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Culture / Théâtre

L’Afrique sera au cœur du Festival d’Avignon 2017

Trois éléments clés déterminent la vision artistique d’Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon : l’Histoire, la géographie et l’engagement politique. Pour les 70 ans du plus grand festival du spectacle vivant en Europe, il fera résonner les mythes et les histoires pour comprendre le sentiment de l’abandon en Europe et les racines du Mal en Afrique. L’édition 2017, présentée ce jeudi 23 mars à Paris, s’appuie sur la force d’un nouveau féminisme pour mener la lutte de la démocratie et elle cherche un renouveau artistique dans l’Afrique subsaharienne : « les artistes africains inventent des formes indisciplinaires ». Parmi les 34 créations, 7 spectacles sont signés par des artistes africains. Entretien.

Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon, lors de la présentation de la programmation 2017 sous le « rouge rapide » de l’affiche officielle créée par le peintre Ronan Barrot.
Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon, lors de la présentation de la programmation 2017 sous le « rouge rapide » de l’affiche officielle créée par le peintre Ronan Barrot. Siegfried Forster / RFI
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RFI : L’Afrique est au cœur de cette édition 2017 du Festival d’Avignon. Pourquoi ?

Olivier Py : Parce qu’il se passe des choses en Afrique, parce que l’Afrique nous passionne. C’est un continent entier. Donc, il y a huit pays de l’Afrique subsaharienne qui seront présents. Ils inventent des formes, des formes « indisciplinaires » pour témoigner d’une réalité qui est spécifique. Et ces artistes arrivent à allier – d’une manière très originale – le combat politique et le combat artistique, l’héritage de la culture africaine auquel ils tiennent évidemment et en même temps la volonté d’une Afrique tournée vers l’avenir.

Unwanted de Dorothée Munyaneza parle des enfants du viol au Rwanda, les Burkinabè Seydou Boro et Salia Sanou présentent Figninto – L’œil troué, les musiciens de Basokin jouent Les Basongye de Kinshasa, le Sud-Africain Boyzie Cekwana met en scène The Last King of Kakfontein… Comment avez-vous sélectionné les spectacles ? Est-ce que vous êtes parti en Afrique pour choisir les pièces ?

Bien sûr, notre équipe est partie plusieurs fois en Afrique, notamment à Ouagadougou, parce qu’il y a un très grand festival à Ouagadougou [Les Récréâtrales, ndlr] qui nous a permis de rencontrer plusieurs pays africains.

Avez-vous commandé des spectacles ? Comment s’est passé ce processus d’obtenir une présence africaine au Festival d’Avignon ?

Vous savez, les Africains sont en Afrique, mais ils sont aussi présents sur d’autres scènes, heureusement. Le Festival n’a pas produit ou suscité directement un spectacle, parce qu’il y a déjà tellement d’artistes dont il faut rendre compte… Je trouve aussi très intéressant qu’il y ait des œuvres du répertoire, par exemple en chorégraphie, qui soient remontées pour le Festival, pour montrer qu’il y a déjà un répertoire contemporain [« Sans repères » de la chorégraphe ivoirienne Béatrice Kombé, décédée en 2007, sera interprétée par Nadia Beugré et Nina Kipré, ndlr]. Il y a aussi beaucoup de grands auteurs africains et ils ont été toujours présents au Festival, notamment avec RFI [Ça va, ça va le monde !, ndlr], mais là, ils auront une présence encore plus importante. Il y en a beaucoup de voix africaines. La francophonie nous donne un lien direct avec l’Afrique et c’est l’occasion d’entendre de grands écrivains.

Vous avez toujours programmé des artistes africains ces dernières années, mais c’est que la deuxième fois en 70 ans que le Festival d’Avignon fait un focus sur l’Afrique, après l’édition de 2013 dédiée à l’Afrique. Renouez-vous ainsi avec le projet de vos prédécesseurs ou s’agit-il d’une approche totalement différente ?

Je crois que c’est une approche différente. Là, il s’agit de nombreux spectacles et pas seulement d’un artiste présent [le metteur en scène congolais Dieudonné Niangouna a été artiste associé en 2013, ndlr]. Oui, il y a déjà eu des artistes africains, à la fois du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Et ce n’est pas parce qu’on a fait ce focus qu’on va s’arrêter. Mais, c’est vrai, il y a dans le choix de ce focus une idée politique. Les rapports entre la France et l’Afrique sont complexes, mais en même temps riches, peut-être les artistes peuvent nous aider à les vivre pleinement.

Femme noire n’est pas seulement un texte de Léopold Sédar Senghor qui sera mis en musique et en scène par Angélique Kidjo, Isaach de Bankolé et leurs invités Manu Dibango, Dominic James…, mais aussi une thématique emblématique de cette édition. Pourquoi dites-vous que les Africaines, les femmes créatrices en Afrique sont porteuses d’un nouveau féminisme, de nouveaux rapports avec la politique ?

Parce qu’il s’agit d’un nouveau féminisme dans lequel les femmes ne sont pas des victimes. C’est aussi une nouvelle manière de faire de la politique qui quelques fois passe au-delà du politique. Prenez le personnage d’Antigone qui ouvrira le Festival dans la Cour d’honneur du Palais des papes avec la mise en scène de Satoshi Miyagi. C’est un personnage qui fait de la politique sans être une politique. Je crois que nous devons aux femmes une grande partie de la lutte pour les droits. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Christiane Taubira de venir faire une sorte de grand feuilleton [On aura tout, mis en scène par Anne-Laure Liégeois au Jardin Ceccano, ndlr]. Comme dans une grande leçon de démocratie, elle racontera tous les jours, pendant deux semaines, avec différents textes et auteurs l’histoire de la lutte pour les droits.

L’avant- programme du 71e Festival d’Avignon, du 6 au 26 juillet. La billetterie ouvrira le 12 juin.

 

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