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Bonjour l'Europe

Le paradoxe roumain: un pays agricole importateur de denrées alimentaires

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Sixième en Europe en terme de surfaces agricoles avec près de 14 millions d'hectares, soit juste derrière la Pologne et devant l'Italie entre autres, la Roumanie importe toujours plus de produits agroalimentaires qu'elle n'en exporte. Et ce déficit augmente de façon inquiétante. Explications de notre correspondant.

Jan Boll, éleveur laitier près de Bucu dans le sud de la Roumanie.
Jan Boll, éleveur laitier près de Bucu dans le sud de la Roumanie. RFI/Ariane Gaffuri
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avec notre correspondant à Bucarest

Le déficit des exportations de produits agroalimentaires par rapport aux importations représente plus d'un demi milliard d'euros en 2016, selon le ministère de l'Agriculture roumain. Ce déficit est 6 fois plus important qu'en 2015. Les exportations ont certes légèrement augmenté mais les importations, de leur côté, ont atteint le chiffre historique de 6,51 milliards d'euros. C'est un record et il s'agit d'une hausse de près de 12%. C'est surtout dans ses échanges agroalimentaires avec les autres pays membres de l'UE que la Roumanie pâtit de ses piètres performances : le ministère évoque ici un déficit record de près de 2 milliards d'euros, soit le double par rapport à l'année précédente.

Exporter du blé et importer du pain

Le blé et le maïs sont largement exportés, les céréales représentant le gros des terres arables. Le blé occupe la 1ère place, avec 7 millions de tonnes exportés, soit le double par rapport à 2015. Mais, paradoxe, si le blé s'exporte, il revient au pays sous forme de pain congelé : 800.000 tonnes de pain congelé ont été importées l'an passé, soit la moitié du pain que consomme les Roumains !

Par ailleurs la Roumanie importe de la farine de blé, notamment de Hongrie. L'an passé, la Roumanie a importé 4 fois plus de produits agroalimentaires en provenance de Hongrie qu'elle n'en exporte.

Autres hausses d'exportations : les bovins, les ovins et caprins et la viande de porc. Mais là aussi, les importations ont davantage augmenté. Pour le porc par exemple : si la Roumanie a exporté pour 49 millions d'euros elle a aussi importé pour plus de 340 millions d'euros. Les Roumains ont ainsi consommé 200.000 tonnes de viandes de porcs importés l'an passé, soit une hausse de 16%. Le pays importe aussi énormèment de fromages, de produits laitiers et de légumes. Les habitudes de consommation ont changé avec une forte croissance ces dernières années et l'explosion des supermarchés.

La Roumanie historiquement un pays rural

En 2015 plus d'1/4 de la population travaillait dans l'agriculture, d'après Eurostat. Soit le plus fort pourcentage en Europe où la moyenne est d'à peine plus de 4%. Autre indicateur : 84% de ces gens ne sont pas salariés. Il s'agit d'une agriculture moins rentable que dans d'autres pays, mais l'un des problèmes majeurs reste le peu de valorisation des produits. Souvent, les Roumains se plaignent de ne pas les trouver dans les magasins.

L'été dernier, une loi a imposé aux supermarchés dont le chiffre d'affaires est supérieur à 2 millions d'euros de mettre en rayon au moins 51% de produits roumains pour protéger les produits locaux. Le ministère veut désormais l'étendre à tous les commerçants mais Bruxelles estime que cette loi pose problème en matière de libre circulation des marchandises. Les autorités roumaines disposent de deux mois pour répondre à la Commission européenne.

Dans le même temps, rappelons que la Roumanie, tout comme la Bulgarie, la République tchèque et la Slovaquie, s'est récemment insurgé contre les produits alimentaires de qualité inférieure vendus dans ses supermarchés par rapport à ce qui se vend en Europe de l'Ouest.

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