Accéder au contenu principal
Aujourd'hui l'économie, le portrait

Daniel Ek, le roi de la musique

Publié le :

Daniel Ek, patron de la plateforme de streaming Spotify, triomphe depuis son entrée à Wall Street. Le milliardaire suédois, au style décontracté mais jusque-là discret, est désormais considéré comme l'homme le plus puissant dans l'industrie musicale.

Daniel Ek, le patron de Spotify, en 2015.
Daniel Ek, le patron de Spotify, en 2015. AFP/Don Emmert
Publicité

« J’ai un truc, je n’abandonne jamais », disait il y a quelques années Daniel Ek, né il y a 35 ans dans une banlieue ouvrière de Stockholm. Une enfance heureuse nourrie par deux passions. La musique d’abord : il est le petit-fils d’une chanteuse d’opéra et d’un pianiste de jazz, pratique très vite la guitare, joue un rôle important dans des comédies musicales au collège. Et l’informatique : dès ses premières années, il se fait la main sur un ordinateur Commodore, conçoit des programmes, construit des sites internet. « C’est avant tout un geek, quelqu’un de surdoué très clairement » explique Sophian Fanen, journaliste au site d’information Les Jours, spécialiste de l’industrie musicale et auteur du livre : Boulevard du Stream, du mp3 à Deezer, la musique libérée (éditions Castor Music. « C’est quelqu’un qui a monté une entreprise un peu dans le dos de ses parents, qui était millionnaire à 20-25 ans, et qui à un moment était tellement riche qu’il a pris sa retraite. C’est là que le projet Spotify est né, de l’ennui qui était le sien, parce qu’au niveau financier, il avait déjà un avenir assuré pour longtemps. »

Idée visionnaire

Daniel Ek, les yeux bleus, crâne dégarni, s’habille très cool, souvent en t-shirt sous la veste. Il a aujourd’hui 35 ans, mais avant de créer Spotify, il a envoyé un CV chez Google. Dans l’une de ses rares interviews, il raconte que les recruteurs lui ont demandé de revenir avec un diplôme universitaire, qu’il leur a répondu : « allez vous faire voir ! », promettant de créer un nouveau moteur de recherche. Mais il a donc choisi de se lancer en solitaire, avec un vrai sens des affaires et une autre idée adaptée à ce monde impatient : permettre à ceux qui veulent écouter de la musique sur internet de le faire directement, en un clic, sans passer par le téléchargement. « Le streaming, c’est une idée qui était dans l’air dès le début des années 2000. Ce qui l’empêchait d’aboutir, c’étaient les limitations techniques du moment. Mais Ek, avec d’autres dans le monde, comme le patron de Deezer en France, savait qu’à un moment ou à un autre, la bande passante d’internet serait suffisante pour laisser passer de la musique sans avoir besoin de la télécharger », raconte Sophian Fanen. « Il s’est donc lancé dans ce chantier à la fois technique et juridique parce qu’il faut discuter avec les maisons de disque pour avoir les droits. » Le patron de Spotify est d’ailleurs critiqué pour sa politique vis-à-vis des artistes, accusé de ne pas les rémunérer suffisamment. L’homme qui réunit aujourd’hui 71 millions d’abonnés payants (deux fois plus qu’Apple Musicà affirme, faussement naïf, que quand il a créé l’entreprise, il ne savait « même pas qu’il fallait l’autorisation des maisons de disques ».

Exigence de transparence

Depuis, le nouveau héros des amateurs de musique a installé son modèle « freemium », le mariage entre un service gratuit d’écoute (mais qui oblige à entendre des publicités) et un abonnement payant (qui séduit aujourd’hui 71 millions d’internautes). Une communauté qu’il souhaite gonfler grâce à son entrée retentissante à Wall Street. Avec une nouvelle stratégie médiatique : « C’est quelqu’un qui parle assez peu, en dehors des présentations officielles », explique Sophian Fanen. « Je pense qu’il y a encore beaucoup de choses que l’on ne connaît pas. C’est quelqu’un qui a mis son entreprise en avant. Et là, on voit qu’avec l’entrée en Bourse, il y a une opération de communication, de construction d’un nouveau personnage du monde de la technologie et de la musique en ligne qui manquait depuis Steve Jobs » (patron d’Apple décédé en 2011), Mark Zuckerberg (patron de Facebook) « étant un peu chahuté. » Spotify a « ouvert la porte pour porter la figure de Daniel Ek au premier plan, ce qui sert l’entrée en bourse de Spotify ». L’intéressé disait d’ailleurs récemment au sujet de ses nouvelles obligations : « la transparence favorise la confiance. »

Pas de place pour tout le monde

Le jeune marié (en présence de Mark Zuckerberg et le chanteur Bruno Mars) serait à la tête d’une fortune de 2,4 milliards de dollars, et d’une société de quelque 4 000 salariés. Elle réalise un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros, sans faire de bénéfices, mais « ce n’est pas le but », d’après Sophian Fanen. « Aujourd’hui, le streaming est une course au volume, à la taille. Les gens qui s’y sont lancés savent très bien qu’à la fin, il n’y aura pas de place pour tout le monde. » Pour trouver de l’argent frais, Daniel Ek s’est allié il y a quelques mois avec Tencent, le roi du streaming, en Chine. Comme Ikea, H & M ou Skype avant lui, la firme suédoise s’impose donc sur le sol américain. Sur Twitter, Daniel Ek se moque ouvertement de la coiffure de Donald Trump. Et l’an dernier, proposait un job de rêve à Barack Obama : président mondial des playlists.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.