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Festival d’Avignon

«L’Odyssée» à Avignon: «c’est comme une série Netflix»

« L’Odyssée » ? Presque trois mille ans et pas une ride. Au Festival d’Avignon, à midi, c’est chaque jour le même spectacle avant le spectacle. Une queue énorme de passionnés de théâtre attend impatiemment devant le pittoresque jardin Ceccano. Dès que la grille s’ouvre, ils prennent d’assaut les bancs installés sous les oliviers pour écouter « leur » feuilleton théâtral. Cette année, c’est « L’Odyssée » d’Homère en treize épisodes, mise en scène par Blandine Savetier avec des jeunes comédiens « comme une série Netflix ». Entretien.

Les spectateurs en voyage dans « L’Odyssée » d’Homère, mise en scène par Blandine Savetier au Festival d’Avignon.
Les spectateurs en voyage dans « L’Odyssée » d’Homère, mise en scène par Blandine Savetier au Festival d’Avignon. Siegfried Forster / RFI
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RFI : Vous présentez au Festival d’Avignon L’Odyssée d’Homère. Une Odyssée aujourd’hui, qu'est-ce que c'est pour vous ?

Blandine Savetier : Pour moi, l’Odyssée, c’est un voyage, la rencontre de l’autre. C’est le désir d’aller vers l’autre. C’est une pérégrination, un voyage avec des épreuves, des difficultés. C’était ça, l’Odyssée d’Ulysse. Mais, la différence avec les odyssées contemporaines, l’Odyssée d’Homère, c’est le retour d’Ulysse à Ithaque. En vérité, ce qui est important, ce n’est pas tant le retour d’Ulysse à Ithaque, mais le voyage comme épreuve initiatique, comme richesse de vie. La thématique la plus forte est sur la rencontre de l’autre, la curiosité envers l’autre, la question aussi de l’hospitalité : comment accueillons-nous un Autre avec un grand « A », celui qu’on nomme « étranger », mais qui n’est peut-être pas si différent de nous. Ce n’est pas parce qu’il a une autre couleur qu’il est différent. C’est un être humain.

Votre Odyssée est un spectacle et en même temps un feuilleton théâtral, à vivre sur place, ici dans le Jardin Ceccano à Avignon, mais aussi sous forme d’une transmission en direct par Facebook live ou en vidéo de rattrapage. Peut-on dire que votre Odyssée est un peu la série Netflix du Festival d’Avignon ?

Ah, oui, nous l’avons pensé comme ça, parce que nous terminons toujours chaque épisode sur un point clé, un point de suspense. Donc, oui, on peut dire que c’est un peu comme une série de Netflix. Surtout, c’était un travail chronophage. L’Odyssée, c’est 24 chants et il fallait les repartir en 13 épisodes, entre 50 minutes et une heure. Donc, il fallait calibrer et orchestrer tout cela. Donc, oui, pour moi, c’est comme vous dites, c’est comme une série Netflix.

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En tant que metteuse en scène, vous êtes connue pour vos spectacles hybrides. Quelle est pour vous le rôle et la place des nouvelles technologies dans le théâtre ?

Il ne faut pas mettre de la technologie pour la technologie, parce que sinon, cela n’a aucune pertinence. Mais si la technologie vient servir un propos ou un geste artistique, là, d’accord. Mais si c’est pour prendre la place du jeu des comédiens… Un comédien, avec son imaginaire, avec sa manière de dire un texte et de faire voyager les spectateurs, il est peut-être meilleur que beaucoup de caméras qui nous filment parfois dans des spectacles des paysages et des choses comme ça.

Il faut faire confiance aussi à l’imaginaire des spectateurs. Si les acteurs sont bons et arrivent à tenir un texte, à convoquer des images, à s’adresser vraiment au cœur des spectateurs, à son âme, le spectateur pourra voyager. Il n’y a pas besoin de lui balancer des images, du bruit, etc. Parfois on sature de trop d’explications dans les spectacles. La technologie, c’est bien, si ce n’est pas la technologie pour la technologie.

Blandine Savetier, metteuse en scène de « L’Odyssée », le feuilleton théâtral du 73e Festival d’Avignon.
Blandine Savetier, metteuse en scène de « L’Odyssée », le feuilleton théâtral du 73e Festival d’Avignon. Siegfried Forster / RFI

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L’Odyssée d’Homère, mise en scène par Blandine Savetier, tous les jours (sauf dimanche), à 12h, du 6 au 20 juillet, au Jardin de la bibliothèque Ceccano, au Festival d’Avignon.

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