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Revue de presse Afrique

A la Une: fin de partie pour les Mugabe

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Robert Mugabe et son épouse, Grace, le 29 juillet lors d'un meeting du ZANU-PF à Chinhoyi.
Robert Mugabe et son épouse, Grace, le 29 juillet lors d'un meeting du ZANU-PF à Chinhoyi. REUTERS/Philimon Bulawayo
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Ça n’est pas vraiment un coup d’Etat qui s’est passé hier au Zimbabwe, mais plutôt une révolution de palais… C’est ce que constate la presse africaine ce matin.

« Il est vrai qu’on assiste à une révolution de palais, affirme le site d’information congolais Cas-Info. Une guerre intestine entre la fameuse génération 40 incarnée par la première dame Grace Mugabe, d’un côté, et les vétérans de la guerre d’indépendance, de l’autre. La réalité est qu’on se retrouve bien face aux conséquences de la stratégie du flou entretenu par Robert Mugabe concernant sa succession. Une gifle en pleine figure du vieux président, qui n’a jamais voulu passer la main, à temps. Lui, qui s’apprêtait, encore, à 93 ans, à concourir à la présidentielle de 2018. En laissant pourrir la situation autour de sa succession, et surtout, en cherchant à écarter l’un après l’autre, les amis de longue date, au profit de l’ambitieuse Grace Mugabe, le camarade Bob s’est mis tout seul dans une situation difficile. Son piège s’est retourné, à vitesse grand V, contre lui. »

La machine s’est déréglée…

En effet confirme Daniel Compagnon, spécialiste du Zimbabwe au Centre d’étude d’Afrique noire, interrogé par Jeune Afrique, « on assiste aujourd’hui à l’aboutissement d’une logique d’affrontements entre factions. Ce sont des luttes très anciennes que, jusque-là, Robert Mugabe avait toujours su arbitrer, dressant les rivaux les uns contre les autres. Mais lorsqu’il a renvoyé le vice-président Emmerson Mnangagwa, le 6 novembre dernier, la machine s’est déréglée, pointe Daniel Compagnon. La réaction de la haute caste militaire, dirigée par le chef d’état-major Constantino Chiwenga, est une riposte destinée à empêcher que la purge se poursuive, tout en bloquant l’irrésistible ascension vers le pouvoir de la première dame, Grace Mugabe. Ce limogeage était le coup de trop. »

Une analyse partagée par le journaliste néerlandais Marnix de Bruyne interrogé par Le Monde Afrique : « les militaires sont intervenus par peur que la première dame, Grace Mugabe, ne prenne en main les commandes de l’Etat, affirme-t-il. Pour eux, le limogeage de M. Mnangagwa était le geste de trop. »

La rançon de tous les dictateurs

Résultat,pointe Wakat Séra, c’en est terminé pour les Mugabe… « Perdu par les ambitions présidentielles démesurées de la disgrâce, nommée Grace, le vieux Bob sera certainement contraint à la retraite, lui qui comptait mourir avec le titre ubuesque de président à vie, en ces heures où l’alternance au sommet de l’Etat est la règle la mieux partagée. Le continent n’a plus le choix, estime Wakat Séra, sous la pression des sociétés civiles et des peuples aspirant à cette liberté d’expression qui lui a été longtemps confisquée par des dirigeants obnubilés par le pouvoir et qui s’érigent en monarques s’octroyant droit de vie et de mort sur leurs sujets. »

« C’est la rançon de tous les dictateurs, relève Aujourd’hui à Ouaga, scotchés à leur fauteuil qui ne savent pas quitter le pouvoir sauf par la contrainte de la canonnière ou de la… rue. »

La proie pour l’ombre ?

« Et maintenant ? », s’interroge le Mail & Guardian en Afrique du Sud : « quoi après Mugabe ? C’est une question sous-tendue par l’espoir. Espoir pour une population autorisée à élire son nouveau chef, librement et équitablement. Espoir d’une économie qui ne profite plus à une petite élite (…). Espoir d’une force de police qui protège plutôt qu’intimider. Espoir d’une gouvernance cohérente et rationnelle qui construit des écoles, répare les routes et paie ses fonctionnaires à temps. Espérons que le Zimbabwe, enfin, renaîtra de ses cendres. »

Seulement voilà, soupire le Mail & Guardian, « le successeur de Mugabe le plus probable à cette heure est Emmerson Mnangagwa. Des décennies durant, il a été l’exécuteur en chef de Mugabe, l’homme chargé de faire le sale boulot pendant que Mugabe jouait le respectable homme d’État pour les caméras. C’est lui qui a orchestré le massacre de Gukurahundi. C’est lui qui a coordonné la campagne de violence contre les partisans de l’opposition qui a finalement forcé Morgan Tsvangirai à se retirer du second tour des élections en 2008. » Et le site sud-africain de s’interroger : « peut-on vraiment faire confiance à cet homme pour superviser les prochaines élections au Zimbabwe ? Peut-on réellement faire confiance à cet homme pour jeter les bases d’un état non autoritaire ? Peut-on vraiment faire confiance à cet homme pour inaugurer la transformation politique radicale dont les Zimbabwéens rêvent depuis si longtemps ? »

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