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Thaïlande

Thaïlande: disparition d'une plaque célébrant la «révolution» de 1932

Début avril, une plaque de bronze commémorant l’abolition de la monarchie absolue en 1932 en Thaïlande, a mystérieusement disparu. Elle était scellée dans la chaussée dans le centre historique de Bangkok et a été remplacée par une plaque portant des slogans monarchistes. Le vol a provoqué une vague de protestations, mais le gouvernement semble réticent à déclencher une enquête.

L'ancienne plaque sur la place royale de Bangkok commémorant la révolution de 1932 qui mit fin à la monarchie absolue.
L'ancienne plaque sur la place royale de Bangkok commémorant la révolution de 1932 qui mit fin à la monarchie absolue. Wikipedia
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La plaque commémorative avait été installée dans le quartier de Dusit, non loin du Parlement, en 1936 soit quatre ans après la révolution qui avait, lors d’un coup d’Etat militaro-civil, renversé la monarchie absolue, pour instaurer une monarchie constitutionnelle. Elle portait une simple phrase, prononcée par les leaders de la révolution : «C’est ici, dans la matinée du 24 juin 1932 que le parti du peuple a donné naissance à la Constitution pour le progrès de la nation».

Mais le 6 avril dernier quand des étudiants se sont rendus sur place pour étudier la plaque ancienne, ils se sont rendus compte qu’elle avait été remplacée par une autre plaque, flambant neuve, ne mentionnant pas du tout la « révolution » de 1932, mais au contraire appelant les Thaïlandais à soutenir le bouddhisme et la monarchie. Cette découverte a créé un choc, particulièrement dans les milieux politiques progressistes à Bangkok.

La junte ne cherche pas à faire retirer la nouvelle plaque

Le gouvernement militaire ne semble pas se précipiter pour lever le voile sur ce mystère. Les porte-paroles de la junte ont au départ refusé tout simplement de répondre à toutes les questions des journalistes sur le vol de la plaque révolutionnaire et son remplacement. Puis, ils ont interné pendant plusieurs heures des militants des droits de l’homme qui réclamaient une enquête. Ces derniers jours la police a demandé aux rédactions des journaux thaïlandais de ne plus parler de cette affaire. Il est clair que le gouvernement militaire est très embarrassé.

Vingt jours après le vol de la plaque révolutionnaire et l’installation de cette plaque monarchiste, celle-ci reste en place, alors qu’il s’agit à l’évidence d’une spoliation. Il y a donc des éléments qui restent mystérieux et des éléments assez puissants pour contraindre la junte à ne pas rechercher activement la plaque de 1932 et, en tous les cas, à ne pas retirer la plaque intruse. Tout semble indiquer que le gouvernement veut que le public oublie cette affaire et que cette nouvelle plaque, venue d’on ne sait où, reste en place.

Un effet inverse à celui recherché

En fait, ceux qui ont remplacé la plaque avaient, semble-t-il, l’intention d’effacer le souvenir de la révolution de 1932. Mais l’effet a été exactement l’inverse. Depuis que le vol de la plaque a été découvert, il y a eu de nombreux débats sur la signification de la révolution, et même des jeunes Thaïlandais qui probablement ne connaissaient presque rien sur ces événements ont commencé à s’y intéresser et à se documenter. L’autre effet, c’est que cet incident met en relief l’ambiguïté fondamentale des représentants de l’Etat Thaïlandais face à l’histoire du pays et à la source de sa légitimité.

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