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Le grand invité Afrique

Smaïl Chergui: «Nous voulons traiter le coeur du problème terroriste au Sahel»

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Une délégation de très haut niveau de l’Union africaine (UA) a débuté, le 3 juin, une tournée dans les pays du G5 Sahel. Elle est conduite par Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, Smaïl Chergui, commissaire à la Paix et à la sécurité et par la chargée des Affaires politiques. Samedi, cette délégation a été reçue par le président du Niger. Ce lundi, elle l'est par le président Idriss Déby Itno. Suivront Nouakchott, Bamako, le nord du Mali afin de rencontrer les éléments de la Minusma et du dispositif français, puis enfin Ouagadougou. Cette délégation de l’UA s’était préalablement rendue au Cameroun dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. L’Union africaine veut ainsi affirmer sa forte détermination dans la lutte antiterroriste. Smaïl Chergui répond aux questions de Jean-Jacques Louarn.

Smaïl Chergui, le commissaire à la Paix et à la sécurité de l'Union africaine.
Smaïl Chergui, le commissaire à la Paix et à la sécurité de l'Union africaine. peaceau.org
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RFI : Plusieurs soldats français ont été blessés le 1er juin au Mali dans une attaque au mortier contre le camp de l’ONU. Au moins six soldats nigériens et trois soldats maliens ont été tués le mercredi 31 mai dans des attaques jihadistes au Niger et au Mali. Voilà le constat des derniers jours dans le Sahel.

Smaïl Chergui : Absolument. Evidemment, on ne peut pas faire le lien avec ce qui s’est passé également à Londres. Vraiment, c’est un phénomène global et je pense que nous avons tous besoin maintenant de nous serrer les coudes et travailler ensemble pour vraiment mettre fin à réduire cette hydre terroriste qui frappe un peu partout.

Le président français, Emmanuel Macron, lors de sa première visite en Afrique à Gao, une visite auprès des troupes militaires françaises, a annoncé sa prochaine venue à la réunion du G5 Sahel , regroupant la Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad, et vous-même vous êtes en tournée actuellement ces jours-ci.

Absolument. Le président de la Commission, monsieur Moussa Faki Mahamat, moi-même et la commission chargée des affaires politiques sommes en tournée dans les pays du G5. L’objectif, c’est d’arrêter les besoins réels de cette force du G5 qui sera bientôt mise en place. La solidarité à la fois africaine et également internationale se met de plus en plus en place pour réellement combattre ce phénomène.

Le président français Emmanuel Macron à Gao a réaffirmé sa volonté, sa détermination à lutter contre le terrorisme au Sahel, et en a appelé aux pays africains à demander en quelque sorte aux chefs d’Etat africains de faire leur part du boulot ?

Effectivement, c’est ce que les pays africains sont en train de faire. Nous avons commencé par la force multinationale mixte dans le bassin du lac Tchad. Boko Haram n’occupe plus aucun territoire déterminé. De même aujourd’hui, les pays du G5 vont lancer cette force pour réellement travailler entre eux, pour sécuriser la frontière, pour l’échange d’informations, l’échange d’intelligences. Je pense que ce n’est qu’une étape parce que nous voulons aussi traiter le cœur du problème qui est au nord du Mali et nous sommes en discussion avec nos amis français, avec les Nations unies, avec l’Allemagne, avec tous ceux qui veulent intervenir dans ces régions pour que réellement nous puissions également nous donner les moyens, peut-être dans le cadre même de la Minusma, au côté du dispositif français, pour que nous puissions réellement réduire cette menace, y compris celle des « network » criminels, de toute l’économie criminelle évidemment qui est étroitement liée au terrorisme au nord du Mali et qui malheureusement, ce terrorisme s’étend maintenant de plus en plus.

Cette première étape qui va donc directement touchée les frontières du Sahel, quelle est l’échéance ?

Pour nous, nous l’espérons, immédiate parce que les troupes sont déjà prêtes. Il s’agit seulement de les aider en matière d’équipements, de moyens spécifiques. Nous avons déjà le soutien immédiat de l’Union européenne et je voudrais saisir cette occasion pour les féliciter pour la manière dont ils ont reçu monsieur Moussa Faki Mahamat à Bruxelles et également au Parlement européen. Nous allons arrêter les besoins ensemble et nous pourrons passer à la réalisation, je l’espère, dans les plus brefs délais.

Emmanuel Macron a exprimé une exigence renforcée, disons toute particulière, en direction de l’Algérie dans sa lutte contre le terrorisme. C’était à Gao. Partagez-vous cette analyse ?

Je pense que ce qui se fait actuellement au nord du Mali se fait grâce à l’Algérie, grâce à sa coopération, grâce au soutien logistique qu’elle apporte dans le silence si je puis dire. Ils n’ont pas l’habitude de crier sur les toits ce qu’ils font. Je pense que l’appel s’adresse à tout le monde, à nos partenaires, il s’adresse aux Nations unies, il s’adresse à tous les pays de la région. Ça ne peut pas être seulement adressé à un seul pays. Mais évidemment, une des situations qui nous complique le travail actuellement, c’est la situation en Libye qui continue d’être un marché à ciel ouvert pour toute sorte d’armes, y compris des armes extrêmement sophistiquées qui réellement mettent les groupes terroristes en supériorité par rapport aux armées locales.

Diriez-vous qu’il faut négocier aujourd’hui avec Iyad Ag Ghali, le chef jihadiste malien ?

Nous ne pouvons pas parler au nom du gouvernement malien. C’est le seul qui peut ou qui a toutes les données pour pouvoir répondre à cette question. Pour nous, nous sommes foncièrement contre toute idée d’impunité ou d’injustice.

Oui, mais n’est-il pas incontournable dans une négociation ?

Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas à moi de vous le dire, de répondre à votre question. Je crois que cette question s’intéresse au gouvernement malien qui, réellement, doit disposer de toutes les données sur le terrain, peut-être en coopération avec ceux qui sont au nord du Mali, la Minusma, le dispositif français, etc. Donc à mon niveau, il ne m’appartient pas de vous dire si ce sera utile ou pas utile. C’est une question qui relève du gouvernement malien. Et je pense qu’il faut respecter la souveraineté du Mali.

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