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Justice

Facebook à l'origine d'une censure inédite

C’est une première en France : le géant Facebook a comparu devant la justice. Un internaute qui avait publié une image du tableau de Gustave Courbet « L’origine du Monde » porte plainte pour censure car le réseau social lui a clôturé son compte.

«L'origine du monde» un tableau de Gustave Courbet qui semble poser problème à Facebook.
«L'origine du monde» un tableau de Gustave Courbet qui semble poser problème à Facebook. AFP/Thomas Coex
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Par Raphaël Moran

C'est un tableau qui a 150 ans et qui continue à créer des controverses à l’ère des réseaux sociaux. En 2011, Frédéric Durand un instituteur parisien amateur d’art, a publié sur sa page Facebook une image du tableau L’origine du monde, cette peinture du peintre Gustave Courbet, représentant un pubis féminin. Et quelques heures plus tard, Facebook a fermé son compte, sans explications.

Stéphane Cottineau, l’avocat de l’internaute demande 20 000 euros de dommages et intérêts : « Très concrètement, ce que l’on cherche, c’est à ce que le compte de notre client puisse être rouvert. C’est important parce que, quand il a été censuré, déconnecté, cela a été difficile à vivre pour lui. Je ne dis pas que c’est un traumatisme, mais c’est quelque chose de difficile parce qu’il a été mis au ban finalement du réseau social. Pourquoi ? Alors que lui est professeur des écoles, qu’il aime l’art, qu’il se servait de Facebook pour véhiculer sa passion de l’art, pour en parler, pour transmettre. Et il se retrouve comme ça, mis de côté, considéré un peu comme un pornographe, comme quelqu’un qui n’est pas digne d’intérêt, de confiance, qui aurait des mœurs particulières. Ce n’est pas le cas évidemment. En faisant cela, Facebook attaque à un principe qui est essentiel pour nous, c’est la liberté d’expression. Dernièrement, et c’est vraiment ridicule, j’ai été saisi par des gens qui ont été censurés parce qu’ils avaient posté La liberté guidant le peuple de Delacroix. »

Une politique de modération parfois critiquée

Les avocats de Facebook contestent toute censure. Ils estiment qu’il n’y a aucun lien entre la clôture du compte et la publication du tableau de Courbet. Ils plaident même la nullité de la procédure en expliquant que le plaignant a assigné la maison mère, mais que c’est Facebook Irlande qui gère les comptes des utilisateurs européens. En fait, le géant américain évite soigneusement d’entrer dans le débat sur sa politique de modération. Une politique de modération parfois critiquée. On se souvient que Facebook a censuré la photo d’une petite fille nue fuyant sous les bombes de la guerre du Vietnam, avant de finalement ré-autoriser la publication.

Et surtout, d’un côté, le réseau social sort les ciseaux pour censurer les nus, et de l'autre, il tarde parfois à fermer les pages qui incitent à la haine ou à supprimer des images atroces de crimes. Alors dans sa nouvelle charte d'utilisation, Facebook explique bien qu'il se réserve le droit de supprimer les messages et photos qui appellent à la violence. Quant à la nudité, la règle est claire : pas de seins, pas d'organes génitaux et pas de descriptions d'actes sexuels. Sauf si c'est de l'art. Mark Zuckerberg a annoncé l'embauche de 3 000 modérateurs, en plus des 4 000 existants. Les avocats de l'internaute plaignant ont recommandé aux modérateurs de Facebook de prendre des cours d'histoire de l'art pour différencier l'art et la pornographie. Il faudra attendre le 15 mars pour connaître le verdict dans cette affaire.

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