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Ethiopie

L'Éthiopie, futur champion du skate africain?

Un an et demi après l'ouverture d'un premier lieu de glisse dans la capitale, l'association Ethiopia skate s'est lancée un nouveau défi encore plus fou : construire un skatepark à Hawassa, dans le sud du pays, avec dans le viseur les Jeux olympiques.

Vue du chantier du skatepark d'Hawassa, en Ethiopie.
Vue du chantier du skatepark d'Hawassa, en Ethiopie. Vincent Dublange/RFI
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De notre correspondant à Addis-Adeba,

Le soleil de plomb de ce début de saison sèche n'altère pas leur motivation. Une vingtaine de bénévoles s'active sur le chantier du skatepark de Hawassa troisième ville du pays et capitale de l'État-région du sud éthiopien. La cité balnéaire est bordée par un magnifique lac. « On est juste allés voir les crocodiles un jour », sourit Molly, jeune Française de 20 ans venue prêter main-forte.

Hormis cette petite pause tourisme, peu de répit en trois semaines. « On travaille tous les jours, 12 heures voire même 16 heures », confirme Sean, président d'Ethiopia skate. Ce Californien aux cheveux blonds mi-longs, amoureux de « planche à roulettes » et d'Éthiopie, a contribué à fonder l'association en 2013 en compagnie des premiers skateurs du pays.

À l'époque, « c'était juste la rue et la planche de skate », se souvient Nathan, Éthiopien de 19 ans. « Ce n'était pas très confortable, on partageait un skate pour trois ou quatre. C'était dur, la rue est dure ! », ajoute-t-il. Désormais, chacun a sa planche, souvent donnée par des skateurs occidentaux et rapportée par les membres étrangers de l'association. Surtout, depuis le printemps 2016, Nathan et ses copains peuvent pratiquer en toute sécurité, à l'abri des voitures. Au milieu des immeubles en construction du quartier Old Airport, à Addis-Abeba, le skatepark ne jure pas, au contraire, tant l'histoire de ce sport est liée à l'urbain.

Le chantier fait rêver les skateurs

300 kilomètres plus au sud, à Hawassa, en revanche, c'est sur un terrain vague, presque un champ, que prennent forme les 600 mètres carrés de terrain, concédés par les autorités locales. Jimmy observe l'avancement des travaux. Il manque des bénévoles, le chantier a pris du retard mais la perspective de rouler sur cette piste digne du niveau international fait rêver le jeune éthiopien. Il y a peu, il était l'unique skateur d'Hawassa. « On est si heureux maintenant, c'est vraiment fou. Maintenant les gens savent ce qu'est le skateboard. Quand j'ai commencé, je ne skatais que chez moi ou la nuit dans les rues, des automobilistes me donnaient des claques en passant, parfois même la police me confisquait ma planche », raconte-t-il.

Ces derniers mois, il dit avoir vu arriver des jeunes de la ville, curieux d'apprendre le skate. Ils seraient désormais une cinquantaine à venir s'exercer plus ou moins régulièrement. Un outil comme cela sert de catalyseur, affirme Jean-Marc, menuisier français membre de l'association Make life Skate Life, et habitué de ce genre de chantiers dans les pays en développement. Dans la capitale, depuis la construction du skatepark, « les jeunes ont beaucoup progressé. Là, tu reviens dans trois, quatre ans et il y aura des petits Éthiopiens qui font vraiment bien du skate », même sans entraîneur, affirme-t-il. Yeabkal abonde : « quand on a commencé à Addis, on apprenait par nous-mêmes. Ensuite quelques étrangers sont venus, ont pris des vidéos de nous, ils ont pratiqué à nos côtés. Quand ils faisaient des figures, on se disait : "oh, c'est un "kick-flip"" et on essayait de le refaire. Parfois, certains nous donnaient des clefs USB avec des vidéos entières d'entraînement ».

Un désir de compétitions internationales

Et puis, il y a YouTube bien sûr, c'est de cette manière que Henok et Arki, 18 et 19 ans, ont appris et se sont améliorés, jusqu'à remporter les quelques compétitions organisées à Addis-Abeba. Posés sur l'une des courbes terminées du skatepark d'Hawassa, les mains pleines de ciment, ils espèrent aller plus haut. « Il nous faut des sponsors, participer à des compétitions internationales », explique Henok. Les cinq anneaux olympiques sont aussi dans les têtes. « L'Éthiopie est connue pour les courses comme le marathon, le 10 000 mètres, des choses comme ça. Mais maintenant on a le skateboard donc je suis très excité, on essaie de dire aux jeunes "vous devriez vous préparer parce que le skate est une discipline olympique désormais". Ils ne savaient pas et ça les a motivé », poursuit-il.

Rien n'est impossible, en tout cas, à en croire Jean-Marc, le menuisier parisien, car il va falloir que le Comité international olympique « fasse des équipes donc pourquoi pas une équipe éthiopienne de skate même s'ils ne sont pas forcément au niveau que tu vas trouver chez les Danois, les Canadiens ou les Américains, c'est cool de participer, c'est un peu le principe des JO, je crois ». Pour Tokyo, en 2020, ce sera peut-être un peu juste, mais Paris 2024 ou « 2028, Los Angeles » veut croire Nathan, les yeux brillants. Il aura alors à peine 30 ans.

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