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Podcast

Podcast, vers un nouvel Hollywood?

Spotify, le service suédois de streaming musical, a racheté Gimlet media pour 230 millions de dollars. Quand un diffuseur de musique plébiscité s’offre un créateur de podcasts à succès, c’est tout un univers autour de la narration et des formats courts téléchargeables qui frémit. Les créations podcasts vont devenir un univers convoité et encore plus prometteur.

Dirty John, où l'art de passer du podcast au film...
Dirty John, où l'art de passer du podcast au film... ® Dirty John
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Le marché du podcast (mot-valise pour iPod et broadcast, baladodiffusion) est en ébullition. Gimlet Media, considéré par certains comme le créateur de podcast le plus avancé de l'industrie, a été racheté 230 millions de dollars par Spotify. La somme a été confirmée par le site spécialisé Hot Pod. Un important mouvement dans le domaine de la part du service suédois de streaming musical qui ne compte pas en rester là. Un deuxième rachat a été effectué simultanément avec Anchor -un outil pour réaliser des podcasts- et Spotify promet d'autres acquisitions dans l’année pour une enveloppe globale de 400 à 500 millions de dollars (Gimlet compris).

« Organiser, éditorialiser et produire des podcasts »

Mathieu Gallet, à l’initiative d’un prochain « Netflix des podcasts » français, Majelan, a réagi à l’achat en expliquant : « Aujourd’hui les choses sérieuses commencent ! C’était ma conviction, il y a déjà une année avec Majelan. Je sais qu’il y a une place pour le contenu podcast. C’est vrai aux Etats-Unis avec leurs plus de 70 millions de consommateurs par mois, en France on parle de cinq millions. Il nous manque encore les éléments pour faire décoller cet usage, un outil qui permette de découvrir les podcasts. Nous allons les organiser, les éditorialiser et en produire. Majelan sera ainsi une plateforme et un studio, avec un service plus souple et facile d’usage, afin de retenir l’attention des auditeurs. »

« Moins de radio en continu, mais plus de podcasts »

L’arrivée sonore de Spotify chamboule ce marché. Selon Dan Sacher, consultant, « Spotify a tout intérêt à devenir un média pour se rapprocher de son audience. » Il synthétise son propos ainsi : « les deux facteurs nécessaires dans l’espace médiatique actuel sont, 1, posséder les contenus et la propriété intellectuelle, 2, construire une technologie pour offrir au public les données du 1. Spotify possède le point 2 et travaille maintenant sur le point 1. » De plus, il ajoute : « Il faut prendre en compte les nouveaux usages liés aux objets connectés, certains parient beaucoup sur les assistants vocaux comme Alexa qui pourront diffuser des podcasts plus courts. » Il en est convaincu : « Le grand changement, c’est l’audio qui sera dans les cinq années à venir partout disponible en commande vocale dans sa voiture, sa cuisine ou son salon. On écoutera moins la radio en continu, mais plus des podcasts car ils seront à portée d’oreilles partout, grâce aux objets connectés. » Il conclut en soulignant : « pour Spotify cette nouvelle position de producteur-diffuseur fait sens. »

Même si cet attrait de Spotify demeure positif pour les offres de podcasts futures, la crainte serait de voir leur mode de diffusion disséminé car produit par des plateformes différentes, à l’instar des Netflix, Amazon, Canal+... pour le cinéma qui perdent parfois les cinéphiles. Une nouvelle startup californienne, Himalaya, a levé 100 millions de dollars ces derniers jours, l'effervescence continue. Pour l’instant c’est Itunes qui demeure le leader de la distribution des podcasts. Cela pourrait changer, mais il n’est toutefois pas certain que les consommateurs soient prêts à modifier leurs abonnements Deezer ou Spotify pour suivre un nouveau podcast populaire.

Le marché français du podcast reste, quant à lui, encore très orienté radio et peu sensible aux productions indépendantes. Mathieu Gallet l’a remarqué : « le podcast c’était bien souvent du rattrapage de la radio. Je l’ai vu à Radio France. » C’est toujours le cas en France où le classement ITunes n’est fréquenté que par des formats radios, avec Nicolas Canteloup en tête non loin des Grosses Têtes. L’industrie du podcast aux Etats-Unis a une tout autre allure avec du journalisme d’investigation et des émissions immersives telles que In the Dark d’American Public Media ou Caliphate du New York Times. Ce pays a même vu naître des phénomènes de téléchargements qui peuvent se terminer en production cinématographique comme récemment Dirty John. C’est la série Serial qui a marqué en 2014 le pouvoir d’attraction des podcasts en étant la narration la plus téléchargée au monde.

Des récits incarnés truffés d’introspections

Les podcasts représentent un véritable terreau de créativité, avec des narrations nouvelles qui font fantasmer désormais les scénaristes. Les domaines abordés sur des formats courts ou longs semblent sans limite et la forme d’expression offerte, un récit incarné truffé d’introspections, peut être confondante de résultat. La journaliste de Elle Marine Revol voit même dans les formats podcasts consacrés aux histoires personnelles une « nouvelle psychanalyse », tant le narrateur comme l’auditeur se livrent personnellement. Le temps de La Guerre des mondes contée à la radio en 1938 par Orson Welles, et provoquant des crises angoisses dans les foyers, n’est pas révolu. Ni le pouvoir des histoires confiées à son audience, aussi petite soit-elle.

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