainsi donc de cette dernière déclaration de MBS, symboliquement très importante car elle reconnait le droit des Israéliens à avoir un Etat-Nation dans la région, et surtout à vivre en paix. Une allégation inacceptable pour de nombreux Arabes – et de nombreux Saoudiens – y compris au sein de la famille royale. Mais MBS n’en a cure.

Alors pourquoi ce rapprochement prend-il de plus en plus d’importance ?

Parce que les deux pays ont un ennemi commun, et pas n’importe lequel : l’Iran. Pour Riyad et Tel-Aviv, Téhéran représente un danger absolu. Un danger qui menace sa survie pour Israël, et qui mine son leadership régional pour l’Arabie Saoudite.

En quelques mois, la situation s’est durcie. Saoudiens et Iraniens se livrent désormais un combat à mort. Avec MBS, les Saoudiens veulent casser la mise en place de ce qu’on appelle l’arc chiite – c’est-à-dire l’influence de Téhéran sur L’Irak chiite, la Syrie de Bachar el-Assad, tenue par la minorité alaouite, et le Hezbollah chiite au Liban.

On se souvient des mots de MBS sur le guide suprême iranien, il y a quelques mois : « Khamenei fait presque apparaître Hitler comme quelqu’un de bien. Car Hitler ne voulait conquérir que l’Europe, alors que Khamenei cherche à conquérir le monde ».

Quant au Premier ministre israélien, il n’a pas de mots assez durs pour le danger nucléaire que représente, selon lui, la République islamique d’Iran.

Du coup la coopération sécuritaire s’est renforcée, notamment en matière de cybersécurité, et les services de renseignement des deux Etats communiquent officieusement entre eux.

Ce rapprochement fait des dégâts collatéraux : on peut citer le Liban, où Riyad soutient le Premier ministre Saad Hariri, le dirigent même disent certains, et Téhéran le puissant Hezbollah. Et le Yémen, où Téhéran et Riyad se livrent un combat féroce et meurtrier : Riyad en soutenant directement les forces gouvernementales, Téhéran les rebelles houthis chiites.

Enfin ce rapprochement Riyad /Tel-Aviv a un impact potentiel sur le conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens notamment, qui pourraient être contraints par Riyad à lâcher du lest – ce qu’ils refusent de faire, ce qui donc hypothèque un règlement du conflit israélo-palestinien, ce qui arrange…Israël.

N’oublions pas non plus le facteur Trump dans ce réchauffement. Les deux pays étant alliés des Etats-Unis. Contrairement à ses prédécesseurs, Donald Trump a décidé de prendre parti – pour Israël et Benyamin Netanyahu, et pour les pays arabes sunnites – notamment l’Arabie Saoudite, contre les pays chiites dominés par l’Iran. Certains analystes parlent même d’une alliance triangulaire Washington - Riyad - Tel-Aviv.

Attention tout de même : nous ne sommes pas dans le monde des bisounours. Riyad et Tel-Aviv se parlent de plus en plus car ils mettent en pratique le vieil adage : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». La détestation de l’Iran fait office de lien. On est là en pleine real-géopolitique, il ne faut pas l’oublier.

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