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Tunisie

Tunisie: une élection présidentielle complexe et incertaine

Sept millions de Tunisiens sont appelés aux urnes ce dimanche 15 septembre pour élire un nouveau président. Berceau du printemps arabe, la Tunisie est l’un des rares pays à connaître une certaine stabilité politique. Cette élection est toutefois pleine d’incertitudes.

Des agents élecotraux transportent du matériel pour l'élection présidentielle du 15 septembre 2019, à Tunis
Des agents élecotraux transportent du matériel pour l'élection présidentielle du 15 septembre 2019, à Tunis REUTERS/Zoubeir Souissi
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Le scrutin semble incertain, en raison notamment du nombre important de candidats. Et surtout de l’éclatement des familles politiques : chaque courant compte plusieurs candidats rivaux. En 2014, la présidentielle était marquée par un clivage très fort entre islamistes et modernistes. Cette fois, l’élection se joue sur le registre économique et social. Avec l’entrée en scène, de candidats « anti-système », qui tentent de séduire des Tunisiens qui se sentent délaissés des pouvoirs publics.

Une offre politique morcelée

La scène politique a en effet été renversée par l’apparition d’un populisme né de la déception qu’ont engendré les pouvoirs successifs. Ils se sont révélés incapables de tenir leurs promesses économiques pour relancer l’emploi et faire chuter l’inflation. La dégradation des conditions de vie des Tunisiennes et Tunisiens a érodé la confiance en la classe politique traditionnelle.

Aussi les douze candidats qui ont été ministres risquent-ils d’affronter un vote de rejet. La participation des jeunes électeurs sera déterminante tant ils se déclarent hostiles aux candidats des partis traditionnels. Certes, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha semble le seul à pouvoir compter sur un réservoir électoral discipliné, mais sa popularité a encore chuté.

Les nouveaux venus sur le haut de l’affiche politique pourraient récolter les fruits d’une colère populaire lancinante. Le développement démocratique de la Tunisie post-révolutionnaire semble désormais, à l’image d’autres pays dans le monde, passer par l’émergence des candidats populistes, loin des clivages traditionnels entre conservateurs et modernistes.

L’enjeu de la participation

L’autre source d’incertitude provient justement de ces électeurs désorientés. Car si l’ISIE, l’instance supérieure indépendante pour les élections, est parvenue à inscrire 1,454 million de nouveaux électeurs sur le fichier électoral, ces personnes iront-elles voter ?

Pour parvenir à intégrer autant de monde dans le fichier électoral, l’ISIE a dû mener une campagne de sensibilisation pendant trois mois. Trois mois à sillonner les centres commerciaux, les places publiques, les plages, et les cafés… Résultat : beaucoup de femmes ont pu être ajoutées au fichier. Les jeunes représentent désormais 63 % du corps électoral.

Il n’est pas certain en revanche que cela se traduise sur le taux de participation. Pour le politologue Larbi Chouika, il faut bien distinguer deux choses : l’opération de recensement d’une part, et le vote, d’autre part. « Le fichier n’avait jamais été actualisé depuis la révolution de 2011, cette opération visait donc à rattraper un retard », relativise cet analyste.

Premières victimes de la crise sociale qui affecte le pays, beaucoup de jeunes et les classes populaires expriment leur rejet des politiques. « Iront-ils voter ? », s’interroge le chercheur Hamadi Redissi. « L’échec des politiques sociales pourrait avoir un impact sur la participation à ce scrutin ».

Enfin, la complexité de ce scrutin est liée au calendrier électoral totalement chamboulé. Suite au décès en juillet du président Beji Caïd Essebsi, la présidentielle a été anticipée. Elle devait initialement se tenir en décembre, après les législatives du 6 octobre. Les états-majors des partis politiques ont dû désigner à la hâte un candidat pour la présidentielle, dont l’issue devrait redessiner l’échiquier politique.

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