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Venezuela

Venezuela: manifestations après une mutinerie, l'opposition cherche à mobiliser

Un soulèvement militaire a été maté, ce lundi 21 janvier, au Venezuela. Quelques dizaines de soldats ont appelés à ne pas reconnaître le président Nicolas Maduro depuis une caserne d’un quartier populaire avant d’être arrêtés. Une mutinerie de courte durée qui a été suivie par une importante mobilisation dans plusieurs quartiers populaires. Mobilisation fortement réprimée par les forces de l’ordre. Alors qu’une grande manifestation contre le gouvernement est attendue mercredi, l’opposition y voit un signe très positif.

Des riverains manifestent près d'une caserne de la garde nationale vénézuelienne, à Caracas, le 21 janvier.
Des riverains manifestent près d'une caserne de la garde nationale vénézuelienne, à Caracas, le 21 janvier. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins
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Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille

Après avoir volé des armes lourdes, le groupe de militaires a fait connaître son soulèvement via Twitter. Depuis la caserne de Cotiza, un quartier populaire en plein centre de la capitale, ils ont appelé le peuple vénézuélien à sortir dans la rue.

Les riverains ont tout de suite répondu. Lorsque les forces de police sont venues déloger les mutins, elles ont été accueillies par un concert de casseroles. Les habitants du quartier sont même descendus dans la rue pour crier leur soutien aux militaires. Face aux gaz lacrymogènes de la police, ils ont érigé des barricades.

Malgré l’arrestation des soldats rebelles, les affrontements entre la police et les riverains ont continué. Ils se sont même étendus à deux quartiers voisins, San Bernardino et Los Mecedores. En fin de journée, l’autoroute nord de Caracas a même été paralysée par les manifestants.

Cette révolte populaire, d’abord en soutien aux militaires, puis tout simplement contre le gouvernement de Nicolas Maduro, a été fortement réprimée par la police. Elle a eu un tel écho que même dans le quartier 23 de Enero, l’un de plus acquis au régime, le concert de casseroles anti-Maduro s’est fait entendre hier soir.

Les « cabildos abiertos » de l’opposition

Pour l’opposition, ces mouvements populaires sont un signe très positif avant la grande mobilisation prévue le 23 janvier. A l’appel du président de l’Assemblée nationale Juan Guaido, de nombreux Vénézuéliens devraient battre le pavé ce mercredi contre Nicolas Maduro. Depuis un peu plus d’une semaine, l’opposition organise dans tout le pays des réunions publiques, les « cabildos abiertos », qui ont attiré chaque jour un peu plus de monde.

Normalement à partir de 18 heures Caracas se vide. Pourtant lundi soir plus d’un millier de riverains sont réunis sur la place de Los Palos Grandes, dans un quartier d’opposition. S’y tient l’un des derniers « cabiltos abiertos » avant la manifestation du 23 janvier.

Toutes les classes sociales réunies

Selon Alberto, 29 ans, la force des « cabiltos abiertos » est d’avoir su réunir toutes les classes sociales. « Je viens de voir une photo d’une réunion à Catia, où il y a beaucoup de milices et de paramilitaires proches du gouvernement, et il y a plus de monde qu’ici. Les cabildos ont été un espace pour que les citoyens se rencontrent et montrer qu’il y une force populaire qui soutient l’Assemblée nationale. »

Plusieurs personnalités dont des députés se succèdent au micro avec un message clair. « La fin de l’usurpation ! L’installation d’un gouvernement de transition ! Et l’organisation d’élections libres ! Mesdames et Messieurs, le 23 janvier, personne ne doit manquer dans la rue ! Tout le monde dans la rue le 23 janvier ! »

Entre prudence et espoir

Mais si la foule est dense, pleine d’espoir pour une des dernières réunions publiques avant la mobilisation, certains restent prudents. Pour Juan, la soixantaine, le soulèvement d’une dizaine de militaires ne veut pas dire grand chose. « Je ne crois pas à ce genre de soulèvement. Un militaire ça ne se soulève pas tout seul. J’y croirai le jour où tous les militaires se soulèveront ensemble. »

Annie, 64 ans, partage son avis. « Cela m’a semblé très spontané et pas très bien organisé… Peut-être que ça donnera des idées à d’autres militaires qui les suivront. » Ce qui donne espoir à cette opposante de longue date, c’est la réaction des riverains du quartier populaire. « C’est fabuleux. Ce qui s’est passé à Cotiza et à Los Mecedores, ce n’est qu’un début, ils ont dit qu’ils ne quitteraient pas la rue. »

Retour en force de l'opposition

Pour Alberto, 29 ans, c’est le signe que toute la société vénézuélienne va finir par se soulever. « La réponse donné par Cotiza et Los Mecedores c’est un soutien à des militaires qui ont été capables de s’opposer à la dictature. Ça devrait montrer aux forces armées que leur vrai soutien, c’est celui du peuple. »

Reste à savoir si ce peuple sera suffisamment nombreux pour inquiéter Nicolas Maduro le 23 janvier. Mais quelle que soit l’affluence pour cette mobilisation, il semble bien qu’avec les « cabiltos abiertos », l’opposition moribonde de ces derniers mois a réussi un retour en force au Venezuela.

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