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Digital detox/Déconnexion

«Digital detox»: quand il devient urgent de se déconnecter

Mails professionnels, textos, réseaux sociaux… Pour certains, les vacances d’été sont le moment idéal pour tenter de se déconnecter et de se ressourcer. Un sevrage qui s'avère de plus en plus difficile dans une société hyperconnectée.

Trois quarts des Français se disent dépendants de leurs outils connectés.
Trois quarts des Français se disent dépendants de leurs outils connectés. CC0 Pixabay/TheHilaryClark
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Avant de partir en vacances, Alexandre, la trentaine, avait promis de lâcher prise. Ne plus consulter ses mails professionnels, ne plus se jeter sur son téléphone à la moindre notification, arrêter d’actualiser sans cesse son fil Twitter. Au bout de deux jours, le constat est implacable : c’est un échec.

« Mon téléphone bouffe ma vie. Je l’ai constamment dans la main, dès l’instant où je me réveille à quand je me couche. Impossible de m’en passer », souffle, las, ce cadre d’une grande entreprise. L’addiction est trop forte, la faute à son travail selon lui. « Mes collègues se reposent sur moi. Certains usent et abusent de ça. Je dois répondre au tac au tac sinon le boulot sera mis de côté pour moi. »

Des risques pour la santé

Comme Alexandre, nombreux sont ceux qui tentent de reprendre le contrôle sur leurs appareils numériques, conscients d’en être devenus accros. Trois quarts des Français se disent ainsi dépendants de leurs outils connectés, selon une étude publiée en juin dernier par l’institut de sondage BVA.

Il y a deux ans, Clémence, chargée de projet en ONG, a été diagnostiquée TAG (Trouble anxieux généralisé). En réponse à ses soucis d’angoisse et d’anxiété, son thérapeute lui a suggéré de passer moins de temps sur les écrans. « J’ai désinstallé mon mail professionnel de mon portable pour ne pas le regarder en dehors des heures de boulot. Le week-end et pendant les vacances, je supprime aussi les applications Instagram et Facebook », explique-t-elle.

« Le fait d’être sans arrêt connectée, sollicitée, dans l’injonction de partage, de mise en scène de ses activités aussi pour Instagram, ne me permettait pas de trouver une bulle d’instant pour mieux gérer mon stress du quotidien », explique la jeune femme de 24 ans qui, depuis sa diète digitale, s’est remise à la musique et au dessin.

À quoi correspond exactement ce terme de « digital detox » ? Virginie Boutin, coach professionnelle et co-auteur du livre « 2h chrono pour se déconnecter », préfère parler de « conscience ou régulation digitale ». L’importance, selon elle, n’est pas tant d’atteindre une abstinence 2.0 totale mais un juste équilibre : « Il faut faire le tri entre ce qui nous est bénéfique dans nos usages du digital et ce qui nous fatigue et nous irrite, ce qui est chronophage et énergivore. Et ensuite, faire le ménage pour ne conserver que les usages bénéfiques, comme garder le contact avec sa famille, et supprimer ou réduire au maximum le reste. »

La « digital detox » permet aussi de retrouver une capacité de concentration, de créativité, d’innovation.

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Virginie Boutin

David Pauget

Pression sociale à la connexion

« Je suis très réactive lorsque j’ai une notification, et même dans le cas inverse, j’ai tendance à passer d’application en application à la recherche de nouveaux contenus : fil Facebook ou Instagram, stories, emails... », explique Myriam, étudiante à Sciences Po. Pour elle, impensable de ne pas consulter au moins une fois par jour ses mails et messages, « par peur de manquer des informations », le fameux FOMO (« Fear of missing out »).

« Il y a une pression sociale à la connexion perpétuelle. Même en vacances, il faut se justifier auprès de ses proches, de ses collèges de pas avoir été connecté. On est dans une société où l’immédiateté communicationnelle est devenue la norme de notre gestion du temps », analyse Francis Jauréguiberry, sociologue des usages des technologies de communication à l’université de Pau.

Dans ce contexte, la déconnexion apparaît comme une épreuve. Certes douloureuse, mais bénéfique sur le long terme. « Vouloir réintroduire du temps, des sas temporels où il y a du silence, pourquoi pas de l’ennui… C’est le fruit de notre volonté. Si on en vient à bout, cela se traduit souvent par une immense satisfaction », explique Francis Jauréguiberry. Trois quarts des Français reconnaissent d’ailleurs que limiter le temps passé sur les écrans serait bénéfique pour leur santé.

Un business en essor

Une chose est sûre : avec autant de personnes accros à leurs écrans, le business de la déconnexion a de beaux jours devant lui. Les hôtels, habitués à accueillir des vacanciers en quête de déconnexion, proposent ainsi de plus en plus des cures. « Surmené, stressé, débordé ? Déconnectez-vous temporairement d’Internet pour préserver votre santé », indique par exemple la brochure du programme « digital detox » du Vichy Célestins Spa Hôtel. Le client, à son arrivée, y est invité à déposer ses outils numériques dans un coffre-fort. Des activités sportives et de relaxation sont prévues. Coût total : 1 035 euros pour 3 nuits.

Des offres que l’on retrouve également dans les chambres d’hôtes. C’est le cas du château La Gravière qui propose, dans le Sud-Ouest de la France, un accompagnement personnalisé tout au long du séjour, et met à disposition, entre autres, des vélos, livres et jeux de société. Le tarif s’élève à 210 euros journée, sans inclure toutefois l’hébergement et les repas.

Des start-up se sont aussi positionnées sur ce créneau, comme Into the Tribe, agence de « digital detox » créée en 2015. Elle propose des séminaires de déconnexion pour les entreprises ainsi que des formations et conférences. « Les participants sont pour la plupart des citadins, assez jeunes, entre 25 et 45 ans. Ils sont sur des métiers connectés, passent beaucoup de temps devant les écrans, y compris dans leur vie personnelle », détaille Vincent Dupin, fondateur de la start-up. Les tarifs sont négociés en fonction du budget des entreprises et de leurs demandes.

Avant d’en arriver à payer pour une abstinence numérique, certains testent leurs propres astuces pour l’été. Baptiste, professeur de 25 ans, a ainsi décidé de laisser son smartphone chez lui. À la place, il est parti en vacances avec un vieux téléphone Nokia, sans internet. « Pour pouvoir appeler en cas d’urgence, mais surtout pour éviter toute tentation. »

►À lire aussi : Pourquoi est-il si compliqué de déconnecter?

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