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Invité Afrique soir

Zimbabwe: pourquoi l'économie a dominé le discours d'Emmerson Mnangagwa

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Lors de son investiture ce jeudi 24 novembre 2017, Emmerson Mnangagwa a tenu un discours très tourné vers l'économie. Pourquoi ? C'est la question que Sonia Rolley a posé à Piers Pigou, spécialiste du Zimbabwe à International Crisis Group.

Lors de l'investiture d'Emmerson Mnangagwa à la tête du Zimbabwe, le 24 novmebre 2017 à Harare.
Lors de l'investiture d'Emmerson Mnangagwa à la tête du Zimbabwe, le 24 novmebre 2017 à Harare. REUTERS/Siphiwe Sibeko
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Piers Pigou : Je ne crois pas que ça soit surprenant, il avait besoin de faire passer un certain nombre de messages pour rassurer, sur le respect de l’État de droit dans les affaires, les investissements, les compensations aussi. Des idées qui étaient dans l’air depuis deux ou trois ans, un programme qui n’avait jamais été appliqué, mais on disait que Mnangagwa était l’un des parrains de ce processus de réformes qui n’avaient jamais abouti.

Évidemment, on peut se poser la question de pourquoi ça n’a pas été mis en application. Et peut-être que Monsieur Mnangagwa pourrait pointer du doigt la responsabilité de Robert Mugabe.

RFI : Donc vous pensez vraiment qu’il aurait voulu réformer l’économie, la politique au sein de la Zanu-PF... Parce que d’autres experts disent que c’est ce qu’il voudrait faire croire aujourd’hui ?

Laissez-moi vous préciser ça. Il est clair qu’il estime important de faire passer ce message. Mais c’est vrai que depuis un certain temps déjà des gens disaient que Mnangagwa était le pragmatique qui voulait mener des réformes. Mais cela pose évidemment deux questions. Premièrement, est-ce que c’est bien son intention ? Et deuxièmement, est-ce qu’il sera capable de le faire dans un contexte qui ne manque pas de défis, et notamment structurel.

Les résistances peuvent venir du système de parti État qui est lié à cette corruption endémique. Et notamment son propre camp au sein de la Zanu-PF comme du G40, la plateforme de Grace Mugabe, qui est accusé d’avoir mis le pays à genoux.

RFI : Quels sont les sujets dont il a opportunément oublié de parler ?

Il a dit des généralités sur la réconciliation, sur le fait que les Zimbabwéens auraient fait une fois de plus la preuve de leur amour pour la paix ces deux dernières semaines. Ce genre de récit est contradictoire avec la peur, la violence et l’intimidation qui a caractérisé la politique zimbabwéenne depuis plus de 20 ans. S’il avait dit quelques mots sur la douleur et la peine qui devaient être réglées dans le cadre de cette politique de réconciliation, cela aurait été important. Mais il aurait pu assumer aussi.

Parce qu’il dit qu’il va prendre une autre direction, qu’il va mettre fin à toutes ces choses terribles. C’est comme si lui-même n’avait aucune part dans toutes ces atrocités. On pourrait mentionner les questions électorales, ce qui est un vrai problème. Pourquoi la diaspora ne peut-elle toujours pas voter par exemple ? Mais évidemment encore une fois, on ne peut s’attendre à ce qu’il rentre trop dans les détails dans un discours d’investiture.

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